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Sentiments authentiques

24 février 2014

Elton John, Blue.

Blue & Elton John - Sorry Seems To Be The Hardest Word

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24 février 2014

Correspondances.

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9 février 2003
Mon cher Paul-Antoine, je profite de ton appel téléphonique à ta maman, pour venir écrire quelques lignes. 
Beaucoup de personnes pensent qu'il est inconcevable qu'une femme offre sa nudité à un homme, le premier jour de leur rencontre. Si la sincérité et le respect sont réellement présents, cela est possible je pense. On peut aimer le premier jour, pour toujours. 
Mais tu peux aussi penser, en me donnant à toi, que mon acte soit un manque de ma personnalité. 
Pour tous les deux, notre désir de se retrouver dans l'intimité était brûlant, mais nous avons réussi à nous abstenir pendant sept jours. 
Tu es arrivé à vingt deux heures à la maison, les enfants étaient au lit, tu étais si beau dans ton costume clair et ta chemise jaune.
Cette nuit, nous ferons l'amour à n'en plus finir. Je te chevaucherais bien au-delà de tes plus intimes attentes. Mon cœur ressent ton cœur, ce soir je couronnerais nos plaisirs sur les parois de nos envies.
En attendant l'extase, tu m'as parlé de ta vie un peu plus et moi très peu de la mienne. Les petits papillons dans le ventre, j'aimerais inventer un mot pour t'exprimer ce que je ressens...

10 février 2003
Il est dix heures du matin, je suis pleinement heureuse de la nuit passée à tes côtés.
Cette même nuit, à minuit cinquante huit, nu à mes côtés tu m'as envoyé un message sur mon téléphone portable. "Je pense être amoureux de toi, mais cela il ne faut pas le dire."

Mon Dieu merci de protéger la journée de mes petits anges.

19 février 2003
Le dernier message écrit de toi, sur mon portable était le onze février au matin, avant de te rendre à ton travail.
"Bonjour Jeanne, merci pour cette nuit. Passe une agréable journée avec tes enfants. Bisous. P.A"
Depuis cette date, je n'ai plus de nouvelle de toi.
Tu dois avoir besoin de réfléchir à nous deux, c'est normal. Je suis un peu inquiète pour toi quand même, nous sommes à l'abri de rien s'il t'arrive quelque chose, qui me préviendra?
J'ai un petit peu peur, je ne devrais pas ce n'est qu'un frisson de mon passé qui monte le bout de son nez.
Hier nous avons fêté les soixante et un ans de Karen, Pierre un ami à elle était présent.
Je ne me sentais pas dans mon assiette, j'ai pleuré dans un coin de la cuisine pour être vue de personne. Kévin s'est avancé vers moi sans faire de bruit, il m'a tendu le téléphone.
Au bout du combiné, j'ai entendu ta voix.
Entendre ta voix si douce, un extra délicieux dans une journée morose, un pur bonheur!
Plusieurs minutes après t'avoir raccroché j'ai pleuré, de joie sans doute.

20 février 2003
Ce jour je t'ai envoyé un texto, puis deux, puis trois...

À vingt et une heures et seize minutes tu m'as dit enfin: "Je suis dans mon bain, tous tes mots sont gentils, tout comme toi, j'ai bien envie de te voir aussi mais demain c'est le boulot pas possible désolé petit cœur."
Tu vas venir mon ange, je suis Happy!
J'ai très envie de te retrouver, te prendre en photo, n'avoir rien que pour moi vingt quatre heures sur vingt quatre ta présence. Je vais t'offrir ton cadeau de Saint Valentin, il va te plaire j'en suis certaine. Tu m'as dit repartir demain à neuf heures pour ton travail, je te laisserais me parler je ne poserais pas de questions.
Ensuite, nous ferons l'amour, plus magnifiquement que la première fois avec un amour réciproque, comme tu m'as dit. J'ai si peu ressenti cet amour que nous partageons, crois- moi mon ange...
Demain, je t'enverrai un message préparé sur mon téléphone:
"sais-tu pourquoi je suis une femme heureuse? Parce que le trois février j'ai rencontré un ange qui a gravé son prénom dans mon cœur pour la vie!"

Toi, toute la nuit, jusqu'au matin, j'ai une chance inouïe!

22 février 2003
Aujourd'hui tu vas rendre visite à tes parents et demain, cadeau magnifique d'instants magiques auprès de toi!
Sarah t'a invité à manger, elle désire faire la cuisine pour nous. Tu seras près de moi bientôt. 
Je t'aime tant Paul-Antoine, ne l'oublie pas. Je te sens en moi, et puis tu es si beau! 
"Une seconde pour t'offrir un baiser, une minute pour ma déclaration d'amour, une heure pour une décision, des années pour s'aimer."
Love baby.
Il est vingt heures et quarante cinq minutes, je pense à toi tout le temps. Tu me manques.
Cette après-midi, je me suis reposée après avoir fait un peu de rangement dans les armoires. 
Dans quatorze heures tu seras près de moi. J'ai tellement envie de te voir, de sentir ta présence, de toucher tes lèvres...
Je ne dors toujours pas. Il est vingt trois heures et cinquante neuf minutes, je suis sans nouvelles de toi. 
Je ne suis pas contente de moi, je t'en parlerais un jour, sans doute.
J'abandonne ce soir. 
Pourquoi me faut-il toujours des relations compliquées? 
Je ressens quelque chose mais je n'arrive pas à l'expliquer. 
Peut-être plus tard, oui beaucoup plus tard. 
Dans onze heures tu es dans mes bras, on verra ce que tu me diras. Comment ta journée s'est passée, à coté de tes quatre enfants, d'une précédente union. Je souhaite que tout se passe bien pour toi mon ange.

Dimanche 23 février 2003
Je me suis endormie vers deux heures du matin.
Comment puis-je te dire, au bout de quatre semaines de découvertes amoureuses, Paul-Antoine tes sorties en famille ou avec tes amis je veux bien, mais pense aussi que je suis là s'il te plaît...
Non je ne peux pas te dire cela, je n'ai pas le droit. 
Comment puis-je te faire comprendre mes besoins? 
Je pense être trop entière, je dois me limiter. Dans trois heures tu seras là, je vais vite me faire belle pour toi, pour me donner plus d'assurance et pour te plaire. 
Aujourd'hui je porterais une tenue achetée pour toi le quatorze février, quand tu n'es pas venu... 
À tout à l'heure mon ange, c'est vrai tu portes bien ce surnom!
PS: Y love You.

Vendredi 28 février 2003
Bientôt un mois pour notre histoire d'amour, my love. 
En un mois, on s'est rencontrés trente heures. Le temps passe si vite. 
Ce n'est pas évident de parler de moi-même dans ce book.
Je t'ai rêvé et tu es là, je ne veux pas te perdre. Je me demande quel sera notre avenir. 
J'aimerais vivre une grande histoire d'amour comme je n'ai encore jamais connu auparavant. Je n'ai pas écrit pendant quelques jours, je n'aime plus écrire à la main et lire ce que je ressens ne me tente pas. Cela fait des années que j'écris, et ça change quoi? 
Penses-tu que je soi une femme insatisfaite? 
Ton briquet ne me quitte plus.
C'est bien, j'ai un homme comme tout le monde! À quarante ans, avoir le sentiment de rencontrer le véritable amour, ce n'est pas mal. Je dois cesser de te demander de venir me voir, je ne dois pas t'étouffer. 
Je dois retourner au début de notre histoire, te dire des messages gentils et attendre. 
Intérieurement, je me refuse à la routine de tout le monde. 
Je veux vivre, aimer, sans barrière! 
Il paraît que c'est ainsi dans le début d'une relation, il faut attendre. Se contenter de quelques jours de rencontre dans le mois. 
J'ai peur de sentir ma vie s'échapper. 
De moi vers toi, "l'espoir est une terre lointaine."
Je pense que nous devrions prendre le temps de discuter sérieusement tous les deux, c'est important.
J'aimerais être dans tes bras en ce moment. Mes yeux se posent sur une revue et je lis le titre de l'article à voix basse qui m'emporte bien vite près de toi: 
"seul celui qui vous respecte vous aime. Les autres ne veulent qu'abuser de vous." 
L'idée m'effleure que tu ne m'aimes pas aussi fort que tu me le dises. 
Pour moi, une histoire d'amour c'est magique, comme ces instants passés avec toi. 
Je sais que tu es occupé mais ce n'est pas de ma faute si je m'ennuie de toi tout le temps.
Aimer s'est profité de tous les instants libres qui s'offrent à nous.
Love.

.../...

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

24 février 2014

Une rencontre exceptionnelle.

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Ma douceur matinale. 

J'ai acheté ce book pour écrire ce que je ne pourrais te dire quand le manque se fera sentir, quand tu ne seras pas près de moi.
Chaque soir je viendrais vers toi, totalement. Ne fais pas attention aux fautes d'orthographe, à la nuit tombée je n'ai plus envie de réfléchir.
Je remettrais ce book entre tes mains, le jour où nous formerons un couple pour le meilleur et pour le pire. Si nous allons jusque-là, je le souhaite de tout mon cœur et de toute mon âme. Avec toi, je désire tout le bien sans le mal. Je laisse tous les souvenirs derrière moi, tu es mon renouveau, mon bonheur tant attendu. Je t'offrirai tout de moi, sans exception si tu me donnes le temps, mon tendre.
Dans ce livre, je noterais tes messages, tes appels, tes désirs, mes envies, nos rêves...
Si tu savais combien je t'aime, un bonheur qui me fait si peur. Je dois me lâcher en t'écrivant tout ce que je ressens...
J'aimerais tellement réussir ma vie avec toi, t'aimer, te rendre heureux. Tant de mots d'amour accessibles à beaucoup de personnes mais n'oublie jamais, ces mots je les ressens du plus profond de mon âme.
J'ai gardé quelques messages d'un réseau téléphonique qui a permis notre rencontre.
Je n'ai pas encore rencontré sur mon chemin, une conservatrice née comme moi. Toi, tu ne pourras plus le dire.

4 août 2002, à 4h29 (26.67)
"Tu es une petite femme super, je te le promets Jeanne."

5 août 2002, à 23h32 (26.70)
" Tu doutes de mes sentiments Jeanne, car tu ne me connais pas et tu as raison. Tellement de gens pourraient profiter d'une situation semblable."

5 août 2002, à 23h41 (26.70)
" Une dernière chose Jeanne, je déteste le mensonge. Je m'engage à t'apporter ce que j'aimerais recevoir, de l'amour, de la tendresse, de l'attention, de la disponibilité et de la fidélité. Si tu as toutes ces qualités et je n'en doute pas, 80% de la chose est acquise."

6 août 2002, à 23h23 (26.70)
"Je suis et serais toujours là pour toi Jeanne."

7 août 2002, à 20h30 (26.62)
" Je suis amoureux des mots envoyés par une personne que je crois formidable par le sens de ses textos. Je saurais te combler d'amour et de tendresse. Ne sois pas négative tu es une gagnante."

7 août 2002, à 22h46 (26.62)
"Moi aussi j'ai peur de ces 20%. J'aimerais tant que cela fonctionne entre nous, pour toi et moi. J'ai eu beaucoup de mal à refaire confiance à une femme,  mais ton dernier texto est si beau que je ne peux qu'obtempérer par une grande envie de te rencontrer."

7 août 2002, à 00h41 (26.62)
" Si tu étais une de ces femmes qui ne pensent qu'à t'amuser tu m'aurais raconté des mensonges, et mes mots gentils ne seraient aussi que des mensonges. Je dis cela dans le cas où tu aurais été l'une d'elles mais je ne le pense pas sincèrement. Je crois que l'amour existe puisque tu es là et s'il n'existait pas, je l'inventerai pour toi seule."

Nous avons quitté ce réseau téléphonique, le premier février deux mille trois à vingt trois heures zéro huit, et nous avons poursuivi notre relation lorsque tu as désiré me donner ton numéro de téléphone et ton adresse, par plusieurs textos en privé.

Le deux février deux mille trois, à quinze heures trente:
notre première rencontre chez ma mère où je me trouvais pour l'après-midi, je pense que tu n'oublieras pas cet instant. Toi timide et moi réservée, comme je l'ai toujours été devant les choses et les gens.
Ce premier jour, sans t'en apercevoir, tu as abattu plusieurs murs d'une forteresse construite autour de mon cœur. Ce jour, je t'ai aimé un peu, beaucoup...
Nous sommes rentrés tous les deux à mon domicile avec les enfants vers vingt heures. Puis, tu es rentré chez toi sagement, après le film de Jeanne d'arc qui passait à la télévision.

Le huit février deux mille trois,  à vingt trois heures trente huit:
sur un message téléphonique je t'ai demandé ce que tu pensais de moi, tu m'as répondu:

"- Je ne pense que du bien. Tu as l'air attentionnée, cultivée, sérieuse, pas du tout désagréable physiquement et de caractère."

Je te dépose un tendre sourire, Paul-Antoine. Ce journal plairait à notre petit bout de chou...

 

.../...

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

23 février 2014

Pause à l'ombre d'un vieux chêne.

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Je viens de finir un bilan de mes trente-sept printemps, en refermant à double tour toutes les portes derrière moi.
Entre les pages de mon journal intime de septembre deux mille deux, je retrouve une petite carte d'une amie, Fabienne une maman de l'école des enfants, lors d'un de ces voyages en Italie.
J'aime énormément ce pays, je ne sais pas pourquoi d'ailleurs, j'ai toujours eu le sentiment que quelque chose m'y attache. Loin, très loin dans le passé...

"Ma douce Jeanne,

j'aime quand vient le temps de t'emporter dans mes voyages. Tes yeux se trouvent dans le reflet des miens. Notre appel téléphonique de quelques minutes a troublé mon sommeil toute la nuit.
Les pires blessures restent celles qui touchent le cœur. Je suis tout près de toi, je ne veux plus que tu t'inquiètes, mon amie. Même si la vie te fait vivre ce que vingt femmes pourraient vivre, tu es une femme courageuse, tu as une force immense en toi. J'aime ton cœur rempli d'espoir, de patience, de courage et de respect. Et plus que tout, ton amour vrai.
Ces souvenirs, ces souffrances derrière toi, un jour t'ouvriront la porte vers la lumière. Accroches-toi, la lumière est en toi!
Michel, les enfants et moi, nous vous embrassons tous les quatre biens affectueusement et nous te déposons pour cette fois-ci, une jolie phrase comme tu les aimes de Salvatore Quasimodo.

"D'algues sèches et de fossiles marins, les plages où galopent fous d'amour les chevaux de la lune et des volcans..."

Fabienne"

 

De ma vie fatiguée, ma force et ma fragilité, éveillée je rêve souvent de toi mon tendre, pour poursuivre mon chemin. Tu me guéris de l'intérieur. Tout au long de ma vie, dans ma recherche intérieure j'ai toujours pensé être une sorte de puzzle inachevé.  Un vieux dicton dit, "ceux qui ne peuvent pas se rappeler du passé sont condamnés à le répéter, et ceux qui refusent d'oublier le passé sont condamnés à le revivre. "Je suis triste de regarder une partie de ma vie à une distance importante du temps, et d'admettre une terrible réalité de son contenu. Je ne trouve pas de réponse pour m'opposer à cette tristesse. Ma vie s'est répétée, et en fermant ses portes à clés, un jour la force d'oublier m'appartiendra. Dis-moi mon tendre, c'est ainsi que la vie se passe? Il faut souffrir longuement pour être heureuse?
Je sais oui, il y a des moments de joie dans la vie, les plus heureux peut être même, qui naissent par un miracle du chagrin.
Viens mon tendre, viens me dire que ce n'est pas nous les méchants, oui viens, approche ta bouche fraîche de douceur.
Toi et moi, disons-nous la vérité, sans jamais cesser. il faut toujours oser les choses importantes. Seul l'amour sait oser. Un jour, il nous faudra oser réussir à s'exprimer dans le blanc des yeux, les mots qui nous font un barrage. Quelquefois la plume glisse entre mes mains, pleinement heureuse je ferme les yeux, je n'éprouve pas le besoin d'écrire ma joie. Dans mon cœur se trouvent mes enfants, quelques beaux souvenirs d'amour partagé, ta douce présence et une immense place...
Mon cœur est grand, trop vaste. Je pensais avoir de l'entrainement de réussir là où j'ai échoué. Et pourtant, je continue d'avancer en apercevant le bonheur à l'horizon.
J'y crois encore, toujours, avec la même rage au ventre!
Je n'ai jamais pensé vouloir me faire aimer des gens de la même façon que je voudrais qu'ils m'aiment. En croyant trop à l'amour, je déteste juste les fins d'histoires.
Nous deux dans un temps sans limite, notre histoire, est hors du commun, gravée dans la roche, sur la lune, la terre, les étoiles et les roses.
Pour ne pas te troubler, je vais continuer ma route jusqu'à toi, c'est mieux ainsi.

Un jour, j'ai vécu quelque chose de grand, quelque chose qui sauve la vie. Je vais à présent converser sur une première et belle histoire d'amour à l'âge de mes trente-huit ans en automne deux mille deux, sous la forme d'un journal très intime et sans doute aucun doute, je comprendrai "ma vie".
De l'amour à la haine, il n'y a qu'un pas à franchir.

 

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

23 février 2014

Les paroles s'envolent, les écrits restent.

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Sur le bord de la route, je me suis assise un petit peu pour me reposer. Je pensais ne plus avoir écrit en deux mille un, cependant hier j'ai versé des larmes à la lecture d'une lettre retrouvée dans le journal de l'année suivante...

"Le 18 juillet 2001.

Justine, ma douceur.

Une lettre à la plume de mon cœur, pour vous trois, plus tard, quand la vie ne m'approchera plus de vous. Le plus tard possible, je souhaite. Une lettre que tu garderas bien au fond d'une boîte à souvenirs, à côté de tous mes journaux intimes concernant ma vie avec ton papa.
Une lettre qui remontera le cœur de ta petite famille, si un jour tout va de travers pour vous.
Parce que la vie est ainsi mon ange, difficile est belle à la fois. Il faudra te battre le plus possible, garder la tête haute en tout temps. Parfois il t'arrivera de tomber, comme les jours où tu as appris tes premiers pas, mais tu te relèveras plus forte à chaque chute, c'est ainsi, la vie.
Toi petite puce, la plus jeune de la maison, j'ai confiance en toi. Tu t'approcheras avec douceur face à Kévin où Sarah le jour où ils seront tristes, tu leur donneras la main et tu les relèveras.

Vous n'avez peut-être pas le même papa, mais n'oubliez jamais, mon sang coule dans vos veines à tous les trois.
Je serais toujours fière de vous, même si la vie m'emporte un peu trop tôt, je serais là en tout temps sur votre petite épaule fragile, quand vous aurez besoin de moi.

Ce matin, ma Justine tu t'es approchée de moi en courant, tu m'as pris dans tes petits bras et tu m'as dit: " T'es triste avec tes enfants?".
Nous avons fait un gros câlin. Non mon bébé, je ne suis pas triste avec vous. Je ne peux pas être triste, vous me donnez le courage de poursuivre ma route même si la raison ne connaît pas toujours la tristesse de mon cœur. Un jour, je te parlerais de toutes mes souffrances quand tu apprendras avec les années, à mieux me connaître.
Ce n'est pas à cause de vous si mes mains ou ma tête se mettent à trembler parfois, c'est la tristesse de ma pauvre vie qui m'a rendu ainsi. Mais je sais, un jour, je me relèverais, avec votre amour et votre patience.
Je me demande si ce n'est pas trop tôt de t'écrire ces mots, de te dévoiler mes pensées les plus intimes mais pourtant, quelque chose me pousse à t'écrire, là ce soir, dans le silence avec moi-même.
Avant, j'aimais beaucoup écrire puis j'ai fini avec le temps, de penser que cela été peut-être ridicule. À part vous, qui prendra à cœur la lecture de ma vie, dis-moi?
Il faut déjà que tu saches mon ange, en moi la peur prend racine. J'ai peur tout le temps, pour moi chaque jour est un combat.
A l'époque où  je me suis retrouvée seule avec Kévin et Sarah, le soir je fermais la porte à double tour avant d'aller nous coucher. De l'intérieur, j'installais deux chaises empilées sur la porte pour me protéger des méchants. Avec le temps, je me suis rendu compte que ces méchants étaient partout et parfois, aussi chez moi. Alors, j'ai barricadé mon cœur.
Mes proches, me disaient froide, sans sentiment et à la longue, je me suis construite différemment. Ainsi je suis devenue compliquée aux yeux des autres. Comment mieux t'expliquer mon bébé...
L'enveloppe de ta maman, mon corps, s'est formé avec le regard des autres. À l'intérieur de moi, se trouve une petite fille, une petite Jeanne fragilisée par la vie. Autour d'elle, chaque épreuve de la vie a posé une pierre, pour l'enfermer contre les tempêtes, pour la protéger. Dans ses premiers souffles de vie, on lui a fait comprendre que sa route sera difficile, que les autres avaient le droit de réussir mais, elle n'avait pas le droit.
Dans cette sombre petite pièce, Jeanne est toujours venue me parler quand je me sentais seule à en mourir. Je me souviens un jour, l'avoir rencontré quand mon corps s'est effondré, mes genoux à terre, ma peau humide de larmes, mes yeux levés vers le ciel pour supplier Dieu de mettre fin à mon calvaire. Elle me regardait, assise sur le toit d'une maison, son corps paraissait transparent mais je pouvais imaginer sa beauté d'une grande splendeur. Ses yeux, son sourire exprimaient tant d'amour et de soutien affectif. Ce soir-là, je me suis jamais sentie aussi importante, mon petit ange...

Je viens aussi vers toi ma douce Justine pour te parler une dernière fois de ton papa, pour te dire combien je l'ai aimé malgré tout ses déboires, ses mensonges et ses infidélités. Papa t'aime à sa façon mon bébé, n'en doute jamais.
Sa vie a été difficile et il a désiré se construire à sa manière sans se remettre en question une seule fois. La date de notre mariage devait être le trois juin deux mille, mais la vie en a décidé autrement, peut être pour un bien, ma petite puce.
Comme tu l'apprendras plus tard dans mes journaux intimes, ton papa a pris un appartement seul suite à une dispute entre nous, en fin d'année quatre vingt dix-sept. Je lui ai donné quelques meubles et je lui ai acheté de la vaisselle afin qu'il puisse vivre et vous recevoir, toi et tes demi-frères, le plus dignement possible. La dernière fois que je me suis rendue dans son appartement pour que tu puisses partager quelques heures avec lui, car tu n'as jamais voulu te retrouver seule en sa présence, l'ambiance était parfaite. Vous avez joué toute l'après-midi au ballon avec Kévin et Sarah, nous avons même fini la soirée en commandant des pizzas. De fatigue de ce bon moment partagé, vous vous êtes endormis tous les trois sur son matelas. Ton papa m'a proposé que l'on reste dormir chez lui en copain copine. Et bien sur, il est arrivé ce que je ne pouvais jamais lui refuser. Papa a toujours réussi à avoir ce qu'il voulait, il savait comment me prendre avec ses mots doux, me diriger vers ses besoins en me faisant miroiter un avenir meilleur pour tous les deux. Nous nous sommes retrouvés intimement, mon bébé, pour la dernière fois, quand il m'a avoué après l'acte:

"-c'est une drôle de sensation de faire l'amour à quelqu'un que l'on aime plus. En tout cas Jeanne j'espère que tu as pris la pilule, je ne désire pas d'autres enfants. Il n'est pas question que nous nous remettons ensemble. J'aime ma nouvelle amie et j'ai vraiment l'impression de l'avoir trompé. Quand je vois ma fille, j'ai aussi envie de te voir et j'ai envie de te faire l'amour c'est plus fort que moi mais je n'aime pas que l'on dépende de moi alors, on ne se rencontrera plus. Un jour, je ferais une croix sur vous définitivement. C'est à cause de toi Jeanne que je suis parti de la maison, dans ton rôle de maîtresse de maison tu ne m'attirais plus. C'est comme ça, cela ne s'explique pas. Je ne supporte pas que tu apportes ton amour à mes fils, ils sont à moi. Il y a des trucs que je n'aime pas de ma nouvelle chérie, mais rien de grave ça peut passer. Au moins avec elle, je n'ai pas d'enfant! "

Pardonne-moi ma princesse... Je retranscris textuellement ses mots que tu pourras retrouver dans mes journaux intimes, parce que moi-même je ne comprends pas encore très bien pourquoi nous en sommes arrivés là. Je ne peux te donner d'explications sur sa méchanceté du moment. Malgré tous ces jours tristes,  je n'arrive pas à juger ton papa, à le haïr, peux-tu comprendre, mon enfant?

Je n'ai jamais jugé personne, j'ai toujours essayé de comprendre les gens, je leur ai souvent trouvé des excuses, j'ai souvent pardonné en déposant mes valises au pied de notre Seigneur.

Justine, quoi que ton papa fasse, il restera toujours ton papa chéri. Je ne veux pas que tu en doutes une seule seconde. Il devait avoir ses raisons, son vécu, d'agir ainsi avec moi.

Je me souviens une fois avoir dit à Kévin et Sarah, votre papa est un monstre à vos yeux mais il restera votre papa même si la vie en décide autrement. Un papa dans la vie d'un enfant, est si important ma petite puce...

 J'ai toujours été ainsi à vous offrir le pour et le contre de la vie, le bien et le mal, selon mes expériences, et je vous ai laissé choisir vos choix, vos pensées.
Quand tu seras plus âgée mon enfant, toi seule tu décideras ce que tu désires faire de ta vie. Elle appartient à toi seule et à personne d'autre.

Pardonne-moi de ne pas t'avoir apporté une vie convenable, avec un papa et une maman à côté d'une petite fille qu'ils aiment très fort dans une grande maison de rire, de larmes quelquefois, et de bonheur éternel.

Je n'ai plus de frère, j'ai un père qui vient de m'envoyer un courrier pour se décharger de toutes charges à mon sujet financièrement et moralement, j'ai une maman qui semble m'aimer maladroitement et qui m'étouffe trop souvent quand je ne désire pas vivre à son image et j'ai de merveilleux enfants à assumer toute seule. Je me demande combien d'années je vais me battre pour vous, pour un meilleur.

Ce soir, je n'avais pas assez d'argent pour nourrir quatre personnes. J'ai partagé pour vous trois ce qu'il me restait et j'ai bu beaucoup d'eau pour couper ma faim. Cela arrive souvent malheureusement. Parfois, je vous demande de quitter la table après le repas pour éviter que vous vous aperceviez que ma seule nourriture de la journée est vos restes.
Hier midi, j'avais très envie d'un yaourt et devant vous j'ai léché le couvercle. Vous avez ri aux éclats, le goût de vos éclats de rire et du yaourt était délicieux pour mes papilles...
Je pleure mon bébé, je déprime un peu trop ces jours-ci, je n'aurais pas dû t'écrire cette lettre. Je vais la cacher dans mes livres, c'est mieux ainsi.
Ne t'inquiètes pas pour moi, ma plus belle nourriture, c'est vous!
Là, ce soir, je me sens si seule, personne autour de moi ne désire comprendre ma douleur. Quelquefois j'ai l'impression de ne plus avoir de forces pour me battre. Je vous ai relevé tous les trois, suites à l'abandon de vos papas, j'ai fait tant de choses pour aider tout le monde, et je manque d'une immense volonté pour moi-même.
L'amour et la vérité conduisent par moments jusqu'à la haine, jusqu'à un point de non-retour, une haine ressentie une seule minute dans le regard des autres, vient m'emmener dans la folie... Je souffre terriblement ma petite puce mais vous n'avez pas besoin de le savoir, je suis assez forte pour vous le cacher.
Mes enfants, mes amours, ma vie, je pense à vous, mes trois soleils qui embellissent ma vie.
La nuit, votre soleil se repose et à me retrouver toute seule, tout s'en va tout se meurt. Je marche pieds nus sur les traces des souvenirs et la peur s'installe dans ma chaire toutes les nuits.... Mais pourtant, si tu savais comme je n'aime pas me plaindre, je n'aime pas non plus ces cachets que je suis obligée de prendre quand je vais mal et pensé qu'ils me servent de béquille pour poursuivre est pénible. Je n'aime pas dépendre de quelque chose, je veux puiser ma force jusqu'au bout pour vous! Mais pas ce soir on dirait... Je n'en peux plus mes trois enfants, je suis si fatiguée de me battre continuellement contre tout. Ce n'est pas contre vous, pardonnez-moi ça fait trop mal en dedans, je n'arrive pas à lutter... Réfléchi bien au jour où tu décideras d'être une maman, mon bébé, trouve-toi un gentil papa, apprends à bien le connaître avant de te lancer dans l'avenir et puis offre-toi la réussite de réussir dans les études. J'espère être à la hauteur pour vous apporter la vie que je n'ai pas eu mes petits cœurs...  
Pardon pour ce que je ne ferais pas ou, ce que je ne fais pas envers vous mes enfants chéris. Je souhaite tant réussir votre éducation, votre avenir, votre bonheur... J'aimerais tant vous ouvrir les portes vers un avenir ensoleillé.
Ta maman qui t'aime ma Justine. Mon plus beau bouquet de fleurs, votre maman qui vous aime plus que tout. À l'infini et au-delà.
Tendresse d'une maman comblée de tout votre amour."

J'essuie mes larmes et je continue mon parcours...

 

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

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23 février 2014

Le temps passe et l'encre coule.

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Je suis devant ma page blanche et le premier bruit entendu, est le long soupir qui vient de se déclencher sur quelques-unes de mes lectures, dans mes prochains journaux intimes.
Je m'imagine ne pas être seule et je continue de croire au grand bonheur, celui qui dur toute la vie. Soudainement, un petit ange vient prendre place sur mon épaule gauche...

Je me demande comment ai-je fait pour en arriver là, comment ai-je pu tant écrire ma vie. j'affectionne la lecture de mes mots vrais, ils témoignent ma fragilité actuelle. Mais aussi, ils viennent parler à mon corps et les souvenirs réussissent à faire surface sans forcer, bien malheureusement.
J'ai en ce moment des douleurs dans le ventre comme un accouchement difficile, oh beau courage apporte-moi la rage de vivre!

Ce matin, il me plaît de partager une petite phrase écrit sur une feuille libre, le quinze janvier mille neuf cent quatre vingt onze.

"Je me demande pourquoi mon radar n'a pas possédé la qualité de capter à quel point tout allés de travers."

La force d'aimer doit être plus puissante que toutes les ondes négatives réunies.
Dans toutes ces lignes, je ne pense pas qu'il soit prétentieux d'affectionner l'idée que les gens comprennent dans mes mots, qu'il est possible de faire des miracles avec un vécu difficile.
En devenant une pauvre fille misérable de l'hiver, aux regards de certaines personnes, sous la main de Dieu je reste lumière, quoi qu'il advienne.
Je ne suis pas une femme parfaite, mais lui seul sait, combien de fois j'ai plus été soumise que j'ai fait souffrir. Ou peut-être, j'ai fait souffrir des personnes un peu plus, contre ma volonté, ou en complément des douleurs passées.
En résumé, je pense que nous sommes tous ainsi. Nous faisons souffrir, parfois contre une grande volonté, parce que nous avons tous au fond de nous un petit sac de trahison. Pour certains humains, ce petit sac est grand ouvert et prend le chemin de l'indifférence, de la manipulation, de l'égoïsme ou de la jalousie. Pour d'autres, ils veillent soigneusement à le refermer pour ne pas reproduire le mal reçu.
Sur ces mots ma douceur, je vais te reposer sur le nuage de nos songes et je vais reprendre ma route vers un passé pas si lointain que cela, à pied cette fois-ci pour prendre le temps de me reposer en chemin.

Ma devise de la vie reste toujours présente; "ou tu avances Jeanne, ou tu te fais enfermer entre quatre planches."
Un souvenir me revient en mémoire, quelques mois avant l'époque où je me suis taillée les veines pour avoir eu un besoin étouffant de me faire souffrir personnellement. J'étais une jeune novice dans la souffrance, je ne connaissais pas entièrement la force de l'être humain qui désire faire le mal.
En ce temps-là, j'étais seule à la maison avec Didier qui venait en vacances pour quelques jours rendre visite à notre mère. J'en avais assez de la vie qui s'ouvrait à moi, ce que j'avais subi était déjà bien trop lourd à porter sur mes petites épaules fragiles. J'ai alors pris des cachets pour en finir avec ma vie, des cachets qui traînaient dans l'armoire à pharmacie de notre mère, sans connaître l'effet, qu'ils auront sur mon corps.
À l'absorption d'un nombre non calculé de médicaments, j'agonisais de douleurs et d'une grande somnolence, dans le lit appelant au secours. Didier s'est approché de moi avec un grand sourire, et il m'a dit:

"-Crève en silence Jeanne, tu ne vois pas que tu me déranges en ce moment!"

Il faut croire que ce n'était pas mon heure de partir.

"Ne fais pas aux autres ce que tu n'aimerais pas que l'on te fasse." Je me demande en quelle année date ma devise répétée dans ma vie régulièrement. Peut-être à mon retour de la clinique psychiatrique, je ne sais plus...

Quoi qu'il en soit, perdre sa vie tout en ayant le cœur qui bat, ou perdre accidentellement la vie d'un être tendrement aimé, il faut toujours aller de l'avant pour ne pas couler sans abolir une seule fois le plaisir, qui reste la seule joie de tout être humain.

Ma joie, est l'amour que nous possédons mes enfants et moi, en tout temps dans le même navire.
Ma douce Sarah est autorisée à exercer sa scolarité à la maison pendant quatre mois, par des enseignants bénévoles dans les matières de mathématique, histoire géographie, anglais et Français. Ses nombreux efforts, malgré l'état dépressif par cet inceste dévoilé, lui permettront d'être acceptée en quatrième.

Adrien a été reconnu coupable au tribunal correctionnel, sur les faits d'agression sexuelle sur sa fille. Il encourt une peine de cinq ans avec sursis ainsi qu'une amende de cinq mille euros qui serviront au suivi médical de Sarah et à ses études. Ses droits de visite et son autorité parentale sur les enfants, sont supprimés.

Pas à pas, nous retrouvons tous une quiétude et une sécurité irréprochable.

Entre-temps, une audience est passée pour Bobby concernant son droit de visite sur Justine, qu'il n'exercera jamais, ainsi que le paiement de la pension alimentaire.

J'ai cessé d'écrire pendant quelques mois sur mes journaux intimes en profitant à fond de mes trois amours.

Pour l'année deux mille un, je retrouve un seul écrit qui me plaît de rassembler ici avec mes mots et bientôt je m'approcherais en douceur , à l'automne deux mille deux...

"Mercredi trois janvier deux mille un.

Mon confident intime,

Voilà plusieurs semaines que je ne suis pas venue vers toi simplement parce que j'ai décuplé mes forces pour m'occuper jour et nuit de mes deux princesses et mon cow-boy, en les soutenant et en leur promettant de chasser le passé vers une vie meilleure.

Ce week-end, Kévin m'a demandé l'autorisation de faire venir à la maison pour deux jours un copain d'école, Charlie. Ils ont l'air de bien s'entendre tous les deux, comme deux frères. Charlie est arrivé avec sa petite sœur, Lillo.  Ces enfants me plaisent beaucoup, je sens que je vais les aimer comme mes propres enfants.
Lillo est un petit peu plus âgée que Justine, à eux deux elles se complètent et Sarah et Justine apprécient aussi beaucoup Charlie, le trouvant le plus beau. Et lorsque Justine décide de faire le phoque à la demande de Charlie, crois- moi tu serais plié de rire si tu pouvais les regarder!

C'est ainsi mon cher journal, avec des milliers de lumières que nous remontons tous les quatre à la surface.

Nous avons eu le plaisir de recevoir aussi les garçons de Bobby pour deux jours. Ils ont été accompagnés par leur maman car ils désirent beaucoup garder des liens avec leur demi-sœur Justine. En parlant de son papa, Cyril me dit:

- Papa, de toute façon il vivra toujours comme il écrit. Il ne met jamais de point sur la lettre" I", il préfère écrire "elle". Papa se laisse mener par sa nouvelle copine, ce n'est pas normal. Paul et moi on préfère toi à elle, cette femme nous fuit toujours quand on rencontre notre père.

Tu ne peux t'imaginer comme cela m'a fait du bien, mon confident. Décidément, j'aurais toujours plus de meilleurs contacts avec les enfants, qu'avec les adultes. Je te laisse pour cette fois mon ami, les enfants m'attendent on va faire une grosse mousse au chocolat!"

Le temps passe, l'encre coule, quelques personnes prennent des rides.
 Je n'ai plus le même rêve en passant ma vie à l'envers.

Dans le fond, mon destin me ressemble bien. Je lève la tête bien haute, je remercie la vie et je vise l'infini.

 

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

18 février 2014

Vivre, pour le meilleur.

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Par à-coups, je digère une année qui vient de s'envoler par la fenêtre, vers un ailleurs inconnu.
Un petit regard à la source sur le tableau du présent et me voilà à penser à ton départ, à ton au revoir devant la porte d'entrée. D'une immense joie et d'éclats de rire, nous aurions dû enregistrer nos moments souvenirs de nos instants intimes. L'instant unique où j'aime me poser au milieu de ton corps...

Ce soir, j'aurais visionné notre dernier moment, en boucle, pour me faire grand bien. En échange j'accueille, contre ma ténacité, ton long trajet vers mon approche. Même si ta petite musique du silence vibre à cadence dans mes veines, tu restes en mon cœur. Par télépathie, oserais tu songer te sentir trop concerné dans mes pensées intimes, ce qui t'empêcherait de t'avancer vers moi? Connectés à une communication authentique, j'entends ton silence se transformer en petite chenille colorée au fond de mon grenier, bientôt de petits papillons voleront plus bas pour me chatouiller le ventre.
Te souviens-tu de notre envie de danser sous la pluie? La douche à l'italienne de l'hôtel nous attendait impatiemment mais notre envie d'évasion à se câliner, sur l'immense lit blanc, était plus intense.
Ta présence dans tout mon corps, je voudrais réitérer chaque seconde, en savourant le plus possible, le chemin du plaisir vers l'intimité de l'amour. J'ai très envie de frissonner à tes côtés. J'aime à croire qu'il existe un espoir sur la planète bleue, un passage pour te retrouver près de moi. Un gros stock d'amour coule au bout de mes doigts et attend de s'épancher sur la douceur de ton corps.
Si tu ne te trouves pas les minutes, si ce n'est plus, d'être dans la pièce à me faire ressentir tes vibrations dans le creux de mon oreille, je ne deviendrais plus rien. Faire l'amour avec toi réconforte tous les battements de mes instruments, pour poursuivre mon chemin. Mes mots aussi ne deviendraient plus rien. Ils sont un tout pour éveiller les jouissances de la vie. Pour toi, je serais toujours libre.

J'observe l'horloge du salon, seul le tic-tac est présent et dans une seconde d'éternité je trouve l'amour terriblement triste et en même temps si fantastique.
À part le plaisir de parler de nous deux, une seule promesse, un seul souhait, j'ai ce soir, le moral dans mes chaussettes. C'est un excellent signe du destin, elles sont roses! Dans un temps qui défile à grands pas, je vais positiver en pensant agréablement.
Ce ne sont pas les coups que j'ai reçu qui présentent un poids, mais juste ceux auquel j'ai survécu et ont fait de moi ce que je suis devenue aujourd'hui.
Lili mon amie, est venue me rendre visite ce matin. Ma Lili elle est un peu comme la chanson de Pierre Perret, elle aime la liberté et la fraternité et son enfant qui naîtra un jour, aura la couleur de l'amour. Pour remonter mon moral, ma Lili a dit que j'étais une âme forte qui a réussi à continuer de mener un combat de générosité et d'amour, malgré tout ce que j'ai traversé à la nage. Ses pensées m'aideront à actionner le démarrage de mes révélations prochaines.
Avec le petit nombre de mes amis, avec ma petite famille, avec toi, j'ai l'impression d'être quelqu'un de bien. Même si, à cet instant précis, j'ai l'impression de n'être qu'un amas d'atomes éphémères quand tes lèvres ne viennent plus effleurer les miennes.
J'aimerais tant entendre cheminer ton choix de rassembler tous les morceaux de ma vie traînant ici et là dans la chambre vide puis les jeter par la fenêtre, en me disant tout est terminé, le premier jour de ta vie démarre ici dans notre chambre d'hôtel.
Une de tes phrases me revient en mémoire, "dans la vie il ne faut pas lutter, il faut oser."
Demain, avec force, je vais oser continuer à suivre les empreintes de mes routes du passé, pour un meilleur.

Oui, vivre pour le meilleur.

 

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

17 février 2014

Les flammes de l'enfer.

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À une étape particulière de ma vie, j'ai ressenti un besoin de me remettre en question. Je devais comprendre les nœuds installés dans mon cerveau. En ayant eu la possibilité, voir la chance, de quitter plutôt l'hôpital psychiatrique, il m'a été suggéré d'accepter des séances auprès d'un psychiatre, afin de m'aider dans ma reconstruction personnelle.
Mon premier choix, à quelques pâtés de maisons a été le bon. Nous nous rencontrons deux fois par semaine. Dans les premiers temps, je parlais très peu et parfois l'entretien se passait dans le silence complet. Mais, il était là et cela me rassurait.
Son petit bureau était "ma niche" où avec patience et confiance je venais déposer mes émotions, mes peurs, parfois mes colères afin de ne plus m'enliser dans un désarroi complet. Il m'a appris à savoir dire non à mes enfants. Il m'a appris que j'étais un être humain important et que rester toujours debout face à la vie, était l'un des plus beaux hymnes à l'amour. Et aussi, avoir la volonté ne sert à rien pour se détacher de sa prison, le plus important est d'avoir une forte pulsion de vie en soi.
Avec le temps, pour mon bien-être il a trouvé bénéfique l'idée de faire avec lui quelques séances d'hypnose. Ces instants étaient douloureux. À la fin de chaque séance je devais être accompagnée pour rentrer à la maison.

Notre dernière rencontre, été le jour où je lui ai avoué quelques mots de mon enfant.  Je n'ai pas réussi à lui en dire plus.
J'ai cependant encore beaucoup de mal aujourd'hui à mettre le nom attitré sur une autre épreuve. Une seule épreuve, qui m'a apporté une envie poignardant de cesser un excellent travail sur ma personne...

Un peu plus tard dans les années passées, pour un besoin d'aide une deuxième fois, je me souviens pendant une nouvelle thérapie chez un psychothérapeute, avoir abordé un événement douloureux de ma vie concernant l'inceste dans mon foyer.
Dès le début de mes séances, il était très pénible de parler de ma vie. Ce dernier m'a demandé d'écrire un texte à chacune de nos rencontres pour évacuer mon mal-être plus facilement. À la fin de la lecture de ce dernier écrit, il m'a répondu: "c'est du passé à présent, il n'y a plus lieu d'en reparler."
Cette réponse m'a brusqué. Pour moi, ce n'était pas du passé. J'avais à l'intérieur de mon être une douleur inexplicable. J'ai mis des années pour comprendre seule, en me demandant souvent pourquoi il ne m'a pas laissé le temps de m'exprimer. J'aurais aimé aborder ma souffrance personnelle, comprendre la raison qui a continué ma destruction intérieure à petit feu malgré tous mes efforts anciens. Certes, j'avais peut-être beaucoup de raisons de me laisser aller, mais celle-ci je pense, était bien plus qu'une histoire taboue, de famille.
Aujourd'hui, je pense que sa petite phrase m'a aidé à avancer. Lorsque je souffrais terriblement prise d'un étouffement parfois sans raison, de phobies inexplicables, de peurs terrifiantes, je me répétais inlassablement "c'est du passé maintenant!" et ma douleur s'effaçait dans la journée...

 

Lundi deux octobre deux mille. 

Mes deux enfants sont à l'école. Pour Sarah, avec son emploi du temps scolaire, elle commence à dix heures du matin. 
En rentrant de l'école de Justine et de la promenade du chien, la maison est calme, trop calme. 
Je suis étonnée de ne pas trouver Sarah dans sa chambre. Je la cherche dans tout l'appartement, mais pourquoi ne répond elle pas à mon appel?
Quelques minutes plus tard, je trouve ma princesse toute recroquevillée dans la pénombre de la chambre de sa petite sœur, les volets à demi ouverts, la tête dans ses jambes...

-Ma petite Sarah, enfin tu es là! Que fais-tu assise par terre? tu vas être en retard au collège. Mon ange, pourquoi pleures-tu, que se passe-t-il mon cœur?

-Je ne veux pas retourner en cours, j'ai trop honte...

-Mais, ma puce, pourquoi dis-tu cela? Que sait-il passer, parle-moi je t'en prie, viens, relève-toi, allons au salon.

-Non-maman, c'est fini je ne parlerais plus, je ne peux pas, je n'ai pas le droit, sinon papa il va me gronder!

Je sens une boule me monter au milieu de la gorge, mes mains deviennent moites, je commence à trembler j'ai peur de ce que je vais entendre...
-Dis-moi ma chérie, parle-moi ma Sarah, ton père t'a frappé, que s'est-il passé dimanche chez lui, il t'a donné une fessée?

Ma Sarah en larmes, me dit d'une toute petite voix tremblante:

 -Man, papa m'a touché le sexe...

Mon premier cri de terreur résonne très fort dans le cœur de mon enfant:

-non! Sarah, va dans ta chambre ma chérie je viens vite te voir, s'il te plaît dépêches-toi!

Le ciel me tombe sur la tête, je m'enfonce six pieds sous terre. Une sensation véridique, je l'ai ressenti ainsi. Je vais dans la cuisine, je ferme la porte et tout sur mon passage vole dans la pièce. Je tombe à genoux, ma vie s'effondre je suis incapable d'émettre un son, mes larmes coulent, c'est affreux, pas moi, pas mon enfant, non c'est impossible...

Je pleure, je pleure beaucoup. Je téléphone à Justin qui est au travail, je ne me souviens même plus ce qu'il m'a dit. Je téléphone à Karen, elle pense que je plaisante. Elle va arriver, elle me l'a dit. Je dois faire quoi maintenant?

Je téléphone au service social, je demande à être entendue le plus rapidement possible en urgence par une assistance sociale. Oui, et j'irai au rendez-vous avec Sarah. Elle est où, dans sa chambre? Je suis en état de choc, je dois sortir la tête hors de l'eau mon Dieu aide-moi!

-Sarah, mon petit cœur tu dors? Ne sois pas inquiète, viens, viens dans mes bras ma puce, maman est là, je vais te sortir de tout ceci. Mamie va venir pour s'occuper de ton frère et de ta sœur, ne pleure pas mon bébé je suis là...

"Mercredi vingt deux novembre de l'an deux mille, à vingt deux heures quarante cinq.

Mon cher journal.
Pardonne-moi de ne pas être venue plus tôt près de toi mais c'était trop dur...
Mon Dieu envoie-moi une force, je ne vais pas tenir! 
Adrien a touché à mon bébé, je pleure mon ami, je ne sais comment t'expliquer ce qu'il m'arrive. 
Je vis un cauchemar, ce n'est pas possible je vais me réveiller!
J'ai rencontré une assistante sociale avec Sarah. Elle m'a expliqué tout ce que je devais faire. C'est si douloureux de venir te parler mais je dois le faire. Je dois tout jeter, ne rien garder en dedans. La plaie me fait très mal...
La famille me fuit, ils disent être gênés de la situation, ils ont peur pour leur couple, peur d'avoir un autre regard...
Dans ces mois d'absences, tout s'est enchaîné. Le commissariat pour déposer plainte contre Adrien qui a abusé de mon bébé, la brigade des mineurs, l'avocat, la directrice de l'école, les psychologues, les enquêtes, le gynécologue, le médecin, les juges, l'inspecteur de l'académie, les associations d'aide... 
J'ai mal Seigneur, j'ai si mal de vivre ce cauchemar...
Je voudrais le tuer. 
Je ne peux pas, je sais! Et pourquoi je ne pourrais pas? Je veux qu'il souffre pour ce qu'il a fait. Je le déteste, je le hais...
J'ai le ventre très douloureux...
Il a poignardé mon ventre, tripoté ma chaire, mon enfant... Ses sales pattes sur l'innocence... Je pleure trop... La nuit est ma bouée de sauvetage, près d'elle je peux me laisser aller. Donne moi la main mon ami, ne me la lâche pas, je vais me noyer sinon...

Un soir, j'ai téléphoné à Bobby pour qu'il vienne surveiller les enfants. Il était le seul dans mes connaissances de disponible tout de suite. Il était désemparé, il ne savait pas quoi dire et me connaissant, il a compris ce que j'avais envie de faire.
Il m'a enfermé dans une pièce avec un verrou, pour m'empêcher d'aller voir mon ex-mari et faire une erreur...
Dans cette pièce, j'ai cogné dans les murs, dans la porte, j'ai hurlé de douleur toute la nuit...

Tout à l'heure, mon ami intime, j'ai sauvé ma petite Sarah qui voulait se couper les veines...
Elle ne va plus à l'école, elle a honte. Elle m'a dit en me parlant de tout ça que son père viendra la chercher et qu'il l'enfermera dans un trou sous la terre. C'est ce qu'il lui a dit. Il lui disait toujours des choses comme celle là, ou alors qu'il partira avec elle et plus jamais elle me reverra, qu'il l'attendrait à la sortie d'école, qu'il enverrait quelqu'un d'autre pour la chercher...
Pourquoi, pourquoi... Oh Dieu que j'ai mal... J'ai été entendu aussi par la police un long moment, mais ils ont compris que je n'étais pas en cause. Je m'en veux, je m'en veux terriblement...

J'espère de toutes mes forces ne plus avoir à revivre cela un jour, moi, mon enfant! J'espère avoir rompu le maillon de la chaîne une bonne fois pour toutes! Je n'ai rien fait, je le savais, je l'avais ressenti un jour. Mon bébé ne m'a jamais rien dit, pourquoi? Adrien m'a arraché le cœur! Jamais une maman ne devrait avoir à vivre cela.

Adrien a été entendu, il ne nie pas ce qu'il a fait...
Cet odieux individu, pendant ses droits de visite, pendant que son fils jouait à la Nintendo dans une autre pièce, cette horreur violait l'intimité de mon enfant. Je le déteste, je le hais de toutes mes forces!
On m'a dit qu'il avait tout fait sur mon enfant, sauf la pénétration...
Plus tard, Sarah m'a donné les mêmes détails qu'elle a donnés quand elle devait être entendue. Elle m'a fait des dessins aussi...
Elle devait le caresser longuement.
Elle jouait à la Nintendo avec son frère dans le petit salon et quand le réveil sonnait, elle devait apporter un café à son père toute seule, derrière les volets cachés...

Il lui disait de s'allonger à côté d'elle, et de le caresser entre les jambes... Il finissait toujours à jouir sur elle, sur son petit visage d'enfant... C'est trop dur mon cher journal, je ne peux pas continuer, pardonne-moi...

Je me sens si seule ce soir, Justin est parti, c'est fini entre nous. Mon regard sur l'homme est trop moche, je n'ai plus supporté ses mains amicales à chahuter avec mes enfants. Ni lui ni personne, c'était trop difficile avec ce que mon bébé a subi. Je vais mettre ma vie de femme de côté pendant plusieurs mois, c'est mieux ainsi.
Ma Sarah a vécu cet enfer pendant plus de trois ans sans ne jamais oser en parler.
Je suis seule mais je vais la relever même si je dois y laisser ma vie. J'ai la force au fond de moi.
Ma princesse a parlé parce qu'elle se sentait en sécurité avec Justin et moi et aussi, parce que le professeur, dans sa deuxième année de collège, a montré un film sur la pédophilie à la classe...
Et si toutes ces situations ne seraient pas arrivées, que serait devenue mon bébé...

Karen vient s'occuper de Kévin et de Justine le plus souvent qu'elle le peut. Mais j'ai l'impression que ce n'est pas assez. Justine est trop petite, elle sent que quelque chose ne va pas dans la maison, elle est d'une grande douceur avec nous.  Mon petit homme ne va pas bien aussi, il a été entendu aussi par la police... Il est en état de choc.
Je suis forte, je vais m'en sortir, on va tous s'en sortir un jour, tous les quatre.
On va remonter la pente, main dans la main!

Mon Dieu, fait de cette épreuve un équilibre pour plus tard... Que cette difficile épreuve nous apporte tous une force immense, sans ne jamais oublier: tant qu'il y a de l'amour, sur cette terre, tout est encore possible."

 

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

16 février 2014

Journal intime d'une femme seule.

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Je relis mes mots du passé et je pleure...

"Mon regard s'éloigne, les membres de ma petite famille deviennent transparents. J'entends les paroles de ma mère, je ne la vois pas. Oui, elle est là près d'eux, ce n'est pas un fantôme, je ne rêve pas. J'ai plus la force de poursuivre, de lutter. Mes mains sont froides, je transpire, je tremble, je m'essouffle trop vite. Quelques paroles entendues par le médecin, se mettent à agiter mon corps emprisonné.

-On ne peut plus rien faire pour elle, madame. Il faut la faire enfermer de toute urgence dans une clinique psychiatrique, je suis désolé... Je vais vous faire les papiers nécessaires.

Toujours les mêmes mots répétés inlassablement sur le bord de mes lèvres. Il est parti, il est parti, il est parti, ils partent tous..."

"Dimanche vingt huit mai deux mille, à dix-sept heures quarante.

Mon cher journal.

Voilà plusieurs jours que je n'entends plus un seul son de ma voix. Tu seras le seul à accueillir mes mots, je n'ai plus confiance en personne. Ne me tient pas rancune de ne pas être venue plus tôt vers toi. Cela va faire maintenant sept jours que je suis enfermée ici. Le psychiatre dit, si je continue à bien me tenir, je pourrai rencontrer mes enfants une après-midi. Je suis bien dans le jardin, je t'écris et parfois je dessine. J'ai retrouvé mes talents d'artiste. Parfois je fais des poèmes aussi. Des gens comme moi, avec des maux différents me demandent de dessiner pour eux. Ils aiment mes dons. Ma mère ne comprenait jamais d'où venaient mes dons d'artiste. "Il n'y a pas de peintres dans la famille, ni de littéraire, où vas-tu chercher tout cela!?" Dans les premiers temps, arrivée ici dans cette clinique de fous avec une ambulance, j'ai vu ma mère signer des papiers derrière une porte. Je ne pouvais pas la rejoindre. Après, on m'a présenté ma chambre, partagée avec une autre dame plus âgée que moi, Julienne. Elle est gentille. Elle m'a dit, si je mange tout ce qu'on me donne, je reverrai mes enfants plus vite. Je viens souvent dans le jardin, j'écoute les oiseaux. Je n'aime pas être à l'étage, les barreaux aux fenêtres me font terriblement peur. Déjà avant de me rendre dans ce jardin surveillé, je dois passer dans un long couloir avec plein de portes de chaque côté. Il y a des moments, j'entends des gens criés. Je dois sonner pour faire venir l'infirmière. Un verrou, deux verrous, trois verrous, quatre verrous et je suis enfin parmi les fleurs. Hier soir, ils nous ont fermé la porte de la chambre à clé, parce qu'il y avait un nouvel arrivant qui avait toujours envie de se sauver. Cela n'a duré qu'une nuit, le lendemain ils l'ont envoyé au rez-de-chaussée, là où l'on met les personnes les plus atteintes dans la folie, j'ai entendu dire. J'ai peur, j'ai très peur mon ami, de ne pas revoir mes enfants. Je veux me battre, je veux réussir, je veux qu'ils soient fiers de leur maman. Je leur ai fait trop mal, je ne voulais pas tu sais. Je pleure beaucoup trop, je dois te laisser pardonne-moi..."

"Samedi trois juin deux mille, à vingt heures trente-cinq.

Mon cher ami,

Le cœur de mes enfants bat en moi. Enfin je les ai serré tous les trois, très fort dans mes bras. Ils m'ont rechargé, ça m'a fait énormément de bien. Ils me manquent déjà, si tu savais...
L'infirmière d'étage me fatigue à toujours regarder dans ma bouche voir si j'ai bien avalé mes cachets pour dormir. Quant au psychiatre que je rencontre tous les matins, il ne comprend pas pourquoi je reste silencieuse. J'ai réussi à parler un petit peu avec les enfants et avec ma mère aussi, qui les a accompagnés. Benoit était le chauffeur, il est resté dans sa voiture.
J'ai beaucoup de mal à me concentrer, ils me donnent trop de cachets ici.
Je vais un peu mieux tout de même. Ici, les gens disent que je suis enfermée pour longtemps mais je ne les crois pas. C'est impossible je ne vais pas réussir. J'ai demandé une autorisation de sortie pour lundi, je suis acceptée. Je dois partir après le repas et revenir pour dix-sept heures.
Je ne peux pas dormir en ce moment, ma chambre est à côté des tirettes à bonbons et du coin fumeur, ils sont bruyants.
J'ai hâte de retrouver ma maison! Ma mère et Benoît se sont installés chez moi pour s'occuper des enfants. Sarah m'a dit que Justine pleurait beaucoup depuis que je suis partie. Je suis triste d'avoir été dans l'obligation de leur faire vivre ces instants de séparation. Je suis mieux maintenant, j'ai retrouvé mes esprits. J'ai envie de m'enfuir mais c'est impossible tout est toujours fermé à clé ici. Je me répète, je m'envoie du positif pour me rendre forte c'est le seul moyen de tenir dans cette prison. Je ne t'ai pas parlé de mes toilettes, mon cher journal, ils sont si tristes. Il n'y a pas d'abattant, ni de miroir en haut de l'évier. Il n'y a rien qui pourrait nous pousser au suicide. C'est déprimant, tous ces lieux sont fades de vie mais, je dois tenir bon. Je ne souhaite à personne de rencontrer ce genre d'endroit.
J'aurais aimé recevoir la visite de Patrick, il m'aurait fait rire. Avec lui, je n'aurais pas été ici. Ma mère m'a dit qu'il était marié, elle a rencontré sa mère un jour en allant au marché. Je suis heureuse pour lui, il mérite d'être heureux.
Je m'ennuie terriblement. Dans ce triste endroit, l'après-midi, il y a des occupations pour nous. Des groupes de peintures, ou des groupes de travaux manuels. C'est comme on le désire. Je n'ai pas voulu y assister. Je veux partir...
Protège-moi mon cher journal, un jour je te ramènerai à la maison.

Douce nuit, mes amours."

"Vendredi vingt et un juillet deux mille, à vingt trois heures trente-quatre.

Mon plus fidèle ami,

Je viens vers toi de nouveau avec l'esprit apaisé. Je suis à la maison, dans ma chambre. Tout est derrière moi, c'est le plus beau jour de ma vie. Je n'ai pas touché à un verre d'alcool depuis très longtemps. Avant de venir à toi, j'ai regardé pendant plusieurs minutes chacun des enfants dormir dans leurs lits. je le fais souvent depuis mon retour à la maison. Sinon, ma vie a repris son chemin, un nouveau chemin vers la lumière. Petit à petit, je me suis appliquée à mettre de l'ordre dans mes papiers en retard. Je n'aime pas cette tâche, tu le sais. Je préfère cent fois mieux cuisiner avec mes trois enfants. Nous nous arrangeons toujours pour exercer nos tâches ensemble, pour pouvoir profiter le plus possible de l'un et l'autre. Kévin est le roi du balai, Sarah la princesse de la cuisine et Justine adore faire les poussières avec son petit chariot de ménage d'un cadeau du papa Noël.
Ce quinze juillet, avec un grand courage, je me suis rendue à la mairie avec une amie pour annuler la publication des bans, concernant mon mariage avec Bobby. Cela fut une épreuve plus difficile que je le pensais. Avec les enfants, nous partirons un week-end enterrer mon mariage au Grau du Roi, dans notre hôtel favori, "L'Étoile", ça nous fera grand bien à tous.
Je ne lâche pas ta main, à bien vite mon ami!"

"Vingt deux septembre deux mille.

Voilà de nouveau bien longtemps que je ne suis pas venue proche de toi mon ami.
Pour me souvenir que j'ai vécu, je n'ai rien oublié. Venir vers toi me permet d'alléger ma mémoire.
En août, les enfants m'ont poussé à répondre à une annonce matrimoniale sur le journal local. Ils voulaient que je pense un peu à moi.
Justin et moi nous nous sommes rencontrés. C'est un homme gentil, sans enfant, qui désire reconstruire une vie de famille heureuse. Justin est légèrement plus petit que moi, mais quand il me regarde dans les yeux, je peux fondre devant lui en ne voyant rien de mieux que le bleu de ses yeux. Toutefois, je désire tout de même prendre mon temps dans cette belle relation. En septembre, Justin m'a fait un splendide cadeau pour mon anniversaire! Un aigle en céramique de trente centimètres, qu'il a cachés dans une valise. Nous avons bien ri ce jour-là, il nous a fait croire qu'il emménageait chez nous. L'aigle est le seul animal qui ose regarder le soleil en face, ce n'est pas étonnant que j'aime beaucoup ce bel oiseau présageant la liberté.
De temps en temps, Justin nous reçoit chez lui pour le week-end. Il connaît un bout de mes souffrances, je connais un bout des siennes, c'est un bon début je pense.
Un soir, lors d'un repas à la maison, allant border les enfants, Justin a ouvert un de mes journaux intimes que j'avais oublié de ranger. Quelques pages plus loin, dans ce journal, j'ai découvert ses mots.

Ma douce Jeanne, pardonne-moi d'avoir ouvert ce qui ne m'était pas adressé. Je suis malheureux de prendre conscience de la triste vie que tu as eue sans moi. J'aurais tant aimé être proche de toi pour te donner la main, pouvoir embrasser tes enfants chaque soir pendant ton absence dans cette clinique. Je déteste tous ces gens qui t'ont fait souffrir. Je ne suis qu'un simple ouvrier mais j'ai assez de cœur je pense, pour réussir à vous rendre tous les quatre heureux toute votre vie. Je t'en fais la promesse, Jeanne. Quand nous arriverons à un équilibre, avec fierté ma douce Jeanne, je viendrai te demander de m'accorder ta main.

Ton petit homme qui t'aime et qui attendra le temps qu'il faudra pour que tu puisses m'ouvrir ton cœur avec liberté.

Justin, pour toujours.

Mon cœur se protège, j'ai si peur de souffrir mon petit confident. Je vais prendre le temps de lui faire confiance. On va essayer d'être heureux tous les quatre. Je l'aime plus qu'un ami qu'on aime bien mon Justin. Je ne l'aime pas d'un amour profond, mais si tous les deux nous désirons les mêmes choses, main dans la main nous aborderons la vie avec bonheur.
Le grand jour est arrivé pour ma belle Justine, mon ami! En septembre, elle est entrée dans sa première année d'école maternelle. Avant de partir, comme tous les ans à chaque rentrée, je me suis régalée à les prendre en photo tous les trois. Ils sont trop mignons avec leur nouveau cartable. Elle semblait si heureuse et fière de faire partie des grands. Cependant, nous avons rencontré un petit incident de parcours. Arrivées dans la cour d'école toutes les deux, son maître fait ses présentations et bien malencontreusement, il se prénomme Bobby. Justine s'est mise à pleurer et a refusé de rentrer en classe. Elle m'a fait un petit malaise, nous étions obligées de rentrer à la maison. Elle a désiré ne plus me parler, inquiète j'ai téléphoné au médecin. Bien plus tard, en versant quelques larmes, Justine m'avouera avec ses mots d'enfant:

- je ne veux pas le voir ce maître Bobby, il est méchant, comme papa parti!

Mes mots n'ont pas réussi à l'encourager. Ma petite chérie reste malheureuse enfermée dans son monde. Elle rencontre un psychologue qui l'aide à franchir une étape difficile. Depuis peu, elle réussit à retourner à l'école, dans les premiers temps le matin puis ensuite, toute la journée. Le maître est prévenu de la situation, il se montre d'une extrême gentillesse auprès de d'elle. Ce matin, j'étais heureuse d'entendre les quelques mots de ma petite princesse reprenant confiance en elle admirablement.

- Bobby l'est gentil avec moi. Tous les Bobby sont gentils comme toi ma petite maman. Papa il est parti un jour, il s'appelle plus Bobby lui.

Avec un gros câlin je lui ai répondu avec douceur: Oui, ma petite poupée, exprime ta vie à ta façon, un jour tu grandiras... "

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Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

16 février 2014

Le chaos de l'an deux mille.

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Tout est définitivement terminé entre Bobby et moi, au mois de mars de l'an deux mille. J'ai eu le courage d'écouter ses mots, j'étais debout, une âme forte.
Je ne suis plus d'aucune utilité pour lui.
Pour s'envoler en beauté, il n'a plus de limite. Il ne trouve pas meilleure idée de me parler de sa nouvelle conquête, plus câline. Les souvenirs de ses paroles sont imprimées dans un cahier bleu, les conséquences ont marqué ma peau au fer rouge.

"- C'est à cause de toi Jeanne, que je vais chercher le bonheur ailleurs. Elle au moins, je peux la prendre par-derrière! Il n'y a aucun tabou entre elle et moi, au lit. Ce n'est pas comme toi quand je viens voir ma fille, tu me refuses trop souvent. Avec toi, il n'y a aucun piment au lit tu es trop fade."

Exactement, c'était le mardi deux janvier, de vingt deux heures à six heures du matin que Bobby m'a déballé des mots gris, des mots noirs, des mots aussi sombres que lui, remplit de reproches et d'injustice. J'ai respiré son indifférence jusque dans mes veines.
Ainsi, il a fermé la porte derrière lui et il a tourné les pieds, abandonnant sa douce mélodie, notre Justine, pour dix années de silence sans jamais se retourner sur son enfant, ou bien peu.

Il m'est difficile d'exposer des instants heureux à ses côtés, gardé au chaud dans un coin de ma mémoire. Ils ont été si rares. Tous les deux, on s'accrochait à ce que l'on pouvait. J'ai été pendant un temps une parfaite femme au foyer soumise sauf au lit, une maman et une admirable belle-maman. Il a été un homme courageux pour les gens de l'extérieur, naviguant entre les pièges de la vie et la sincérité face à son foyer.
Notre amour rencontrait beaucoup de problèmes de communication. Nous nous laissions porter tous les deux, dans le fleuve d'un quotidien habituel jusqu'à un point de non-retour.
J'étais son coup de foudre, il était mon envol. J'ai appris à l'aimer quelques mois après notre cohabitation, il a appris à me détester quand je lui refusais entièrement mon corps.
Je me souviens de nos fiançailles au restaurant avec quelques membres de la famille, une jolie bague en or emballée dans un immense carton a épaté tout le monde. De son autre appartement et de son désir de garder une poire pour sa soif, en prétextant venir pour rendre visite à sa fille. De nos sorties, pratiquement tous les dimanches, avec ses enfants et les miens, une si belle famille recomposée pour dame espoir cachée au fond de la cave.
Un château en Espagne construit sur une motte de sable...

Mon âme s'est envolée, une semaine plus tard après ses révélations. Je n'ai pas réussi à chasser ses mots cruels de mon esprit. Je dormais de moins en moins. Mes courtes nuits devenaient de plus en plus agitées, le passé revenait à la surface. Son départ a été une goutte d'eau de trop.
Une immense fatigue de la vie n'a pas contribué à m'apporter la force de me battre. Pour une maman seule avec trois enfants à côté de moi, je devais assumer sans lâcher leurs petites mains.
Je n'ai pas eu cette force. Avoir sombré toute seule derrière les portes de l'enfer, je ne suis pas fière de moi.
Un mal-être indéfini m'a poussé vers la destruction de mon corps.
Je ne m'alimentais plus. Dès la maison calme, les enfants au lit, je vivais d'alcool toutes les nuits pour pouvoir m'endormir saoule sans penser. J'avais sur le dos, trente-cinq années pesantes. Je culpabilisais d'être née. Je me détestais d'être une incapable de l'amour. De jour en jour, je n'avais pas d'autres solutions, je devais mourir...

Je ne trouvais plus aucun courage de rester en vie. Les parois du tunnel étaient de plus en plus lisses, je n'entendais plus personne. Dans les affres de l'angoisse, je me suis noyés.
Comment pouvais-je accomplir sans un amour pur ressenti de l'être aimé, un acte sexuel contre nature, qui réveillait terriblement à la surface le viol d'un lourd passé?

Celui qui frappe oublie toujours, mais celui qui reçoit les coups n'oublie jamais.
En fouinant au fond de ces verres d'alcool, dans un espoir minime de survie, j'espérais trouver une réponse à ces échecs à répétition.
De jour comme de nuit, je suis devenue malheureusement une alcoolique. La fin d'un verre m'obligeait à m'en servir un autre pour ne pas craquer. L'alcool ne m'était pas méchant heureusement, les enfants n'ont jamais eu peur de moi.
Dans une immense souffrance, dans les vapeurs de l'alcool, je n'avais plus peur de devenir lâche, comme tous ces adultes. Peu à peu, pendant plusieurs jours je voyageais librement vers le néant. Dans le lit une place de ma petite Sarah régulièrement, je m'y sentais en sécurité. Comme au temps où je me blottissais dans mon lit d'adolescente, pour ne pas recevoir les coups ou les paroles blessantes.

Au bout de quelques semaines, je suis devenue une loque humaine, une femme de poussière clouée au sol à vouloir dormir, dormir pour très longtemps...

.../...

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

14 février 2014

Une dame de nulle part.

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Je suis rentrée à la maison du présent, dans mon gratte-ciel.
Ces voyages à remonter le temps, commencent à m'épuiser. Le temps aussi m'épuise, il fait trop chaud ici, dans cette ville du Sud qui n'a pas entendu mon premier cri. Toutefois il est vrai, la misère est moins pénible au soleil, tout le monde doit connaître cette mélodie d'Aznavour.
 Je m'ennuie. Je me demande quels sont mes handicaps? Ma voix, ma tête et mes mains qui tremblent sans crier gare, mon manque de culture et d'instruction, mon intégrité, ma soif d'aimer un seul être indéfiniment, intelligent, mon autre, ma dernière chance .
Je pense à l'avenir. Il me vient à l'esprit une image d'attente qui demande à être traitée à fond. Je devrais cesser de broyer du noir et saisir l'opportunité qui s'offre à moi pour m'ouvrir sur la voix de la sérénité. Le choix d'écrire ma vie dans tous les détails, a toujours été mon rêve depuis mille neuf cent quatre vingt six. En écoutant à plusieurs reprises dans mes moments à vide, un groupe de musique française nommée "Gold" la ville de lumière a suscité en moi, un vif intérêt à laisser des traces, sur un vécu douloureux de vingt ans de vie.
Je regarde le trousseau de clés entre mes mains. Quelques portes sont maintenant verrouillées derrière moi, je me questionne si je suis vraiment soulagée...

Plus loin dans la journée, une autre chanson m'interpelle. Je fredonne des paroles de Charles Aznavour avec douceur, "hier encore" me revient en mémoire à ma manière qui me rend nostalgique.
D'un regard lointain, au moment où il me faut rouvrir les pages de la duperie, j'ai l'impression de ne connaître rien d'autre que la souffrance. Être une femme de nulle part doit me donner des avantages. Je ne suis pas malheureuse. La vie est l'amour guide mes pas, je mange à ma faim, j'ai un toit au-dessus de ma tête et je profite à fond des instants de bonheur que Dieu me permet de rencontrer sur le chemin pour me détendre.
J'oserais même avancer, mieux vaut le chagrin que le rire. Ainsi, le cœur est rendu meilleur.
Il m'arrive quand même d'avoir une envie folle de tout faire valser.
Comme beaucoup d'entre nous, j'aimerais être enfin heureuse et aimée d'amour dans un temps sans limite. Je désire de toutes mes forces trouver le petit détail qui m'échappe, pour me sentir mieux.

Il ne faut jamais dire, ça n'arrive qu'aux autres, j'en suis la preuve vivante.
Mes lunettes sont trop lourdes sur le nez.
J'essaye de gagner du temps.
En passant devant la fenêtre, pour aller me chercher un verre d'eau, j'ai eu envie de passer par-dessus le garde-fou. C'est idiot, au premier étage qu'est-ce que je risquerais. Et si j'essayais?
Non je ne suis pas folle, je veux juste gagner un petit peu de temps, pour écrire.
Je vais finir de parler de Bobby. Le reste viendra tout seul, certainement...

Je m'en balance si je n'arrive pas à romancer mon histoire encore une fois. M'exprimer par un écrit sur un moment difficile d'intimité familiale qui vient à grand pas, reste épineux. Mais, je dois garder en mémoire un seul mot: avancer. C'est tout.

Pour en revenir à Bobby, la séparation a été brutale.
Mais pourquoi le passé doit-il être un éternel recommencement?
Un tsunami se déclenche dans ma boîte crânienne. J'ai recréé avec lui, la même situation qu'avec mon ex-mari en vivant chez ma mère! Je sais, cela ne pouvait pas en être autrement. Lui se retrouve sans logement et moi, j'habite chez elle.
Quelles étaient nos ressources? C'est le trou noir.
Face à moi, je ne vois qu'un regard froid et méprisant de ma mère. Je n'entends qu'une seule phrase de colère qui ferait fondre un glacier en quelques secondes.

-Jeanne tu ne peux garder l'enfant, c'est impossible. Ou tu avortes ou tu prends la porte!

Il n'y a aucune discussion possible. Je dois prendre une décision sur l'heure. Dans les affres de l'angoisse, mon chemin de vie se répète.
Je garde mon enfant. Ayant ressenti que je n'étais pas une enfant désirée depuis la naissance, il ne peut en être autrement.
En fin d'après-midi, je rassemble le nécessaire de Kévin et Sarah avec l'aide d'une amie. Elle s'engage à nous accueillir chez elle quelques jours, dans l'attente de trouver un logement.
Sur notre trajet, je ne suis pas étonnée de rencontrer Benoît qui s'apprête à aller retrouver ma mère. En passant à côté de moi, d'un mauvais regard il se met à crier sur moi.

- Tu es encore là Jeanne? Dépêches-toi de foutre le camp ta place n'est plus ici!

À ses mots, il me bouscule violemment contre un mur et il continue son chemin sans se retourner.
Le soir, chez mon amie, le médecin vient constater l'agression. Je me retrouve le bras immobilisé pendant une semaine, le temps de la disparition des bleus et de la cicatrisation d'une plaie de douze centimètres. Le docteur me fait un certificat médical, il me permettra de déposer une plainte, si je le désire. Je n'en ferai rien, je veux la paix. Mon bras sur mon ventre, le bébé a été protégé.
Les trois premiers jours chez mes amis se passent à merveille. Des après-midi entières, nous allions à la piscine tous ensemble, nous passons d'agréables soirées entre amis devant la télévision ou parfois, à jouer à des jeux de société avec ses enfants et les miens. Mes enfants partagent le lit avec ses enfants et Bobby et moi, dormons dans le canapé du salon.

Exactement une semaine plus tard, lors d'une absence régulière de mon homme mystérieux, Christian le mari de Sandra, profitant de ce que je sois seule sans les enfants dans la pièce, s'approche de moi un peu ennuyé.

- Je suis désolé, Jeanne. On ne peut plus vous héberger, la situation devient invivable pour nous. Je vois bien que tu fais des efforts mais, c'est Bobby le problème je ne peux plus supporter qu'il se lève à midi et qu'il ne fait rien pour tes enfants. Ne t'inquiète pas, je vais faire tout mon possible pour te trouver un appartement pour tes enfants. Prends le temps de te reposer, avec ton état de santé, ta fatigue et ta grossesse, tu ne peux rien faire en ce moment.

- Je comprends Christian, ne t'inquiète pas je vais me débrouiller. Les enfants et moi partirons en fin de journée. C'est mieux ainsi...

Aux alentours de dix-neuf heures trente, Bobby revient de je ne sais où. Il nous trouve tous les trois, devant la porte d'entrée de l'immeuble de nos amis, avec nos valises. Les enfants tristounets se jettent dans ses bras criants qu'ils sont à la rue. Il ne me pose aucune question, il semble avoir compris.

-Pourquoi tu ne demanderais pas à ton ex-mari, qu'il vous loge tous les trois, le temps de rechercher un toit pour nous?

-Et toi, tu vas dormir où?

-Ne t'inquiète pas pour moi, j'irai au foyer. Pense à toi et aux enfants.

Comment puis-je penser à moi tranquillement, quand on se retrouve à la rue, avec deux enfants, un bébé dans le ventre et pas un sou en poche.
Bien malgré moi, c'est ainsi que je me suis retrouvée à la case départ, à cohabiter chez mon ex-mari avec les enfants. J'ai contacté beaucoup de services sociaux, j'ai eu beaucoup de portes fermées. Sous une quinzaine de jours, Bobby a fini par trouver un petit appartement dans le centre-ville. Il nous a recueillis. Un mois après, Christian me trouve un appartement de cent vingt mètres carrés. Le propriétaire accepte que je le paie dès mes finances remontées, à condition que j'entretienne son logement.  J'ai signé le contrat et nous sommes rentrés mes enfants et moi dans notre nouvelle demeure, le premier mars mille neuf cent quatre vingt dix-sept. Un magnifique appartement au dernier étage d'une maison de maître à rénover selon mon gout avec l'aide du futur papa, a été un plaisir enrichissant dans le domaine des travaux manuels. Puis, la naissance de ma belle Justine peu de temps après, m'a apporté huit mois de bonheur avant la séparation cette même année, le quinze novembre avec son papa...

Sept cent quatre vingt quinze jours de bas plus que de haut, avec un homme présent épisodiquement dans notre vie, à me faire culpabiliser pour plusieurs raisons, pour mieux tirer sur les cordes. Brusquement, l'an deux mille éprouve un vif intérêt à venir me secouer.

Je pense à ceux qui souffrent, à une personne lointaine plus particulièrement, glissant sur une eau turquoise entre le ciel et l'eau. Je pense à une époque, abordant la nuit en me jetant même à la nage, pour retrouver un équilibre dans ma prison flottante.
J'enjambe les détails de ma vie où je n'avais que mes yeux pour pleurer silencieusement dans un coin d'une pièce.
Pour ce nouveau voyage, je devrais partir dans un vaisseau, un navire à voiles plus précisément. Il me permettra d'utiliser la force du vent, pour me propulser vers un ailleurs.

Les années passent si vite...

 

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

14 février 2014

Georges Brassens.

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"Quand les mois auront passé
Quand seront apaisés
Leurs beaux rêves flambants
Quand leur ciel se couvrira de gros nuages lourds
Ils s'apercevront émus
Qu' c'est au hasard des rues
Sur un d'ces fameux bancs
Qu'ils ont vécu le meilleur morceau de leur amour"

14 février 2014

Sur le territoire de la vie.

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Samedi vingt cinq février mille neuf cent quatre vingt quinze, il est dix neuf heures, je porte un regard évasif à travers la fenêtre de ma chambre. Ce soir, je rencontrerai un chevalier et nous pourrons fuir les enfants et moi-même, de ma prison de verre.

Oui Bobby, toi l'homme solitaire tu arrives dans ma vie par la pensée, avant de toucher mon cœur.
Souviens-toi, un simple repas à la cafétéria en ville, accompagnées de ma mère et de mes deux petits amours, a suffi pour que je pose les yeux sur toi.
D'une apparence sérieuse et à l'aise dans tes baskets, tu partages ton repas avec la solitude.
Bien qu'il y ait beaucoup de personnes pour compléter toute la grande salle à l'étage, ma mère ne voit que toi.

- Tu as remarqué Jeanne, le Monsieur derrière toi, il est seul!

- Cesse de l'observer ainsi, tu as vu la forme de son nez!

Chacun de notre côté, nous terminons notre repas. Toi avec ton isolement et moi, avec les éclats de rire de mon petit monde. Cette soirée offerte totalement par ma mère est consacrée à la détente.
Je ne sais pas si la Saint Roméo joue en notre faveur ou si Cupidon, vient se restaurer à la cafétéria et décide de s'amuser pour son dessert. Peu importe, si tu nous rends heureux tu seras celui qui longera ma route pour un temps sans limite.
Instant aléatoire ou pas, après le repas nous quittons les lieux en même temps. Et ensemble, nous prenons le même chemin. Karen reste attentive à tous tes pas.

- Tu vois Jeanne j'ais raison, le Monsieur nous suit, viens on va rentrer tous les quatre dans ce café.

Bien évidemment, tu rentres dans le même lieu en allant t'assoir non loin de nous.
Mon regard réservé vers ta direction, amuse les enfants. Soudainement mon petit homme, ose venir à toi pour te demander de faire une partie de billard avec lui. Tu acceptes poliment.  À la fin de votre partie de jeu, ma mère te propose un café à notre table. Tu nous racontes un bout de ta vie face à ses questions parfois un peu trop indiscrètes, tu nous dis avoir eu un rendez-vous avec un copain qui te fait faux bond. Je parle à peine, j'écoute vos échanges, j'observe tes mimiques et je souris intérieurement en songeant à un futur lointain.
La soirée commence à fatiguer les enfants, ma mère décide de rentrer seule à la maison avec eux et d'un esprit apaisé tranquillement, elle nous propos d'aller faire une balade tous les deux, pour faire plus ample connaissance. D'ordinaire, Kevin pleure rapidement à la pensée de partir sans moi, ce soir il a envie de me déposer un gros bisou sur la joue en me chuchotant tout proche de l'oreille:

- va te détendre un peu man, on pense à toi, ne t'inquiète pas tout va bien se passer avec Mamie.

Je ressens quelque chose d'étrange flottait dans l'air, comme une tranquillité, un apaisement. Je m'offre le droit de m'évader un peu sans les enfants, cela arrive si rarement. Pour notre première rencontre, tu décides de m'emmener dans un dancing pour les jeunes, en plein centre-ville. À l'âge de trente ans, c'est pour moi la première fois que je mets les pieds dans ce genre d'endroit. Il faut beaucoup de courage pour rester des heures dans ce lieu, sans pouvoir se comprendre, autre que de crier très fort. Entre ces murs, j'ai l'impression de ne rien connaître de la vie. Pour ne pas me sentir effrayer, tu décides de ne pas me lâcher la main de toute la soirée. Un peu plus tard dans la nuit, lors du passage d'une chanson connue, "un autre monde" d'un groupe musical nommé Téléphone, tu me murmureras quelques petits mots doux...

À quoi sert de t'écrire toutes ces paroles, d'ouvrir ces cahiers intimes qui ne ressemblent plus à rien aujourd'hui. Une cigarette vient occuper mes mains. Dans cette minute précise, j'ai envie d'en finir avec toi totalement. Je voudrais partir jusqu'à la mer. J'ai envie de rentrer à la maison du présent, prendre l'ascenseur et me diriger vers un nouvel étage. Je garderai mes journaux intimes dès deux ans de notre relation pour notre Justine d'amour et, je t'oublierai. Pourquoi pas, dis-moi?

Tes mots brûlants viennent me cracher à la figure et me font constater la seule réussite que j'ai eue grâce à toi, avoir un troisième enfant.
Deux ans de vie commune.
Trois ans pour tourner la page.
Des années pour accepter l'erreur de t'avoir aimé.

Depuis peu de temps, une conversation au téléphone entre nous, m'a ouvert les yeux sur le personnage que tu as joué dans mon destin. J'ai donné cinq ans de ma vie à un homme de passage, pour avoir désiré m'envoler le plus loin possible dans les bras de l'amour.
Et toi, que m'as-tu offert?

" - Tu te souviens du dix novembre mille neuf cent quatre vingt dix-sept, tu as signé ton contrat de location Bobby, pour aller vivre seul dans une autre maison. En sommes, tu as eu le coup de foudre pour moi, non?

- je ne sais pas, c'est loin tout ça, c'est du passé!

- Aujourd'hui Bobby, on reste amis pour notre fille et cette situation me convient. Mais, j'ai besoin d'avoir des réponses sur ce que j'ai vécu avec toi pour me permettre de comprendre. Et puis, quand il y a un enfant entre deux personnes, il n'y a jamais de passé. Il ne reste que de la compréhension.  Donc, tu as eu un coup de foudre pour moi, un amour fou ou une porte de sortie?

- J'ai la maladie d'Alzheimer, je ne peux pas te répondre.

- Arrête, ne plaisante pas je suis sérieuse. je vais te rafraîchir la mémoire, cela ne me dérange pas. Quand tu m'as rencontré, ça n'allait plus avec la mère des enfants de ta première union. Un jour, en rentrant chez toi, le verrou avait été changé. Un autre homme avait la clé. Tu vas vivre quelques jours dans une chambre qui appartenait à ton patron, derrière le garage où tu travaillais à cette époque. Dans cette même période, tu perds ton travail et tu te retrouves à la rue. Heureusement, je suis là pour t'accueillir pour le meilleur pendant deux ans. En novembre mille neuf cent quatre vingt dix-sept, après la naissance de l'enfant que tu as désiré de toutes tes forces, un enfant de l'amour disais-tu, nous vivons épisodiquement trois ans pour le pire, une situation chaotique. Tu n'as pas eu le temps de faire le deuil de ta relation précédente, tu reprends de suite une relation avec moi. Alors c'est simple Bobby, amour ou coup de foudre? Ou alors, reste la bouée de sauvetage, que ressentais-tu à mon égard?

- J'ai toujours eu pour toi une simple attirance, Jeanne, c'est tout."

Je suis sans voix. J'ai coupé court à notre conversation.
J'ai aimé un homme qui n'a eu qu'une attirance pour moi, cette pensée m'est insupportable. Pourtant, à la lecture de mes mots anciens, je sais intérieurement que tu m'as dit la vérité, Bobby. De mon côté, mon imposante soif d'être aimée m'a apporté un regard aveuglant sur notre relation affective.

Je retrouve un petit mot écrit de ma main sur une feuille perdue dans une boîte à souvenirs, le cinq avril mille neuf cent quatre vingt dix-sept.

"Justine ma tendresse, j'aurais pu te regarder dormir dans mes bras, te prendre en photo, te réveiller de baisers, te filmer à la caméra mais, il est plus sage de te laisser dormir.

Voilà un mois que tu illumines mon cœur de maman. J'aime ton odeur, nos caresses. Tes deux petites étoiles aux couleurs de la terre, sont remplies de tendresse. Je suis une maman comblée par l'amour que vous me donnez tous les trois avec Kévin, ton petit câlin et Sarah, ta bonne humeur.

Ma petite puce, je ne t'ai pas désiré de la même manière que ton papa t'a voulu, mais quand l'infirmière t'a posé sur mon ventre à ta venue dans ce monde, j'ai compris ce matin-là que je t'aimerais jusqu'à la fin et au-delà.

Il est dix neuf heures, cela fait une heure que ton papa est allé rendre visite à sa famille sans nous, encore une fois. Mais ne t'inquiètes pas, je suis près de toi et je n'ai pas l'intention de fuir mes responsabilités. Tu es ce qui est de meilleur pour moi, tu le comprendras bien assez tôt dans mes mots. Je t'aime mon ange, endors-toi tranquillement, maman est avec toi."

Tant de souvenirs Bobby, pour une seule attirance, c'est tout.

Tout est fini.

Le temps de la création, nous avons existé.

 

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

12 février 2014

L’empire volcanique.

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Le mardi treize décembre mille neuf cent quatre vingt quatorze, un nouveau tournant s'annonce dans notre vie. Les enfants sont heureux de ce nouvel espace visité tout près de leur école primaire.
Une semaine plus tard, le Seigneur nous offre beaucoup de courage et de force, pour déménager deux appartements et ensuite en aménager un seul, pour deux femmes et deux enfants.
Pour nous récompenser, nous nous sommes offert un merveilleux Noël. Même nos amis les bêtes ont mangé leur pâté, sur un set de table au sol.

Comme toutes les nouveautés dans les premiers temps, notre entente tous les quatre semble être satisfaisants. Ma mère travaille comme secrétaire à cinq minutes de la maison et moi, je m'occupe de l'entretien de la maison et des enfants. Elle ne voit plus du tout mon beau-père violent.
Benoit devient son unique, elle le rencontre hors de la maison. D'un commun accord, tous les deux ont pris l'initiative de se séparer, pour atteindre une meilleure entente sentimentale.

Le week-end, nous projetons une sortie tous les quatre dans la campagne, pour faire courir le chien ou aller faire du lèche vitrine. Si les finances ne nous le permettent pas, nous jouons sur la place devant l'appartement, à la balle aux prisonniers.
Sous un revers de médaille, nous semblons vivre des jours heureux. Ma mère a sa fille près d'elle et moi, j'avais mes enfants près de moi.
Ce qui parfois pouvait m'épuiser, était son habitude à faire de nos journées matinales, le jeu du pile ou face. Pour elle, nous sommes une chose, une simple pièce de monnaie entre ses mains, nous ne savons jamais ce qui va nous attendre, une fois avoir mis le pied à terre.
À l'heure de mon café matinal, je me suis surprise à observer régulièrement les pas de ma mère et son humeur, avant d'aller réveiller les enfants. À mes yeux, c'est un acte normal. Si elle boit son café debout dans la cuisine, pour avoir la paix, je sais qu'il faut garder le silence le plus possible.
De temps en temps le dimanche, avec gentillesse elle nous dresse le petit déjeuner sur la table du salon, là nous sommes certains d'être tranquilles pour la journée.
Sous l'autre revers de la médaille, ma vie replonge dans une succession d'angoisse.
Mine de rien j'acquiesce à ses dires, face à ses sauts d'humeurs quand elle a envie de parler méchamment "des autres".
Sa mère naturelle l'avait abandonné à la naissance, elle était une femme légère, une moins que rien.
Là, j'avais soudainement une famille. Être ainsi, reste dans les gènes me dit-elle souvent, si je viens à ne pas éduquer mes enfants comme elle, le désire.
Je suis aux yeux de ma mère, une personne faible et je le resterais toute ma vie. Comme elle, je me ferais toujours avoir par les hommes. Ha moins de devenir une femme soumise, si je l'avais été j'aurais gardé mon mari et je ne me battrais pas seule à élever mes enfants!
Ce sont ses mots d'amour, toujours pour mon bien-être, paraît-il...

Je me sens coupable. Coupable, de parler d'elle de cette manière. L'enfant doit-il être toujours soumis à son parent?
La vie m'a-t-elle rendu soumise?
Elle est ma mère, ma seule identité. Je ne connais personne d'autre de ma famille. Et pourtant, la famille de son fils était grande. Qui est son fils, partageons-nous vraiment le même sang maternel?

Enfant, sur l'émission télévisée de TF1 je me suis toujours sentie à l'aise devant le dessin animé de Rémi d'après le roman d'Hector Malot, "sans famille".
Mon karma tient il a un conflit de générations? Non, ce n'est pas possible. Le destin ne peut pas être la conséquence directe d'un karma. Mais alors, où se cache mon libre arbitre?

Au fur et à mesure de mes écrits, les réponses pêchées au fond de mon cœur me montrent la qualité de ma canne à pêche ravinant les questions hameçons en balade dans l'esprit.

De sa bouche, je préfère passer sur ses jugements et ses moqueries envers toute la famille, en général. Un souvenir douloureux me revient en mémoire. Il est mieux de ricocher au plus simple. Diviser pour mieux régner, est toujours resté son dada favori.
De ses mains, restent ses envies soudaines de faire la toilette intime à ma fille à l'âge de sept ans. Bien plus tard, mon enfant m'avouera sa gêne quand Mamie lui faisait mal, en la séchant avec une serviette après le bain.
De cette nouvelle prison, la lave s'est échappée à bride abattue. Dans ce labyrinthe où mon corps parle plus fort que mon esprit, une autre cicatrice et une nouvelle souffrance apparaissent silencieusement.
Avec le temps, je réalise avec douleur un fait relationnel entre ma mère et moi: "si je vais bien, elle va mal. Si je vais mal, elle va bien."

Quelques minutes de silence viennent me coller à la peau avant de mettre la clé de contact pour continuer mon voyage dans le temps. Je m'octroie une petite pause avant de décider de m'envoler. Dans une prochaine suite de mots, j'imagine Merlin l'enchanteur à mes côtés pour m'épauler. J'aimerais vivre un voyage à la vitesse de la lumière.

 

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

12 février 2014

Le parfum de la mouette.

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Aujourd'hui doit devenir le premier jour de plénitude, du reste de mes jours.
La vie est rapide, j'ai besoin de la vivre dans le plus haut degré. Mes yeux se lèvent vers le ciel quelques minutes, puis redescendent sur le miroir fixé au mur au-dessus de la coiffeuse. Un long silence me parcourt le corps.
Peut-être si j'étais plus heureuse à l'intérieur, mes cheveux ne tomberaient pas.
Ma tête me fait mal, les migraines recommencent. Je me demande si le mal de vivre s'est déclenché avec des idées farfelues qui traînent dans mon esprit.
Je devrais recommencer le footing, il faut que je le fasse vraiment cette fois-ci. Peut-être aussi, je devrais m'envoler vers un voyage. Des personnes rêvent de partir à Paris comme l'accomplissement d'un voyage romantique, moi j'ai toujours rêvé de partir quelques jours à New York. La hauteur m'apporte le vertige et pourtant, je me verrai bien en haut d'un building, pour pouvoir observer le monde et ressentir d'une infime sensibilité, ce que Dieu peut ressentir si haut dans son univers.
J'ai besoin d'un bouleversement dans ma vie, un changement radical.
Oui, c'est de ça que j'ai besoin et puis, je vais ouvrir un bouquin plus souvent, il faut que je m'améliore dans la langue française. Et pourquoi je n'apprendrais pas l'anglais? Quand j'étais jeune à l'école, je me souviens avoir eu dix-huit sur vingt dans cette matière. En musique aussi j'étais excellente, je devrais apprendre à jouer d'un instrument. Ma mère jouait au piano admirablement.
Si j'arrêtais de tout remettre au lendemain, je serais ravie. Ce serait cool pour les enfants.
Je devrais revoir à bien gérer mon temps, je suis en sécurité à présent.
Je devrais aussi cesser de faire croire à tout le monde que je vais bien. C'est lamentable.
Et si je cessais définitivement de ressentir le besoin de m'excuser d'être en vie, devant ceux qui me blessent, serait un premier pas. Mais aussi, peut-être que ça ne vient pas de moi. Peut-être, c'est à cause de la fabrication de mon grenier qui me sert de cerveau.
Oui, le problème vient de là, j'ai eu une mauvaise cohésion à la naissance. Maintenant il est trop tard, je serai laide jusqu'au bout. Rien ne pourra changer cette idée.
Je délire, il faut que j'aille chercher de l'aide. Je dois aller chez le médecin, le cliché que je reflète me déplaît.
Je n'ai pas le temps, c'est impossible.

Il fut un temps où j'ai éprouvé le besoin de tomber amoureuse. Il y a bien longtemps que je n'ai pas ressenti ce bien-être.
En tout temps, je dois être sure de moi. Est ce que ce n'est pas ce qui attire les hommes?

Un jour à vingt neuf ans, j'ai de nouveau déménagé avec les enfants.
D'un trop-plein de solitude, ma mère a eu envie de s'engager dans la location d'un spacieux appartement, pour y vivre tous ensemble. J'ai été favorable à sa démarche, on a tous besoins d'amour et tout le monde peut changer. Ma mère a toujours été habile dans ses mots et dans ses gestes pour obtenir ce qu'elle souhaite. Auprès d'elle, j'ai compris qui je devais être.

.../...

 

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

11 février 2014

L'amour est un long procès.

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Trop confiante, trop aimante, je me sens victime.

Être devenue une femme divorcée a été pour moi, comme si j'avais déchiré l'énoncé d'un problème que je ne suis pas parvenue à résoudre en baissant les bras par obligation, contre ma volonté.
J'ai découvert mon conjoint, différent de l'image que j'avais de lui. J'ai rencontré un agneau et j'ai quitté un loup.
Divorcer est un acte de courage, il faut repartir à zéro malgré un terrible sentiment d'épuisement. Il faut admettre l'échec d'un rêve, auquel on a cru de toutes ses forces.
Je dois absolument ajuster mes désirs à la réalité, aucun être ne peut nous combler totalement.
Le divorce est plus qu'une rupture, plus qu'une simple séparation, plus qu'un déchirement.
Cet état de fait, est un deuil de l'autre et de soi-même. Le deuil d'une vie sans doute trop rêvée qu'il nous faut se résoudre, un jour ou l'autre, à purger d'un trop plein d'illusions.

Le gris de ma vie est derrière moi. La vie est faite de mille couleurs, elle nous permet de reprendre gout pour poursuivre et faire de notre demeure prochaine, un petit paradis.
À cette ancienne époque dans le petit nid d'amours de maman à temps plein, après la naissance de mes deux amours, pour la troisième fois j'ai vécu ma plus belle réussite à l'aube de mes vingt sept ans.
J'ai appris de nouveau talent comme changer la moquette, me servir d'une perceuse pour la décoration murale. J'ai même posé moi-même la tapisserie et bien d'autres découvertes.

Comme ce temps est si loin...
Dans cet instant précis, j'aimerais pouvoir me déconnecter ou plutôt, me télé-porter vers la couleur rose.
Malgré tous mes désirs, je dois poursuivre la route que je me suis fixée, en gardant la foi à n'importe quel prix. Je suis une femme courageuse, j'aime me le souffler à l'oreille.

Mon ancien compagnon a perdu son autorité parentale, pour la violence qu'il a fait vivre à sa famille. Il lui a quand même été accordé deux dimanches dans le mois en droit de visite. Il ne s'est jamais battu contre cette décision juridique. La seule chose qui l'a interpellé a été de s'opposer à la pension alimentaire réclamait pour nos enfants.
En tant que femme battue, je pouvais demander une pension alimentaire pour les dégâts causés sur ma personne. Je n'ai rien désiré de lui, je voulais en finir définitivement.
Jamais il ne manquait un dimanche pour venir chercher les enfants à mon domicile malgré parfois, quelques petits refus de la part de notre fille. Je ne pouvais aller contre, il me fallait agir avec ce que la loi avait décidé, pour éviter d'avoir des ennuis de non-représentation d'enfants.
Je trouvais toujours les mots qu'il faut, pour aider ma petite princesse à donner la main à son papa, sans moi.
J'étais ennuyée de cette situation. Son nouvel appartement ne comportait que deux pièces et une salle de bain avec toilette. Il n'y avait pas de cour ni de terrasse. Parfois, il lui prenait l'envie de sortir quelques heures pour jouer avec les enfants dans une aire de jeux. Par mauvais temps, ils étaient enfermés tous les trois derrière des volets qui cachaient la lumière du jour. Les enfants jouaient pendant des heures à la Nintendo et lui allait faire une longue sieste...
De temps en temps, je trouvais une excuse pour aller leur rendre visite l'après-midi. Les enfants étaient pleinement joyeux de me sentir prés d'eux. Puis, sans comprendre pourquoi, Adrien a fini par refuser ma présence, pendant son droit de visite. Il ne m'a apporté aucune explication.
Dans mon cœur de maman, j'avais un mauvais pressentiment.
Seule, que pouvais je faire à cela...

Un jour, en parlant de l'inquiétude et du refus de ma petite princesse face aux droits de visite de son papa, je me souviens avoir dit à une amie:

- et si mon ex-mari profitait de cette occasion pour s'amuser intimement avec Sarah?

- Ho non Jeanne, ne pense pas à cela, autrement tu ne vivras plus!

Tout en gardant une attention particulière sur mes deux bambins chéris, j'ai chassé bien vite cette idée de ma tête.
Dans les yeux de mes deux petites lumières angéliques, sur un chemin futur j'ai regardé l'avenir.
Et sur mon chemin de vie tout à fait personnel, j'abordais toujours avec crainte la solitude.
De jour comme de nuit, j'essayais d'oublier tous mes mauvais souvenirs. Petit à petit, j'ai même réussi à ôter les chaises qui bloquaient la porte d'entrée de notre nouvelle maisonnette. Pour éviter de faire ressentir mon mal-être à mes enfants, de nouveau je me suis oubliée encore une fois, sans avoir à demander une aide morale à personne pour poursuivre, notre vie.
Je savais le faire. J'étais rodée.
Les enfants, la famille, les quelques amis étaient à mille lieues de se rendre compte que la personne qu'ils avaient en face d'elle, souffrait intérieurement d'une immense solitude.
J'étais facile à vivre. J'arrivais à être superficielle avec ma mère qui restait toujours sarcastique envers nous. Patrick était devenu mon meilleur ami et il était apprécié beaucoup par les enfants. Personne ne se rendait compte de rien. J'avais l'impression que cela m'apportait une puissante force.
Cependant, en craignant le rapprochement des personnes extérieures que je pouvais rencontrer, tout au fond de moi je réalisais à quel point je souffrais d'une solitude chronique.
J'ai vécu avec un étrange sentiment d'être deux personnes dans le même corps. D'un côté, une maman aimante et attentionnée, de l'autre côté une femme que personne ne pouvait aimer. En silence, mon corps me répugnait.
Ce fléau m'est resté dans la peau de longues années...

Mon meilleur bonheur était de voir grandir mes enfants dans le calme retrouvé. Notre maison était mignonne. Nous avions l'impression de vivre tout en haut d'une tour de château fort. À cinq ans, ma petite rose a fait sa première déclaration d'amour à la fenêtre du séjour en criant, "je t'aime" à un petit copain de classe, pour rapidement aller se cacher sous le lit, n'ayant pas remarqué les parents du petit qui l'accompagnait.
Quand nous étions réunis tous les trois, j'étais la maman la plus heureuse sur la terre.
J'ai savouré des instants de bonheur à l'état brut chaque seconde. Parfois j'avoue, avec un peu de peur, quand Kévin est monté en haut de l'escalier qui menait à la mezzanine et m'a crié:

-regarde maman, je vole!

Mon pauvre petit blondinet a fait une chute en dégringolant d'une dizaine de marches se prenant pour Superman!
Heureusement il n'a rien eu de cassé, juste ses deux dents plantées dans sa lèvre inférieure arrivée en bas, et fière de lui pour avoir réussi son envol.
Je me souviens aussi de ma belle Sarah qui voulait présenter son petit oiseau au chat de la maison. Le pauvre petit cœur à deux pattes a fini ses jours dans le ventre du chat, derrière le congélateur.
 J'ai des souvenirs plein la tête des péripéties enfantines de mes deux petits caïds, gardés bien au chaud dans mes journaux intimes et au fond de mon cœur.

Mes deux rayons de soleil me sourient dans un cadre fait main, fabrication de l'école maternelle sur le côté gauche de mon bureau et, mes déboires sont posés un peu éparpillés de partout non loin d'eux.
Le passé refait surface devant mes yeux et j'ai pourtant l'impression de devoir plonger au même rythme, encore et encore. 

En toute simplicité je vais essayer de faire un nouveau pas. C'est si important, pour l'avenir qui s'offre à moi généreusement . Grimper dans cette machine à remonter le temps est un challenge où le seul prix mis en jeu, reste un avenir heureux pour les années qu'il me reste à vivre.

 

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

11 février 2014

Pour le pire et le meilleur.

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"Nous sommes au mois de mai, mille neuf cent quatre vingt onze, je ne sais même plus quelle date on est.
La violence d'Adrien persiste depuis cinq mois. Je n'ai plus aucune tranquillité mon cher journal. Juste celle de venir prés de toi, toujours barricadée dans la salle de bain.
Mes petits amours sont en vacances une semaine chez la marraine. Ils me manquent. Je ne dois jamais baisser les bras tant que j'ai encore quelque chose à donner. Je pourrais fuir, me rendre dans un foyer avec mes bébés mais je ne veux pas de cette vie pour eux. J'ai si peur qu'ils viennent me les enlever. Mes enfants ne méritent pas cette vie. Je ne sais pas pour combien de temps j'arriverai à les protéger, je suis la seule à subir et c'est tant mieux.
Un jour j'écrirai le livre de ma vie et je parlerai de toi, mon plus fidèle compagnon de route. Je ne pense pas avoir les talents nécessaires pour le publier mais il sera un témoignage pour mes enfants et petits-enfants, il y a tant de choses à retenir dans ma pauvre vie.
Hier après midi, je me suis rendue à la société de location de notre appartement. Mes forces disparaissent de jour en jour, Adrien garde tout son argent pour lui, je n'ai pas grand-chose à manger, d'une course de quelques minutes j'ai mis trois heures. Heureusement, j'ai quelques gentils voisins qui m'aident à me nourrir. Les mots usent aussi. La veille, Adrien m'a dit:

- Ici tu n'es pas chez toi il faut que tu dégages, autrement je te ferai partir de force l'appartement et à mon nom et s'il le faut te tuer pour avoir la paix, je le ferai!

À mon grand étonnement, quand je suis rentrée dans le bureau de location tout le monde me connaissait, j'ai été très touchée de l'accueil.
Entre mes larmes, j'ai entendu quelques mots d'un homme d'un certain âge, me montrant mon contrat de location:

- Regardez Madame, vous êtes aussi bien chez vous que chez lui. Le contrat est resté au nom de votre mère et les locataires sont au nom du Monsieur et de Madame, c'est-à-dire que vous êtes aussi bien chez lui que lui est chez vous!

Avant de quitter les lieux, le Monsieur m'a glissé un petit mot dans la main tout en me disant au revoir en me souhaitant beaucoup de courage. "En sortant d'ici, remontez la rue et quelques maisons au-dessus de chez nous, vous y trouverez le secours catholique. Ma femme y travaille, dites-lui que vous venez de ma part et elle vous remettra du linge pour vos enfants, des biberons en verre, des couvertures et un carton alimentaire. Bonne chance!"
Je n'ai pas trouvé de mots pour le remercier infiniment. Seul mon merci lui a fait comprendre toute ma gratitude.

Je vais m'allonger cher journal, je reviendrai vers toi dès qu'une occasion me sera possible. En attendant, protège-moi."

Ainsi mes derniers jours aux côtés de mon ex compagnon se sont passés. Jamais il n'a eu l'occasion d'ouvrir mon journal intime. J'ai eu la chance de savoir le cacher au bon endroit. Un jour il m'a dit:

"- quand les enfants seront grands tu leur diras ta vérité et moi je dirai la mienne. Ils comprendront quel genre de femme tu es réellement, tes mensonges ne serviront à rien, Jeanne."

Il n'a jamais été informé de mes lignes.
Je ne suis pas une personne parfaite pour venir le juger, la perfection n'est pas de ce monde. Nous faisons tous des erreurs. J'éprouve seulement le besoin de m'exprimer, d'évacuer un trop plein.
Ma seule erreur a été de l'aimer. J'aurais aimé avoir eu mes enfants avec un autre homme que lui. Je suis cruelle. Est-il égoïste de penser ainsi?
Ma seule erreur a été de lui faire confiance. J'aurais aimé qu'il en soit autrement.
Oui, j'aurais aimé écrire autre chose...

En juin de la même année, j'ai eu le bonheur d'emménager dans un appartement pour enfin sortir de ses griffes. Un petit studio de vingt mètres carrés pour les petits, le chien et moi était le plus beau cadeau que ma mère puisse me faire.

À cette époque, un voisin m'a rapporté qu'il semblait vivre comme un clochard. Sa belle l'avait quitté quelques jours après mon déménagement, parce qu'il n'avait plus de biens.
Il a aussi perdu son travail, il ne pouvait plus assumer son loyer. Par pitié, ses amis ont eu envie de l'héberger et par coïncidence, quelques pâtés de maisons non loin de notre petit studio de repos.

En attendant la fin de notre divorce, je le laissais rencontrer nos enfants, deux à trois fois par semaine dans la rue puis, à la maison pour le bien-être de mon petit costaud qui me répétait vingt fois par jour, "quand papa revient?"
Adrien était gentil comme jamais je n'ai connu venant de lui, d'une extrême douceur envers nous trois. Nous avons essayé de refaire un petit bout de route ensemble.
Un tout petit bout de temps, je ne pouvais plus coucher avec lui.

Un vase cassé, même en recollant les morceaux, le vase aura toujours une fragilité.

Une nouvelle maison pour les enfants et moi-même et un autre pour lui, c'était mieux ainsi.
J'ai gagné mon divorce pour faute et relation extra conjugal, officiellement finalisé trois ans plus tard. Adrien a exercé pendant quelques années, un droit de visite sur les enfants.
Et ainsi se terminerait notre histoire, si quelques anciens démons n'étaient pas revenus le hanter. Plus tard, oui beaucoup plus tard je reviendrai vers lui...

Un grand soupir, je peux reprendre l'ascenseur en veillant bien à fermer la porte à clé derrière moi.

 

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

10 février 2014

Mon compagnon de nuit.

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À force d'encaisser tous les coups, on arrive à vivre avec ses tempêtes. Dans cette vie, oser dire qu'il ne peut pas m'arriver pire que ce que j'ai vécu et de même à me dire, demain j'irais me faire pendre haut et court. Dans mes heures de détresse aux côtés de mon ex-mari, je me souviens avoir supplié Dieu de me faire visiter le cœur par des personnes habitées par l'amour. Aujourd'hui en rédigeant ces lignes, ma prière a été entendue.

Être riche ou pauvre, tant que nous serons tous en vie, nous porterons notre croix, il ne peut en être autrement. Ève l'a désiré ainsi. Cependant, à la croisée des chemins, rencontrer un peu d'amour décuple nos forces pour poursuivre.

En regardant le monde autour de moi, je ne connais pas un seul être sur terre qui n'a jamais souffert.
Soudainement, je me demande si ma théorie à un sens.
Imaginons un homme royalement aisé qui, par un accident domestique sa maison prend feu, et malheureusement vient à perdre ses deux membres. De ce drame, dans la bouche de la société on entendra par exemple, quel grand malheur et aussi, comme quoi l'argent ne fait pas le bonheur...

Malgré tout, avec son capital récolté d'une excellente assurance sur la vie, il pourra tout de même se soigner parfaitement et continuer sa vie de gentilhomme. Cet homme choqué et abattu pourra se payer les meilleurs médecins parce que sa situation financière le lui permet et, continuer à vivre sa vie en fauteuil roulant. Il vivra des jours avec joie et des jours sans. Sa maison sera parfaitement agencée pour lui être agréable et il pourra continuer de faire briller ses yeux vers de nouveaux paysages. Il aura ses instants de faiblesse, ses nuages au-dessus de la tête tout comme un simple ouvrier dans la même situation, enfin presque. Celui-ci perdra peut-être son travail, manquera de soins parce que se soigner correctement a toujours été un luxe. Ses amis lui tourneront le dos, parce que quand tu cherches à te débattre longuement, tu deviens une charge un jour ou l'autre.

Dans cette ressemblance d'histoires vécues, on pourrait se demander qui de ces deux personnages est le plus malheureux.
Personnellement, Il n'y a pas de souffrance plus ou moins forte. Lorsque la souffrance physique ou morale prend place en nos cœurs, elle est unique.

Si on vient me demander pourquoi je ne suis pas gâtée par la vie, je réponds le plus naturellement possible: je suis gâtée, j'ai la chance de savoir aimer, ceci n'a pas de prix et mérite tous les voyages du monde.

Sur mon parcours, j'ai manqué de soins médicamenteux tout le long de ma vie par faute de moyens. Je suis déclarée handicapée psychique parce que la vie m'a fait mal à répétition. Mon handicap ne se voit pas, je le vis. Je n'ai pas d'amis, ou si peu. Les gens travaillent et moi je suis renfermée, sur moi-même. Je ne trouve pas de porte de sortie. D'apparence rien ne se remarque, je ris je pleure je mange je vis. Et par-dessus tout, j'aime.

Mon cœur est cabossé d'un lourd accident de la vie, j'écris sans réfléchir et je me questionne pourquoi la vie m'a apporté ces chemins tortueux, ces haltes, me situant si souvent en face d'un hall de gare où tous les gens semblent courir après une destination. Je dois avoir eu un regard sur la vie complètement faussé dès le début, la vie s'est chargée de me renvoyer la même image.

Je chasse le rêve de ne plus espérer à réussir une vie de couple heureuse. Après tout, aimer n'est pas s'appartenir.
La vie est comparable à un ascenseur vers le bonheur.

J'ai peur de prendre l'ascenseur. Tiens, ça va bien avec moi cette idée. Chaque étage est un passage. Une fois la compréhension d'un épisode de notre vie achevée, nous avons le droit de nous diriger vers un autre étage. Le but est d'essayer chaque étage, pour continuer de comprendre et, devenir meilleur et humble jusqu'au dernier jour.

Je balade sur la terrasse du onzième étage de mon gratte-ciel, je regarde l'horizon au loin et le reflet d'autres visages apparaissent. Loin dans les montagnes, avec le courage il me faut atteindre une compréhension légitime.
Pour une meilleure réussite, je vais redescendre quelques étages en dessous, redescendre pour mieux déchiffrer ma vie. Il manque quelques pièces à mon puzzle.

Au quatrième étage je vais retrouver Adrien, je n'ai peut-être pas refermé la porte à clé derrière moi...

 

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

6 février 2014

Pour le meilleur et pour le pire.

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Cher Adrien.

Une dernière marche arrière vers toi. Une manœuvre sans détour avec la force et sans lacune, pour un jour réussir à poser enfin, un regard paisible sur ma vie future.

Le dix juin mille neuf cent quatre vingt cinq, je vais bientôt avoir vingt ans. J'ouvre la page de mon journal intime et mes yeux font une halte sur la première phrase de mon carnet. "Je désire du fond du cœur enterrer mon passé et croire au bonheur de réussir, là où mes modèles ont échoué."

Toi ma porte de sortie, ma liberté vers un monde meilleur, ami de la famille avec deux ans de plus que moi, rapidement nous sommes devenus très proches l'un de l'autre.
Notre premier baiser sur les lèvres a été lors d’une soirée entre amis. Réservée dans l'âme, quand il est question de parler de ma vie, sans me connaître entièrement et sans penser faire mal malgré tout, nos amis en commun ont désiré me faire une petite blague en me faisant boire quelques alcools mélangés. Touchant à l’alcool pour la première fois, je ne me suis pas aperçue du goût différent de mon verre dans le sirop à la violette, fait maison par mes soins.
Recevoir à la maison était toujours un plaisir et une bonne occasion de faire découvrir mes nouvelles créations. Avoir été une servante sous le toit de mon père adoptif puis, bien plus tard sous celui de ma mère, j'ai eu assez de temps pour m'initier à la cuisine et découvrir mes propres talents dans plusieurs domaines culinaires.
En plus, celui-ci était très simple à réaliser et les violettes parfumées dans le jardin me tendaient les bras. J'étais très fière de ma nouvelle préparation.
Tous les deux, nous avions décidé de laisser nos soucis sous le paillasson, devant la porte d'entrée. Je me suis souvent éclatée de rire, toi aussi. Nous étions insouciants et je pense que ces échappatoires présentées me permettaient d'évacuer mes tensions familiales. Alors le mal de tête le lendemain, a été supportable. C’était assez rigolo d’être sur un bateau sans y mettre les pieds.

Te souviens-tu de notre excitation à vouloir prendre l’air au parc, en plein milieu de la nuit est de faire une partie de cache-cache? Nous nous sommes si bien cachés tous les deux dans les feuillages, le temps d'être retrouvés par les autres, cela nous a permis de nous étreindre tendrement. Tu étais d'une grande douceur, attentif et charmeur. Ce premier soir, j'ai découvert une douce drogue sur tes lèvres délicieuses sans violence. C'était un plaisir agréable.
Notre corps à tous les deux était vierge, ce qui parfois nous rendait maladroits et innocents sur les préliminaires d'un couple amoureux au début d'une histoire.
Dans ce partage d'intimité nocturne, tu me sentais craintive et hésitante. Ta patience m'a donné une impression d'avoir le cœur qui flotte sur un petit nuage. L'heure avait mis son costume de disponibilité rien que pour nous deux. Mon plus grand souhait déposé dans ton oreille ce soir-là, était de rester vierge en me donnant à toi après le mariage. Tu as mis tout en oeuvre pour me faire penser autrement.

 Trois mois se sont écoulés vers une découverte enrichissante pour l'un et l'autre. Après nos nombreux échanges affectifs et dialogues dans beaucoup de domaines, toi mon premier amour, j'étais certaine que tu deviendrais définitivement mon mari devant la loi. Inconsciemment, il paraît que nous recherchons dans la vie des personnes qui portent les mêmes blessures que nous. Nous nous sommes confié beaucoup de secrets, sauf les plus personnels... Mais peu importe, nous étions jeunes et si l’amour était aussi présent qu'il le paraissait, nous serons tous les deux gagnants, pensions-nous.

Du plus profond de mon cœur, j'ai tellement désiré connaitre le gout du bonheur.

Trois mois d'explorations exceptionnelles pour tous les deux, aucune tension.
Originaire du Nord de la France tout comme moi, tu décides de rentrer à Auby pour régler des affaires familiales. On se téléphone tous les soirs, tu me promets de revenir bien vite vers moi au prix d’abandonner tes parents malades qui s’opposent à notre relation, même à oser me téléphoner pour m’injurier. Sylvie, ma future belle-mère ne m'appréciait pas.

« - Comment oses-tu nous voler notre fils, tu n’es qu’une moins que rien. Il n’y a que le train qui n’est pas passé sur toi ! »

J’ai eu très mal. Comment pouvait-on juger ainsi une personne, sans la connaître ?  Il m'a été facile de lui pardonner quand j'ai compris que ton départ de la maison familiale lui brisait le cœur. Elle avait tant d'amour pour toi.
Tu m’écrivais tous les jours, pour me faire patienter. Nous avons échangé des correspondances pendant six mois. Se lassant de voir son frère, sa moitié, son jumeau malheureux, Jacques décide de t'offrir un voyage vers l’amour.

L’homme de ma vie de retour près de moi, j’étais si heureuse. Je me sentais femme pour la première fois. Tout allait bien entre nous, je voulais un enfant de toi, construire ma propre famille. La mienne sera équilibrée. J’en avais la force à l’intérieur.

Enfant, je me souviens avoir espéré quatre enfants, sans papa. Un papa fait mal à son enfant, un papa est méchant.
Proche de toi, je me suis oubliée.
Nous partageons notre petit nid d’amours, dans le même appartement de ma mère. À cette époque, elle vivait seule. Tu n'as eu aucune opposition à venir habiter avec nous.

J’ai tant espéré construire un foyer pour l’enfant que j’allais mettre au monde, en février mille neuf cent quatre vingt huit. Tu travaillais et l’idée de te soumettre d’acheter quelques meubles est vite tombée à l’eau quand tu me disais souvent :

« - On est bien ici, chez ta mère, Jeanne. Pourquoi s’embêter à payer des factures alors que l’on peut s’acheter des choses bien plus intéressantes. On verra cela plus tard, cesse de t’inquiéter. »

Tu étais heureux dans ton petit confort matériel. Tout en donnant une participation financière tous les mois à ma mère, tu pouvais t’acheter une chaîne musicale de haute fidélité, t’offrir les dernières musiques de groupe de chanteurs préférés et j’étais à ta disposition quand tu avais envie de faire l'amour.

Manque d'espoir, le temps de l'indifférence montre son nez. À peine deux ans à tes côtés, plus rien ne te ressemblait. En prétextant vouloir mon bonheur, les masques sur ton visage m'ont très vite déstabilisé.
Les fins de semaine après le travail, tu m'emmenais en course et sans ma présence tu allais te balader dans les rayons pour draguer les filles.

"Tous les hommes font ça après le travail, on bosse il est normal que l'on décompresse un peu avant de rentrer! Tu n'arriveras pas à me mettre en cage alors cesse d'être jalouse c'est toi que j'aime ma chérie!"

De retour à la maison, au carnaval familial si j'oserais dire, tu enfilais rapidement le masque de la douceur. Chaque soir, tu étais fatigué pour m'aider à débarrasser la table dans la cuisine en prétextant réchauffer ma place au lit. Chaque soir, tu trainais dans le salon pour apercevoir ma mère en chemise de nuit transparente...

Pour écarter tes sauts d'humeur journalière, je m'abstenais fortement de te faire remarquer tes habitudes parfois trop choquantes.

Concernant nos rapports sexuels, je ne réussirais même pas à t'en parler correctement.
Petit à petit, ils sont devenu très rares. Je te fuyais. Je fuyais tes mains, ton corps, tout ce qui me rappelait une maltraitante passée avant de te rencontrer.
Je suis devenue ta "chose", ton meuble chauffant, la réalisation de ton excessif fantasme.
Souviens-toi, je devais me mettre dans la peau d'une poupée, nue, assise à côté de toi sur le lit. De longues minutes, qui pour moi paraissaient des heures, tu jouais avec ta poupée...

Je ne peux retourner sur ce passage de ma vie, seuls toi et moi savons.

Tu m'as promis la liberté pour m'enfermer dans ton monde.
L'unique personne où je pouvais aller chercher secours était ma mère, bien évidemment. Elle savait parfaitement comment tirer mes ficelles et aux yeux de ceux qui nous entouraient, tu étais presque l'homme parfait.

"- C'est ainsi la vie, Jeanne. La femme doit être soumise à son mari et satisfaire tous ses moindres désirs sans avoir à dire son mot. Tu as voulu la liberté, tu assumes maintenant!"

Face à ses mots, ses nombreux regards, face à ta présence, tes masques, je n'étais plus une adulte. De jour en jour, pour votre bon plaisir, de nouveau j'avais l'impression de me comporter comme une petite fille angoissée à chacune de vos paroles.

Le seul acte d’amour certifié, à mes yeux, a été de désirer l’enfant que je portais.

Ma poupée d’amour, ma douce Sarah, a comblé mon cœur de maman dès sa venue au monde, le trois février mille neuf cent quatre vingt huit.

La vie a suivi son cours avec quatre personnes dans le même foyer, sous des aspects différents pour chacune. Un mode de vie qui m'a obligé de continuer à écrire à côté du silence pour me sentir vivante.

Pour toi, l'ouverture d'un de mes journaux intimes.

"Dix-huit septembre mille neuf cent quatre vingt huit.

Mon cher journal, voilà quelques jours que je ne suis pas venue à toi, étant invités au mariage de Didier et Laura son épouse, ce dix juillet. Pour cette occasion, toute la famille de mon demi-frère était présente. De mon côté, mon mari et ma mère paraissaient avoir un côté positif et amusant. Leur humeur m'a permis de souffler un peu pour ce jour de fête.
Je me demande dans quel lac je vais être obligée de plonger demain?
Le pire semble encore présent. Je n'ai plus d'amis, plus de famille, ma mère se transforme en bourreau d'enfants et mon futur mari me fait de plus en plus peur. Je suis sans argent, sans toit, je n'ai plus de maison, plus d'amis et plus de cœur. Je dois subir, je suis née pour subir. Heureusement, seuls l'amour et son immensité pénètrent encore mon corps.  Je me demande d'où me vient cette force intérieure qui me permet de tenir debout.
Ne sois pas inquiet mon cher journal, l'amour vit en moi et m'apportera, le plus longtemps possible, une force décuplée pour les miens.
Ma fille mon enfant, mon plus beau rêve est arrivée dans ma vie. Elle ne sera pas la dernière, si la vie m'en laisse le choix je vivrais à travers eux en leur offrant tout ce que j'ai manqué.
Je me sens bien ce soir à tes côtés, tu es le seul avec qui je peux parler, sans barrières, sans me faire culpabiliser...
Le mois dernier, la vie m'a offert un répit de quelques heures, cela m'a soulagé un peu. Retour à la réalité. Vingt quatre heures de bonheur envolés précipitamment. Une fois le mariage terminé, deux jours plus tard sans un mot, sans un au revoir, l'homme qui m'a reconnu et élevé pendant plusieurs années est rentré chez lui en compagnie de sa mère et de sa nouvelle épouse.
De nouveau, je n’existe plus à leurs yeux. Ma vie se répète inlassablement.
Mes larmes coulent sur mes mots, je me demande si j’ai existé un jour, pour eux…
J’ai été très malade. Selon le médecin, j’ai déclenché ma première crise d’asthme. Il m’a prescrit une série de piqûres pour quinze jours et je dois me reposer le plus possible.
Un repos bien difficile avec les sept mois de ma petite poupée, mon cœur, ma vie, Sarah. Comme je l'aime!
Tu la verrais, elle est si belle avec son sourire malicieux lorsque je viens la chercher dans son petit lit rose. Pour elle, pour mes futurs enfants, je donnerais ma vie..."

Je me demande ce que tu peux ressentir à lire un petit bout de ce journal, Adrien.

Dans les jours qui ont suivi mes mots, tu as décidé de m’échapper dans un éternel refrain du métro, boulot, dodo. Les dialogues n'existaient plus. Notre complicité a pris place à la routine, jusqu’à ce que je décide de t'offrir un autre enfant, l’enfant de la réconciliation.
Ma mère de moins en moins à la maison, batifolait dans les bras d'un seul homme. Tu semblais être redevenu "normal", heureux de notre nouvelle naissance.

Un jour ma mère m'a dit: "bien heureux l'abruti qui décide de faire un enfant pour consolider son couple!" "Si notre fils doit arriver, qu'il en soit ainsi. J'aime à croire que de me classer dans la génération des abrutis bien heureux, me sera profitable. Devenir une "con-jointe" respectable, donner la vie et ma vie pour mettre au monde l'enfant de l'univers est la plus belle réussite, qui puisse m'arriver."

En mai mille neuf cent quatre vingt dix, ma mère et toi travaillaient beaucoup, nous avons décidé tous ensemble de faire venir la nouvelle épouse de Larry à la maison, afin d’être à l'écoute pour notre douce Sarah heureuse de la naissance et surtout, être l'aînée, de son petit frère.

Mon deuxième accouchement a été très difficile.
La veille, à la maison, j’ai eu beaucoup de fatigue. Je suis restée au lit pendant plusieurs heures et, la nuit du deux aux trois juin, prise d’une très forte crampe dans le ventre, je me suis mise à crier et à pleurer de douleurs.
Mon lit était trempé. Cet incident ne t’a pas fait bouger du lit. Je t’ai réveillé en sursaut. Je me suis hissée sur le côté du lit pour que tu puisses regarder ce qui se passe. Tu m’as répondu d’un air banal :

« - Ce n’est rien, tu as dû faire pipi, rendors-toi Jeanne, on verra demain. »

Tu est retourné dans ton sommeil, tranquillement. Prise par une grande fatigue, j’en ai fait de même.
À un moment aussi difficile, je n’ai pas compris ta réaction mais, je n’avais plus aucune force pour penser et réagir. Un laps de temps après, mes hurlements ont fait entrer ta belle-mère et la mienne dans notre chambre à coucher. Mon bébé Kévin, ma deuxième boule d’amour a décidé qu'il était grand temps de montrer ses petits bras costauds et de faire face à la vie qui l'attendait impatiemment. L’ambulance a été rapide pour arriver, nous étions à dix minutes de l’hôpital. De mon lit à la voiture, une civière souple m’a transporté rapidement.

 « -Ne poussez pas Madame ! »

Souviens-toi, la recommandation de l’ambulancier ne m’a servi strictement à rien. Je ne pouvais plus rien contrôler. Trop agité de ressentir l'indifférence de son papa, Kévin a décidé d’arriver comme une lettre à la poste.
Le sourire de mon petit mec, mon petit costaud blondinet m’a fait vite oublier les douleurs d’une épisiotomie de sept points, un gros hématome et une immense fatigue qui sera encore bien temps de retrouver avant de rentrer à la maison.
Tant d’amour versé, tant d’effort pour ne rien changer.
Tu n’as toujours pas assisté à l’accouchement Adrien, trouvant cet acte sale.
De retour à la maison, malgré la joie de nos bambins, tu es devenu avec moi distant, capricieux, égoïste et j'en passe.
Étant maintenant une mère à temps complet, tu semblais avoir la conviction que je ne te serais plus d’utilités.
J’étais si fière de t'avoir donné un fils. Jamais tu ne m’as remercié. Et lorsque je t'en faisais part, tu me répondais brièvement, c’est la vie qui as fait ce choix.
Une seconde routine s’est imposé à nous. Je devenais bien plus qu’un vulgaire meuble chauffant jetait dans un coin quand je ne servais plus. Ce qui arrivait souvent. Nos rapports sexuels étaient très espacés. Comment pouvais-je aller vers toi, alors que tu reflétais tant mon passé ?

Tes journées, étaient inlassablement les mêmes : le réveil sonne, le café prit dans la cuisine à remuer ton sucre pendant plusieurs minutes, le travail. Tu partais la journée et le soir, ton retour à la maison: café, douche, musique, repas, la sortie du chien, la télévision et le sommeil.

Le samedi, aller faire les courses s’ajoutait à ton emploi du temps et parfois, quelques câlins avec tes deux enfants. Ta collection de briquets était aussi très importante pour toi.
Je n’ai eu qu’une solution, subir et encore subir.

À cette époque, j’ai fait la connaissance d’une dame, habitant à quelques maisons au-dessus de chez nous. Elle était gentille, souriante, serviable. Sabine, de son prénom, était veuve et avait cinq enfants à charge. À sympathiser, les enfants venaient quelques fois à la maison sans leur maman. Ayant l’âme d’une sauveteuse, je les accueillais avec plaisir, surtout quand ils se chamaillaient pour des soucis d’adolescence et de rivalité. On en discutait et ils quittaient la maison le cœur joyeux.
Et puis un jour, l’amitié entre Sabine et moi a pris fin quand ses enfants ont semé la zizanie dans notre ménage. Ne pouvant plus te parler comme auparavant, mon seul compagnon de route le plus fidèle restait mon journal.

"Treize septembre mille neuf cent quatre vingt dix.

Mon cher confident, je suis si fatiguée, si tu savais. J’ai mal au cœur depuis plusieurs jours, j’ai des migraines horribles, j’étouffe de ces douleurs intérieures, j’ai l’impression que je ne vais pas tarder à sombrer dans la folie. Je n’ai plus de force…
Je vis un terrible combat."

En novembre mille neuf cent quatre vingt dix, l'une des filles de la voisine, la plus jeune devient amoureuse de toi.
N’ayant plus son papa à ses côtés, Rica s’est liée d’amitié de plus en plus fort avec toi et, de jour en jour, cette amitié a pris place à l’amour. Elle devenait très jalouse de moi. Elle faisait tout pour te rencontrer et te retrouver seul à seule. Elle était féminine au bout des doigts, chemisier transparent, rouge à lèvres très prononcé. Pour une enfant de treize ans, son désir de plaire était frappant.
Pour toi, cette jeune amoureuse a vite retrouvé ses poupées sans explications, quand un jour elle a avoué être amoureuse de toi lors d'un repas de famille. Rica pensait que cet affront était de ma faute. Elle m’en a voulu terriblement, mais la préparation de notre mariage arrivant en janvier prochain, je n’ai pas eu le temps de lui expliquer les choses différemment.
J’aurais aimé, avec cette jeune enfant, avoir un peu de psychologie, lui dire que sa réaction était normale à la vue de son parcours familial. Lui dire, tout simplement, que je ne lui en voulais pas. Je n’ai pu partager ce sentiment de compréhension avec personne. Comme toujours pour ces choses-là, ma place était dans l'ombre.

Pour notre mariage, nous recevons nos familles, beaucoup de stress m’envahissait. J’allais rencontrer face à face pour la première fois, ta famille. Mettre nos rancœurs de côté et regarder devant a été ma devise tous les jours que Dieu fait.
Par ton insistance, les deux filles de la voisine étaient aussi invitées au mariage Agnès et Christine.
Agnès et toi étiez devenus très complices. L’échange de regards timide, des mots et des gestes un peu trop déplacés. Sur ces faits passés, tu avais toujours une réponse dans la poche en m'envoyant avec le plus beau des sourires d’un homme avant son mariage :

« - Tu es trop jalouse Jeanne, fais-moi confiance. »

Un soir aussi, Agnès sur tes genoux, souviens-toi. Elle avait culbuté dans le pied du fauteuil. Fâché de vous avoir surpris tous les deux sur ce fauteuil dans une position osée, tu as quitté la pièce avec une pulsion d’agressivité. En débarrassant la table, tu as jeté le plat dans l’évier...
Décidément, je n’avais aucun mot à dire. Comme une huître, sur moi-même, je me refermais en silence.  Les jours passaient à une vive allure. Je devais poursuivre mon chemin en assumant toutes les charges de la maison et l'éducation des enfants, mon meilleur bonheur.

 Ma mère était de plus en plus absente. Elle roucoulait des jours heureux dans l’appartement de son chéri.
Enfermée à la maison très souvent, je me sentais si seule avec les deux petits. Toi aussi tu semblais te sentir seul. Toutes raisons étaient valables pour me tenir rancune. Au bout de deux semaines tu redevenais tendre, attentif et attentionné envers nous.

« - Tu as raison Jeanne, Agnès vient trop souvent à la maison, tu devrais lui dire. »

Tu étais d'une grande gentillesse, enfin je retrouvais un bout de toi, un bout d'espoir...

« - Ma douce Jeanne, pourquoi ne ferais-tu pas venir Agnès à la maison, pendant la sieste des petits, nous pourrions faire un jeu de société ? »

Ton comportement me surprenait, j’avais envie de comprendre. Sur le moment, j'ai acquiescé à ta demande et nous avons passé un agréable moment. Quelques heures après, j’ai essayé de parler à Agnès de cette situation qui m’attristait intérieurement quand tu as emmené le chien en promenade. Sa version, le sourire aux lèvres, ne me surprenait pas, dans un sens.

« - je te comprends bien Jeanne, mais lorsque je veux partir et vous laisser dans votre intimité, ton mari me dit toujours, reste Agnès, tu ne nous déranges pas. »

Une ambiguïté qui a été trop vite ou trop près du mariage. Trop occupée, je n’avais même plus le temps de réfléchir. Je devais être moins jalouse, j’avais confiance en mon mari, n’est ce pas assez, Adrien . Je n'avais plus le choix de faire machine arrière de toute façon.
J’ai acheté ma bague de fiançailles toute seule. Ma mère pour seule témoin, les enfants, toi et moi avons immortalisé en arrosant ce moment, sur le coin de table de la cuisine, après avoir fini d’y peindre les murs.  Pour moi, pour mon vécu, c’était normal. Pour ma mère et toi, je ne sais pas. Et je ne le sais toujours pas, personne n'en a reparlé ensuite.

Un nouveau tournant de ma vie se déroule, le quinze janvier mille neuf cent quatre vingt onze, à quinze heures à la mairie centrale, place de l’horloge à Avignon.
Je ressentais quelque chose, mais je n’arrivais pas à définir ce sentiment d’inquiétude qui me hantait depuis quelques jours. Avant de nous présenter devant Monsieur le maire, j’ai eu le temps de te glisser quelques mots à l'oreille.

« - Une seule bêtise avec Agnès, je te laisse sur place avec les invités et je rentre seule. »

Que de souvenirs pour nos enfants...

La voiture des mariés a été décorée par ma mère, le chauffeur était le mari de Christine qui devait être aussi ton témoin. Mais, après une difficulté à faire démarrer sa voiture, un petit contre temps l’a empêché de se rendre à la mairie. Larry et Liane ma belle-mère, ont aussi eu un léger contre temps pour être témoin de la mariée. C’est un mariage c’est normal ces petits incidents, m’a-t-on dit.
Heureusement, nous avions décidé de choisir chacun deux témoins. Après les signatures apposées au registre, nous nous dirigeons, mariés, famille et amis, quelques voitures pour une vingtaine de personnes vers le domaine Escalé, là où sans ta présence, j'étais venue louer trois mois à l’avance. Une grande salle joliment décorée de fleur et de guirlandes, un bar privé, une chaîne musicale, une piste de danse, quelques banquettes, une petite pièce bien agencée en retrait loin du bruit pour accueillir nos deux bébés. Une table en U, les mariés au centre, rien ne pouvait manquer dans ce beau domaine.

Au bar privé un très long moment, tu as décidé d’enterrer de nouveau ta vie de garçon. Un peu plus tard, les invités impatients, j'ai décidé seule de les inviter à passer à table. Pour s'amuser, mon demi-frère a eu envie de s’amuser un peu plus, en faisant valser la nourriture présente sur le buffet. Tu es devenu rouge de colère en envoyant un verre dans la pièce, quand tes yeux se sont posés sur ton frère très proche de ta petite protégée, Agnès.

J’ai le cœur qui palpite. Ces émotions me semblent être vécues hier.  Je me demande où je vais puiser ce courage de retourner en arrière, fouiner les moindres détails qui n’ont aucun mal à refaire surface.  Tant de traumatismes, tant de peurs, tant de soumission, pour un meilleur, pour un meilleur Jeanne…

Des éclats de voix assez violents ont fait fuir Didier et sa femme de notre mariage. Je me suis demandé si leur folie était voulue. Pendant les photos, ils n’ont pas désiré être présent avec nous et, je n’ai même pas eu les félicitations, aucun geste fraternel. Enfin, ce n'est qu'un détail parmi tant d'autres.  Ils sont partis et l’ambiance est devenue plus calme. Il me manquait quelqu'un malgré tout. Un homme qui aurait eu la fierté de m’emmener à la mairie.

Pour les tenues des mariés, il n’y a pas eu d’extra. tu désirais te marier mais à une seule condition, être en Jean. Tu trouvais le costume ridicule pour cette occasion. J’aurais aimé porter la robe longue, légèrement colorée mais, il ne fallait pas se rendre ridicule. Par obligation, j’ai opté pour une jupe évasée, à hauteur du genou agrémenté d’un spencer en jean aussi, puis un petit voile blanc sur les cheveux. Un mariage simple pour un couple heureux était suffisant pour la famille, disais-tu.
Danse, cotillons, tout le monde s’amusait, sauf moi. Tu ne te retournais pas sur Agnès, ni sur moi de toute manière. 
Liane et Larry sont arrivés à minuit, enfin. Larry m’a pris dans ses bras et m’a chaudement félicitée. Une chanson de François Feldman est passée, intitulée ‘Valses de Vienne'. 
Larry ou un autre, le prénom n’a eu aucune importance. La première danse à mon mariage, à minuit trente a été en compagnie du papa qui était dans mon cœur. J’étais heureuse.
Nous sommes rentrés à la maison, le lendemain à six heures du matin. Pas de nuit de noces, pas de cadeaux de mon époux. Quelques jours après, ma famille est belle famille sont rentrés à leur maison et Madame routine à repris son abonnement.
De jour en jour Karen devenait très indépendante en prenant très peu les repas avec nous. Peut-être n’a-t-elle pas apprécié, le soir où je lui ai demandé d’avoir la gentillesse d’enfiler une robe de chambre, au lieu de se présenter devant mon mari nu sous sa chemise de nuit transparente. 
Tu m'as souvent remis en mémoire ce souvenir, Adrien.

La maison était sous tension. Ma mère a les nerfs à fleur de peau, elle craque. Une mauvaise parole envers toi, une réflexion déplaisante, à croire que vous attendez cela tous les deux. Un mot, en est venu à un autre, une dispute très méchante a pris place entre vous.  Le lendemain et les jours qui ont suivi, tous les deux vous êtes restés sur vos positions.  Karen attendait un pardon venant de son gendre avant une explication, toi tu as jugé bon de ne pas t’abaisser.  Je ne m’en suis pas mêlée ayant déjà assez à m’occuper des deux enfants afin qu’ils ressentent le moins possible, cette situation familiale difficile à vivre. Ma mère ne supportant plus ce manque de respect, elle a décidé de déménager. Sa décision a été rapide.

Nous vivions chez elle, j’ai trouvé juste qu’elle emporte avec elle tous ses meubles, frigidaire, machine à laver, gazinière compris. Lors de son déménagement, Karen m’a dit :

« - Je n’oublierai jamais ce qui s’est passé. Je ne désire pas recevoir Adrien dans mon nouvel appartement. Tout est terminé Jeanne. »

« - Je comprends maman mais, je dois assumer. Il est mon mari et le père de mes enfants. »

Un peu plus tard, Karen m’a avoué avoir respecté mon choix.

En mars mille neuf cent quatre vingt onze dans son nouvel appartement, elle semblait tranquille et heureuse.
Tu as trouvé un travail Adrien, dans le bâtiment. Tu es devenu plus calme à la maison. Nous avons meublé notre appartement vide avec quelques meubles et bibelots que nous avons trouvés dans le garage de Karen. J'ai lavé le linge à la main, j'ai préparé le repas pendant quelques semaines, sur un réchaud de camping et une glacière nous servait de frigidaire.
Benoit, l’ami de Karen, est venue s’installer avec elle ne supportant pas la solitude. Ainsi, nous avons pu hériter du petit frigidaire de Benoît et, Karen nous a acheté un petit gaz de camping, plus perfectionné que le précédent.

Dans le début de ce nouveau voyage, tu m’aidais Adrien, surtout pour essorer tes jeans ou bleu de travail, à la main. Un mois plus tard, notre situation recommencé à se décliner. Toutes les corvées ménagères étaient pour moi, hormis se rendre à ton travail tu ne faisais plus rien dans ton foyer. Pour nous, tu étais fatigué de ton travail sur les chantiers. Pour Agnès, tu étais en forme et toujours disponible. Ta voix était sèche quand tu parlais à tes enfants et, ta voix était si douce quand tu parlais à Agnès. Elle de son côté, était féminine à souhait pour ne pas dire provocante.

Je retrouve un mot écrit de ma main dans un journal, il n'y a pas de date...

"J’ai mal, cher journal d’avoir à te parler de cela. Je dois continuer, excuses moi si je pose sur le bas côté les détails de cet instant de ma vie. Adrien mon mari, lui qui restait toujours très timide devant les gestes et les mots de l’amour, au tout début de notre rencontre, ne m’appartient plus. Vois-tu, avec le temps, tu finis par comprendre. Les hommes, mon cher confident, n’ont pas toujours le courage devant les raisons du cœur. La plupart des hommes, préfèrent fuir par peur d’avoir à assumer une chose qui semble leur échapper. Vivre le véritable amour à plein poumon. Je dois cesser de croire à mes rêves pour survivre."

Le grand boum arrive Adrien. Excédée de ta bonne humeur en présence de ta seule protégée Agnès et lasse de ta nonchalance envers nous, j'ai osé te poser un ultimatum:

« - Il te faut faire un choix Adrien, Tu choisis entre Agnès et sa famille ou ta femme et tes enfants."

Un lourd silence planait dans la pièce ce soir-là.

« - Ce sont eux Jeanne. Je ne ressens plus rien pour toi. »

Je ne peux à nouveau t’en écrire plus Adrien...
Le ciel est tombé sur ma tête. J'ai tant souffert.

Les jours qui ont suivi ont été affreux. Haine, violence, indifférence, mépris. J’ai ressenti la méchanceté d’un homme de vingt sept ans qui ne pouvait

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accomplir ses envies amoureuses envers une gamine de seize ans!
Tous les deux, vous avez décidé de former un couple unique: les diaboliques.
La situation dans laquelle je vivais, a déclenché une forte dépression. Et pourtant, je devais rester debout pour mes deux moitiés, mes enfants. J’ai perdu dix kilos en un mois. Une nouvelle série de piqûres m’a permis de garder la tête hors de l’eau.
Tu ne cachais plus ta liaison avec Agnès, Adrien. Tu me rejetais violemment, les enfants présents ou non. Tout s’est écroulé comme un château de cartes à jouer, construit sur un tas de sable.
Un soir, en revenant du travail, tu as franchi le seuil de notre maison avec un copain, Patrick. Ce qui arrivait certains soirs, puis pratiquement tous les soirs. Après le repas, vous sortaient tous les deux et quand vous revenaient à la maison, vous regardant par la fenêtre je pouvais vous voir venir d’un chemin et Agnès de l’autre.
J’ai si souvent déposé nos deux bouts de choux dans un foyer calme pour qu'ils ne soient pas témoins des scènes entre nous deux. Bien trop souvent, hélas. Parfois chez ma mère, parfois chez Laura et le plus souvent chez leur marraine, Nathalie. Et moi impuissante, à la maison, je m’enfermais dans la salle de bain pour éviter de croiser le regard méprisant de mon mari. J’épiais tes pas, j’écoutais minutieusement tes moindres mots pour aspirer à un moment de tranquillité seule dans mon chez moi, où mes repères semblaient s’évaporer peu à peu. Je me souviens de quelques mots du début d'une phrase de Patrick :

« - Elle est belle ta femme ! »

Et tu lui as répondu, Adrien:

« - Si elle t’intéresse tu peux la prendre, ainsi tu me rendras plus libre avec ma chérie. »

L'année mille neuf cent quatre vingt onze pendant plus de cinq mois, pour toi je devais accepter la situation sans dire un mot. Je n'avais pas intérêt de me plaindre. Ainsi, cela te permettait de patienter aux dix-huit ans de cette jeune fille, tout en gardant le confort que pouvait apporter ta femme. Tes biens personnels n'étaient juste qu'un lit de deux personnes et une chaîne musicale, le reste m'appartenait.
Pour toi, être à tes yeux une femme extrêmement soumise et battue était tout à fait normale.
Le matin très tôt, je te préparais le repas et, je m'empressais de partir en course pour acheter à manger pour les petits quand ils n’étaient pas à la maison. Et surtout pour éviter le regard des autres, en me rendant au supermarché du coin avec appréhension. J’étais obligée de passer devant la maison de la maman d’Agnès. Là sous leurs fenêtres, à cet instant et de toute façon, à n’importe quel moment de la journée, je me faisais traiter de tous les noms cruels par cette famille. Il me fallait porter ma croix, vivante et les pieds sous terre. Parfois prise de lassitude, je réagissais face à toi sans réfléchir.

« - Détournement de mineur, cela peut aller loin pour toi, Adrien ! »

Avec rapidité, tu as foncé sur moi. Tu m’as attrapé les deux bras et tu m’as jeté avec toute ta force sur un meuble. Je me suis retrouvée à terre, sur un meuble cassé, tétanisée. Je me suis traînée au sol pour attraper le combiné et téléphoner à ma mère, profitant de ton passage dans la chambre à te déshabiller, pour aller te coucher.  Une heure plus tard, la police est arrivée à la maison, sans ma mère. Entre-temps, j’ai nettoyé les dégâts et quand la police m’a dit venir chez moi suite à un appel téléphonique de ma mère, je leur ai répondu que ce n’était qu’une petite dispute entre un couple, que tu ne m’avais fait aucun mal, d'une immense peur que mes mots viennent déclencher un acte beaucoup plus grave. Un des policiers a dû me comprendre, il m’a répondu :

« - Un mot de vous Madame, et votre mari va en prison! »

Il m’a été impossible de lui en dire plus. Faire enfermer le père de mes enfants en prison, je n’avais pas le droit. Le lendemain matin, ma mère est venue me chercher pour passer la journée chez elle.  Le docteur est passé à son domicile, souffrant beaucoup de mon dos. J’avais tout de même une plaie de dix centimètres. Le médecin m’a fait un certificat si je désirais par la suite, déposer une plainte contre mon mari. Le soir, je suis rentrée à la maison.

Tu vois Adrien, en te décortiquant mon journal intime un peu comme une lettre de jugement me dirais tu, je pense avec le recul ne jamais réussir à décrire quelque chose de beau comme un écrivain pourrait exprimer dans un livre. Non pas avec toi, pas avec ce que j'ai vécu à tes côtés. Cela m'est impossible.

 Je me souviens avoir été obligée de me rendre au commissariat du quartier afin de leur exposer ma situation familiale, régulièrement. Quelques jours auparavant en rangeant du linge dans l’armoire, j’ai trouvé sous un de tes maillots, un petit revolver. Les enfants à la maison, j'ai eu très peur pour eux. Notre maison a été sous surveillance pendant quelques jours ainsi que tous tes faits et gestes. Ce qui bien sur, tu n'étais pas pour autant inquiet. Je ne sais comment tu as fait pour faire disparaître cette arme, une semaine plus tard elle n'était plus dans l'armoire. Par moments, dans ta ceinture de pantalon, tu cachais une arme blanche, un couteau assez fin mais long. Parfois, je pouvais le deviner à travers tes habits. Tout a été noté au commissariat dans des mains courantes, mais tant qu'il n’y avait pas de sang ou de plaintes, ils ne pouvaient rien faire, m’ont-ils dit.
Je me répétais inlassablement, la police sait tout, ainsi je suis rassurée. Mais rien ne changeait pour autant malheureusement. C’était toujours les mêmes mots, les mêmes reproches dans ta bouche Adrien et les mêmes plaintes à ma mère, de ma bouche :

« - Adrien est comme un fou il veut me tuer ! Dépêches-toi maman vient me chercher je t’en supplie ne me laisse pas mourir ! »

Je me souviens aussi, être obligée de prévenir la police, lorsque je quittais le domicile conjugal pour plusieurs jours, pour éviter que tu fasses constater un abandon du domicile conjugal pour me mettre tout à dos. Et cette journée ensoleillée souviens-toi Adrien, le bouquet de fleurs sauvage cueilli par Patrick déposé pour moi sur la table du salon. Je me suis dépêchée de mettre les fleurs dans l’eau et j'ai installé le vase bien en évidence sur la table quand vous étiez à la promenade du chien. Une façon a moi de lui dire merci avant de retourner à l'abri dans la salle de bain fermée à double tour. 
Sans oublier ce fameux jour, les enfants présents à la maison, tu as mis la musique très forte sans te soucier si tu allais déranger le voisinage. Une voisine a osé venir frapper à la porte pour te demander gentiment de baisser le son. Tu ne l’as pas écouté. Elle est revenue une trentaine de minutes après, ce qui t'a mis très en colère. Le ton a monté et la voisine a répondu:

« - Au lieu d’aller batifoler avec une gamine vous feriez mieux de vous occuper de votre pauvre femme et de vos enfants ! »

Dans cette période, tu buvais beaucoup trop d’alcool, tu ne réussissais pas à te contrôler quand quelque chose ou quelqu'un venait en travers de ta route. Avec haine, tu as claqué la porte d’un coup de pied et ensuite, tu as tout cassé à l’intérieur de la maison. Bibelots et cadres valsaient dans la pièce, les meubles prenaient tes coups de poing , la vaisselle à l'intérieur était en miettes. Tout ceci, sous les yeux de nos deux enfants en larmes et apeurés dans leur lit… Puis seul, tu es parti de la maison. Je me suis retrouvée en pleine crise de nerfs. Ton copain Patrick, est resté à la maison. Il a fait venir la voisine et tous les deux, ils ont nettoyé la maison avant ton retour, pendant que j’essayais de calmer les enfants pour ensuite, téléphoner à leur marraine Nathalie et les déposer en sécurité à nouveau pour quelques jours.  Le soir, Adrien, tu es rentré à la maison et sur la banquette tu as dormi rapidement. Tu n'as pas touché à ton repas que je t'avais apporté pour fuir ton énervement ou tes coups.  Une heure plus tard tu te réveilles, ton pied te fait terriblement souffrir . Tu appelles une ambulance et tu décides de partir seul à l'hôpital. Ton ami Patrick, était toujours à la maison. Sa présence masculine, attentionné avec moi, m’a vraiment réconforté. J’ai compris bien plus tard qu’il restait présent à la maison régulièrement, pour éviter un drame.  Quand tu es revenu de l'hôpital, en silence, tu as retrouvé ta chambre. Nous faisions chambre à part. Comme il était tard, Patrick a dormi sur la banquette du salon. Pour la première fois depuis bien longtemps, j’ai retrouvé une sécurité dans la chambre des petits, en barricadant tout de même la porte avec une chaise et un petit meuble, comme tous les soirs. Le lendemain à mon réveil, Patrick n’était plus à la maison.

De cette situation traumatisante, mes nerfs ont de nouveau lâché et une nouvelle série de piqûres m’a été prescrite afin de pouvoir rester toujours debout pour les enfants.  Patrick est devenu plus présent à la maison à la vue de tant de disputes et de violences, de la part de celui qui devait jouer le rôle d’un mari aimant envers les siens.
Tu as décidé de faire venir Agnès à la maison quand j’étais absente mais, j’arrivais toujours à le savoir puisqu'elle me laissait un indice par un bracelet sous le lit dans notre chambre à coucher ou, une paire de boucles d’oreilles dans la salle de bain.
Si quelqu'un venait sonner à la porte, Patrick allait ouvrir pour limiter les dégâts, surtout si c'était Agnès. Il m’est arrivé aussi, deux à trois fois par semaine de réveiller les enfants en pleine nuit pour les emmener chez une voisine. Il m’aidait aussi minutieusement, dans cette tâche.
Je sais que sans lui je n’aurais pas survécu à l’acharnement de haine et de mépris que toi mon époux, me faisait vivre. Chaque heure, chaque minute, chaque seconde je vivais dans l’angoisse.
Tu ne te cachais plus Adrien, puisque tout le voisinage était informé de la situation. Tu pouvais sortir librement avec Agnès.
De jour en jour je chutais dans une immense dépression. Je manquais de sommeil, je ne mangeais plus. J’étais dégoûtée, la peur me hantait. Tu étais acharné à fond, pour me faire quitter le domicile, c’était ton seul but sans te soucier où je pourrais me rendre. Quand tu pensais que j’allais partir bientôt, tu devenais plus calme. Me voyant toujours présente, les disputes reprenaient. J’étais à bout de forces, même pour mes petits chéris, malheureusement.
Pardonnez-moi mes amours du mal que j’ai pu vous causer…

Chute de tension, évanouissement, crise de tétanie, début de diabète, asthme, mon corps me criait au secours et je n’avais plus la force de réagir. Patrick, lui seul, m’a aidé à sortir la tête de l'eau. Il était ma bouée de sauvetage pour continuer à m'accrocher à la vie, il me remontait le moral pendant des heures en cherchant les moindres détails pour me soulager dans mes tâches. Il a été mon ange gardien.  Patrick ton ami, lui seul est tombé dans ce trou noir avec moi, pour me faire remonter à la surface.  Je l’ai vu ce trou noir, ma deuxième mort vers l'enfer. Une voie sans issue, un tunnel lugubre, un puits où l’on n’aperçoit jamais le fond. Les parois sont lisses, il n’y a aucune sonnette d’alarme qui nous dit que c’est la fin. Il n’y a plus rien. Ainsi a été cet endroit où Patrick a plongé pour me sauver.

Après avoir désiré et mis au monde mes deux enfants je peux affirmer une deuxième vérité dans cette vie à tes côtés Adrien. Si Dieu ne m’avait pas mis Patrick sur mon chemin, je n’aurais plus été de ce monde.

Seul le Seigneur sait où j’étais.

Et sur cette terre je sais, je sais où j’étais, seule, mais je le sais…

 

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

1 février 2014

Mettre les bouts, sans se retourner.

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Je suis toujours surprise que des personnes puissent me porter un vif intérêt, à retenir mon prénom naturellement ou penser à moi, à mon bien-être personnel.
Je n'ai jamais eu l'habitude d'exister. Soudainement je comprends toutes mes années de malaise, de chagrin et d'échecs. En faisant un bilan sur les vingt premières années de ma vie, je ne peux que concevoir avoir vécu si peu de bonheur, en étant un mal aimée.  Mon parcours s’est enchaîné successivement sans jamais ne pouvoir me défendre.

En vingt ans de vie, j'ai le sentiment d'avoir manqué cruellement de temps, pour apprécier la beauté de notre terre. Un coucher de soleil au bord de la mer, des rayons de chaleur jouant à cache-cache en plein été dans les feuillages, notre univers est beau si nous prenons le temps de le regarder. Comme un écrit apprécié, notre planète bleue devient poétique, simplement dans notre regard. Les effervescences intimes se logent toujours dans nos yeux pour communiquer notre température.
À vingt ans, je laisse le temps à son temps ancien. Du passé au présent, quitté le tunnel de l'enfer doit être censé me diriger librement vers un paradis terrestre. J'avoue avoir eu un étrange raisonnement.
J'aimerais oublier l'avant...
Je dois oublier pour poursuivre. Mieux, je ne dois pas empiler mon vécu dans un livre unique mais tourner une nouvelle page, un nouveau livre, une nouvelle histoire.
Aujourd'hui, je suis née!
Je porte un dernier regard sur mon corps. Je n’ai même pas pris le temps d'y prêter une attention toute particulière. En prenant conscience par les sens ou par l'esprit, je n'ai pas réalisé combien les années de souffrance pouvaient s'imprégner sur la peau. J'ai longuement porté le costume en pensant être une idiote, une incapable, un être invisible.

Tantôt, le temps n'est pas à la contemplation. Je dois vivre, je ne dois pas perdre de temps et garder toute mon attention sous l'œil avisé de ma première histoire d'amour, sans flancher.
Je suis déjà certaine d'un fait réel. Retranscrire un journal intime sur ce qui fut le début de la découverte amoureuse, en l'an mille neuf cent quatre vingt cinq, ne me permettront pas de donner plus d'énumérations, sur les sentiments amoureux, de mon premier compagnon.
Je possède pourtant pas mal de mots étalés devant moi mais, quand je viens à aborder ce passage de ma vie je peine terriblement dans le suivi de mes écrits.
Sans doute, avec le temps, j'ai compris avoir été une simple amourette, aux yeux de mon premier amour. Ou peut-être bien, je culpabilise encore beaucoup trop sur le suivi de cette relation.

En connaissant la fin de mon histoire, admettre que nous ne partagions pas les mêmes désirs, les mêmes rêves, les mêmes envies, malgré l'écoute de ses paroles délicieuses de jeunesse, sont à mes yeux une constatation difficile à accepter. J'aurais aimé ne pas éprouver de sentiment sur la laideur de ce sourd.
Oui, je me permets de l'écrire pour la première fois.
J'aurais aimé ne jamais connaître cet homme même si, deux magnifiques enfants ont complété notre union chaotique.
Étant une personne entière et loyale, quand il venait me souffler à l'oreille des mots d'amour, j'étais loin de m'imaginer que ses mots n'étaient juste que des mots ressentis sur le moment présent.
Selon une thérapie psychologique suivie quelques années plus tard, mon parcours serait une suite logique. Pour fuir un passé douloureux, nous sommes prêts à faire n'importe quoi, sans réfléchir.  
On oublie parfois, qu'il est possible de quitter un aveugle pour prendre un borgne. 
Les aveugles étaient ma famille. Pour me réconforter, dans un seul sens, je pense que je devais passer dans la vie de ce premier homme, c'était écrit, malgré tout.
J'étais la personne qui pouvait sortir Adrien d'un milieu familial qui l'étouffait. J'étais sa lumière vers le renouveau. La vie l'a décidé ainsi.

Pour des raisons familiales, pendant son absence nous nous écrivions des lettres d'amour, enflammées de jour en jour. Ces courriers ont contribué à faire de moi une épouse totalement soumise.
C'était l'époque où l'on ne se posait pas de questions, comme aujourd'hui.
Une époque, où les portes fermées nous ne savions pas ce qui se passe à l'intérieur. Aucune émission télévisée venait interpeller notre conscience pour se remettre en question. Il fallait vivre et parfois, survivre.
Il était mon premier amour, je l'ai aimé dans ce titre. Il était celui auquel j'avais envie de déposer ma réussite attendue vers un avenir heureux.
Sa communication était infiniment paradoxale, à la fois cajolant et dévalorisante. Cependant, je n'ai jamais songé un jour, être ramassée à la petite cuillère.
Bien plus tard, j’ai compris avoir été seule à vouloir construire un foyer aimant. Je désirais fuir à tout prix la vie amoureuse agitée de ma mère qui partageait son temps libre avec deux hommes en même temps.
Adrien est devenu ma seule porte de sortie.  Dans un sens, pleine d’énergie, je débordais d’amour intérieurement. Un amour qui n’a jamais vu le jour. Évoluer était primordial pour ma survie.
De l’autre sens, l’éducation que m’avait inculpé mes parents, demandait à prendre place. La soumission à l’autorité. Je devais continuer de souffrir en agissant contre mes convictions en me conformant, à ce que l’on attendait de moi.
Pouvoir où ne pas pouvoir apprécier chaque minute qui nous a été donnée, la vie ressemblera toujours à un livre. Il y a le début, le milieu et la fin.
Je tourne une page et sur un regard passif sans faiblir à l’ouverture de ce prochain journal intime, je me dois de continuer à décapsuler les années qui ont fait de moi une handicapée de la vie.

 

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

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