Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sentiments authentiques
16 février 2014

Le chaos de l'an deux mille.

sculpture-sable-600x450

Tout est définitivement terminé entre Bobby et moi, au mois de mars de l'an deux mille. J'ai eu le courage d'écouter ses mots, j'étais debout, une âme forte.
Je ne suis plus d'aucune utilité pour lui.
Pour s'envoler en beauté, il n'a plus de limite. Il ne trouve pas meilleure idée de me parler de sa nouvelle conquête, plus câline. Les souvenirs de ses paroles sont imprimées dans un cahier bleu, les conséquences ont marqué ma peau au fer rouge.

"- C'est à cause de toi Jeanne, que je vais chercher le bonheur ailleurs. Elle au moins, je peux la prendre par-derrière! Il n'y a aucun tabou entre elle et moi, au lit. Ce n'est pas comme toi quand je viens voir ma fille, tu me refuses trop souvent. Avec toi, il n'y a aucun piment au lit tu es trop fade."

Exactement, c'était le mardi deux janvier, de vingt deux heures à six heures du matin que Bobby m'a déballé des mots gris, des mots noirs, des mots aussi sombres que lui, remplit de reproches et d'injustice. J'ai respiré son indifférence jusque dans mes veines.
Ainsi, il a fermé la porte derrière lui et il a tourné les pieds, abandonnant sa douce mélodie, notre Justine, pour dix années de silence sans jamais se retourner sur son enfant, ou bien peu.

Il m'est difficile d'exposer des instants heureux à ses côtés, gardé au chaud dans un coin de ma mémoire. Ils ont été si rares. Tous les deux, on s'accrochait à ce que l'on pouvait. J'ai été pendant un temps une parfaite femme au foyer soumise sauf au lit, une maman et une admirable belle-maman. Il a été un homme courageux pour les gens de l'extérieur, naviguant entre les pièges de la vie et la sincérité face à son foyer.
Notre amour rencontrait beaucoup de problèmes de communication. Nous nous laissions porter tous les deux, dans le fleuve d'un quotidien habituel jusqu'à un point de non-retour.
J'étais son coup de foudre, il était mon envol. J'ai appris à l'aimer quelques mois après notre cohabitation, il a appris à me détester quand je lui refusais entièrement mon corps.
Je me souviens de nos fiançailles au restaurant avec quelques membres de la famille, une jolie bague en or emballée dans un immense carton a épaté tout le monde. De son autre appartement et de son désir de garder une poire pour sa soif, en prétextant venir pour rendre visite à sa fille. De nos sorties, pratiquement tous les dimanches, avec ses enfants et les miens, une si belle famille recomposée pour dame espoir cachée au fond de la cave.
Un château en Espagne construit sur une motte de sable...

Mon âme s'est envolée, une semaine plus tard après ses révélations. Je n'ai pas réussi à chasser ses mots cruels de mon esprit. Je dormais de moins en moins. Mes courtes nuits devenaient de plus en plus agitées, le passé revenait à la surface. Son départ a été une goutte d'eau de trop.
Une immense fatigue de la vie n'a pas contribué à m'apporter la force de me battre. Pour une maman seule avec trois enfants à côté de moi, je devais assumer sans lâcher leurs petites mains.
Je n'ai pas eu cette force. Avoir sombré toute seule derrière les portes de l'enfer, je ne suis pas fière de moi.
Un mal-être indéfini m'a poussé vers la destruction de mon corps.
Je ne m'alimentais plus. Dès la maison calme, les enfants au lit, je vivais d'alcool toutes les nuits pour pouvoir m'endormir saoule sans penser. J'avais sur le dos, trente-cinq années pesantes. Je culpabilisais d'être née. Je me détestais d'être une incapable de l'amour. De jour en jour, je n'avais pas d'autres solutions, je devais mourir...

Je ne trouvais plus aucun courage de rester en vie. Les parois du tunnel étaient de plus en plus lisses, je n'entendais plus personne. Dans les affres de l'angoisse, je me suis noyés.
Comment pouvais-je accomplir sans un amour pur ressenti de l'être aimé, un acte sexuel contre nature, qui réveillait terriblement à la surface le viol d'un lourd passé?

Celui qui frappe oublie toujours, mais celui qui reçoit les coups n'oublie jamais.
En fouinant au fond de ces verres d'alcool, dans un espoir minime de survie, j'espérais trouver une réponse à ces échecs à répétition.
De jour comme de nuit, je suis devenue malheureusement une alcoolique. La fin d'un verre m'obligeait à m'en servir un autre pour ne pas craquer. L'alcool ne m'était pas méchant heureusement, les enfants n'ont jamais eu peur de moi.
Dans une immense souffrance, dans les vapeurs de l'alcool, je n'avais plus peur de devenir lâche, comme tous ces adultes. Peu à peu, pendant plusieurs jours je voyageais librement vers le néant. Dans le lit une place de ma petite Sarah régulièrement, je m'y sentais en sécurité. Comme au temps où je me blottissais dans mon lit d'adolescente, pour ne pas recevoir les coups ou les paroles blessantes.

Au bout de quelques semaines, je suis devenue une loque humaine, une femme de poussière clouée au sol à vouloir dormir, dormir pour très longtemps...

.../...

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

Publicité
Publicité
Commentaires
L
J'apprécie votre regard bienveillant sur mes mots, vous avez toujours une petite pensée qui m'éclaircie un peu plus.<br /> <br /> A force de croire en nos rêves, nous nous approchons de la réalité... ;)
M
Celui qui frappe oublie toujours si c'est quelqu'un qui considère la violence comme normale parce que cette personne n'a ni maîtrise de soi, ni exutoire pour évacuer ses émotions négatives. Après pour le reproche évoqué par Bobby, il montre clairement que ce n'était pas quelqu'un pour vous. C'est dommage que la rencontre d'un être qui nous corresponde exactement soit quelque chose de si rare...
Sentiments authentiques
Publicité
Sentiments authentiques
Derniers commentaires
Albums Photos
Catégories
Pages
Visiteurs
Depuis la création 7 074
Publicité