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Sentiments authentiques
1 février 2014

Mettre les bouts, sans se retourner.

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Je suis toujours surprise que des personnes puissent me porter un vif intérêt, à retenir mon prénom naturellement ou penser à moi, à mon bien-être personnel.
Je n'ai jamais eu l'habitude d'exister. Soudainement je comprends toutes mes années de malaise, de chagrin et d'échecs. En faisant un bilan sur les vingt premières années de ma vie, je ne peux que concevoir avoir vécu si peu de bonheur, en étant un mal aimée.  Mon parcours s’est enchaîné successivement sans jamais ne pouvoir me défendre.

En vingt ans de vie, j'ai le sentiment d'avoir manqué cruellement de temps, pour apprécier la beauté de notre terre. Un coucher de soleil au bord de la mer, des rayons de chaleur jouant à cache-cache en plein été dans les feuillages, notre univers est beau si nous prenons le temps de le regarder. Comme un écrit apprécié, notre planète bleue devient poétique, simplement dans notre regard. Les effervescences intimes se logent toujours dans nos yeux pour communiquer notre température.
À vingt ans, je laisse le temps à son temps ancien. Du passé au présent, quitté le tunnel de l'enfer doit être censé me diriger librement vers un paradis terrestre. J'avoue avoir eu un étrange raisonnement.
J'aimerais oublier l'avant...
Je dois oublier pour poursuivre. Mieux, je ne dois pas empiler mon vécu dans un livre unique mais tourner une nouvelle page, un nouveau livre, une nouvelle histoire.
Aujourd'hui, je suis née!
Je porte un dernier regard sur mon corps. Je n’ai même pas pris le temps d'y prêter une attention toute particulière. En prenant conscience par les sens ou par l'esprit, je n'ai pas réalisé combien les années de souffrance pouvaient s'imprégner sur la peau. J'ai longuement porté le costume en pensant être une idiote, une incapable, un être invisible.

Tantôt, le temps n'est pas à la contemplation. Je dois vivre, je ne dois pas perdre de temps et garder toute mon attention sous l'œil avisé de ma première histoire d'amour, sans flancher.
Je suis déjà certaine d'un fait réel. Retranscrire un journal intime sur ce qui fut le début de la découverte amoureuse, en l'an mille neuf cent quatre vingt cinq, ne me permettront pas de donner plus d'énumérations, sur les sentiments amoureux, de mon premier compagnon.
Je possède pourtant pas mal de mots étalés devant moi mais, quand je viens à aborder ce passage de ma vie je peine terriblement dans le suivi de mes écrits.
Sans doute, avec le temps, j'ai compris avoir été une simple amourette, aux yeux de mon premier amour. Ou peut-être bien, je culpabilise encore beaucoup trop sur le suivi de cette relation.

En connaissant la fin de mon histoire, admettre que nous ne partagions pas les mêmes désirs, les mêmes rêves, les mêmes envies, malgré l'écoute de ses paroles délicieuses de jeunesse, sont à mes yeux une constatation difficile à accepter. J'aurais aimé ne pas éprouver de sentiment sur la laideur de ce sourd.
Oui, je me permets de l'écrire pour la première fois.
J'aurais aimé ne jamais connaître cet homme même si, deux magnifiques enfants ont complété notre union chaotique.
Étant une personne entière et loyale, quand il venait me souffler à l'oreille des mots d'amour, j'étais loin de m'imaginer que ses mots n'étaient juste que des mots ressentis sur le moment présent.
Selon une thérapie psychologique suivie quelques années plus tard, mon parcours serait une suite logique. Pour fuir un passé douloureux, nous sommes prêts à faire n'importe quoi, sans réfléchir.  
On oublie parfois, qu'il est possible de quitter un aveugle pour prendre un borgne. 
Les aveugles étaient ma famille. Pour me réconforter, dans un seul sens, je pense que je devais passer dans la vie de ce premier homme, c'était écrit, malgré tout.
J'étais la personne qui pouvait sortir Adrien d'un milieu familial qui l'étouffait. J'étais sa lumière vers le renouveau. La vie l'a décidé ainsi.

Pour des raisons familiales, pendant son absence nous nous écrivions des lettres d'amour, enflammées de jour en jour. Ces courriers ont contribué à faire de moi une épouse totalement soumise.
C'était l'époque où l'on ne se posait pas de questions, comme aujourd'hui.
Une époque, où les portes fermées nous ne savions pas ce qui se passe à l'intérieur. Aucune émission télévisée venait interpeller notre conscience pour se remettre en question. Il fallait vivre et parfois, survivre.
Il était mon premier amour, je l'ai aimé dans ce titre. Il était celui auquel j'avais envie de déposer ma réussite attendue vers un avenir heureux.
Sa communication était infiniment paradoxale, à la fois cajolant et dévalorisante. Cependant, je n'ai jamais songé un jour, être ramassée à la petite cuillère.
Bien plus tard, j’ai compris avoir été seule à vouloir construire un foyer aimant. Je désirais fuir à tout prix la vie amoureuse agitée de ma mère qui partageait son temps libre avec deux hommes en même temps.
Adrien est devenu ma seule porte de sortie.  Dans un sens, pleine d’énergie, je débordais d’amour intérieurement. Un amour qui n’a jamais vu le jour. Évoluer était primordial pour ma survie.
De l’autre sens, l’éducation que m’avait inculpé mes parents, demandait à prendre place. La soumission à l’autorité. Je devais continuer de souffrir en agissant contre mes convictions en me conformant, à ce que l’on attendait de moi.
Pouvoir où ne pas pouvoir apprécier chaque minute qui nous a été donnée, la vie ressemblera toujours à un livre. Il y a le début, le milieu et la fin.
Je tourne une page et sur un regard passif sans faiblir à l’ouverture de ce prochain journal intime, je me dois de continuer à décapsuler les années qui ont fait de moi une handicapée de la vie.

 

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

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Commentaires
L
Je vis des tempêtes en ce moment mais, je m'accroche aux branches...<br /> <br /> Merci beaucoup Opaline pour vos chaleureux passages, je souhaite demain réussir à avancer un peu plus ici, je croise les doigts!!
M
Mettre des mots sur ce qu'on vit ou a vécu est effectivement une grande aide pour progresser dans la vie ;)<br /> <br /> Ne lâchez pas :)
L
Le sentiment d'exister est présent avec mes trois enfants, avec mes quelques amis, avec vous Opaline qui prenez le temps de me lire, de m'écouter... Il est présent aussi et grandit, dans mes écrits déposés ici petit à petit.... Décapsuler un long parcours de vie difficile n'est pas simple, en ayant gardé longuement le silence mais je sais que tout ce travail me sera profitable un jour.
M
Décapsulez, décapsulez vite pour avoir enfin le sentiment d'exister!
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