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Sentiments authentiques
14 février 2014

Une dame de nulle part.

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Je suis rentrée à la maison du présent, dans mon gratte-ciel.
Ces voyages à remonter le temps, commencent à m'épuiser. Le temps aussi m'épuise, il fait trop chaud ici, dans cette ville du Sud qui n'a pas entendu mon premier cri. Toutefois il est vrai, la misère est moins pénible au soleil, tout le monde doit connaître cette mélodie d'Aznavour.
 Je m'ennuie. Je me demande quels sont mes handicaps? Ma voix, ma tête et mes mains qui tremblent sans crier gare, mon manque de culture et d'instruction, mon intégrité, ma soif d'aimer un seul être indéfiniment, intelligent, mon autre, ma dernière chance .
Je pense à l'avenir. Il me vient à l'esprit une image d'attente qui demande à être traitée à fond. Je devrais cesser de broyer du noir et saisir l'opportunité qui s'offre à moi pour m'ouvrir sur la voix de la sérénité. Le choix d'écrire ma vie dans tous les détails, a toujours été mon rêve depuis mille neuf cent quatre vingt six. En écoutant à plusieurs reprises dans mes moments à vide, un groupe de musique française nommée "Gold" la ville de lumière a suscité en moi, un vif intérêt à laisser des traces, sur un vécu douloureux de vingt ans de vie.
Je regarde le trousseau de clés entre mes mains. Quelques portes sont maintenant verrouillées derrière moi, je me questionne si je suis vraiment soulagée...

Plus loin dans la journée, une autre chanson m'interpelle. Je fredonne des paroles de Charles Aznavour avec douceur, "hier encore" me revient en mémoire à ma manière qui me rend nostalgique.
D'un regard lointain, au moment où il me faut rouvrir les pages de la duperie, j'ai l'impression de ne connaître rien d'autre que la souffrance. Être une femme de nulle part doit me donner des avantages. Je ne suis pas malheureuse. La vie est l'amour guide mes pas, je mange à ma faim, j'ai un toit au-dessus de ma tête et je profite à fond des instants de bonheur que Dieu me permet de rencontrer sur le chemin pour me détendre.
J'oserais même avancer, mieux vaut le chagrin que le rire. Ainsi, le cœur est rendu meilleur.
Il m'arrive quand même d'avoir une envie folle de tout faire valser.
Comme beaucoup d'entre nous, j'aimerais être enfin heureuse et aimée d'amour dans un temps sans limite. Je désire de toutes mes forces trouver le petit détail qui m'échappe, pour me sentir mieux.

Il ne faut jamais dire, ça n'arrive qu'aux autres, j'en suis la preuve vivante.
Mes lunettes sont trop lourdes sur le nez.
J'essaye de gagner du temps.
En passant devant la fenêtre, pour aller me chercher un verre d'eau, j'ai eu envie de passer par-dessus le garde-fou. C'est idiot, au premier étage qu'est-ce que je risquerais. Et si j'essayais?
Non je ne suis pas folle, je veux juste gagner un petit peu de temps, pour écrire.
Je vais finir de parler de Bobby. Le reste viendra tout seul, certainement...

Je m'en balance si je n'arrive pas à romancer mon histoire encore une fois. M'exprimer par un écrit sur un moment difficile d'intimité familiale qui vient à grand pas, reste épineux. Mais, je dois garder en mémoire un seul mot: avancer. C'est tout.

Pour en revenir à Bobby, la séparation a été brutale.
Mais pourquoi le passé doit-il être un éternel recommencement?
Un tsunami se déclenche dans ma boîte crânienne. J'ai recréé avec lui, la même situation qu'avec mon ex-mari en vivant chez ma mère! Je sais, cela ne pouvait pas en être autrement. Lui se retrouve sans logement et moi, j'habite chez elle.
Quelles étaient nos ressources? C'est le trou noir.
Face à moi, je ne vois qu'un regard froid et méprisant de ma mère. Je n'entends qu'une seule phrase de colère qui ferait fondre un glacier en quelques secondes.

-Jeanne tu ne peux garder l'enfant, c'est impossible. Ou tu avortes ou tu prends la porte!

Il n'y a aucune discussion possible. Je dois prendre une décision sur l'heure. Dans les affres de l'angoisse, mon chemin de vie se répète.
Je garde mon enfant. Ayant ressenti que je n'étais pas une enfant désirée depuis la naissance, il ne peut en être autrement.
En fin d'après-midi, je rassemble le nécessaire de Kévin et Sarah avec l'aide d'une amie. Elle s'engage à nous accueillir chez elle quelques jours, dans l'attente de trouver un logement.
Sur notre trajet, je ne suis pas étonnée de rencontrer Benoît qui s'apprête à aller retrouver ma mère. En passant à côté de moi, d'un mauvais regard il se met à crier sur moi.

- Tu es encore là Jeanne? Dépêches-toi de foutre le camp ta place n'est plus ici!

À ses mots, il me bouscule violemment contre un mur et il continue son chemin sans se retourner.
Le soir, chez mon amie, le médecin vient constater l'agression. Je me retrouve le bras immobilisé pendant une semaine, le temps de la disparition des bleus et de la cicatrisation d'une plaie de douze centimètres. Le docteur me fait un certificat médical, il me permettra de déposer une plainte, si je le désire. Je n'en ferai rien, je veux la paix. Mon bras sur mon ventre, le bébé a été protégé.
Les trois premiers jours chez mes amis se passent à merveille. Des après-midi entières, nous allions à la piscine tous ensemble, nous passons d'agréables soirées entre amis devant la télévision ou parfois, à jouer à des jeux de société avec ses enfants et les miens. Mes enfants partagent le lit avec ses enfants et Bobby et moi, dormons dans le canapé du salon.

Exactement une semaine plus tard, lors d'une absence régulière de mon homme mystérieux, Christian le mari de Sandra, profitant de ce que je sois seule sans les enfants dans la pièce, s'approche de moi un peu ennuyé.

- Je suis désolé, Jeanne. On ne peut plus vous héberger, la situation devient invivable pour nous. Je vois bien que tu fais des efforts mais, c'est Bobby le problème je ne peux plus supporter qu'il se lève à midi et qu'il ne fait rien pour tes enfants. Ne t'inquiète pas, je vais faire tout mon possible pour te trouver un appartement pour tes enfants. Prends le temps de te reposer, avec ton état de santé, ta fatigue et ta grossesse, tu ne peux rien faire en ce moment.

- Je comprends Christian, ne t'inquiète pas je vais me débrouiller. Les enfants et moi partirons en fin de journée. C'est mieux ainsi...

Aux alentours de dix-neuf heures trente, Bobby revient de je ne sais où. Il nous trouve tous les trois, devant la porte d'entrée de l'immeuble de nos amis, avec nos valises. Les enfants tristounets se jettent dans ses bras criants qu'ils sont à la rue. Il ne me pose aucune question, il semble avoir compris.

-Pourquoi tu ne demanderais pas à ton ex-mari, qu'il vous loge tous les trois, le temps de rechercher un toit pour nous?

-Et toi, tu vas dormir où?

-Ne t'inquiète pas pour moi, j'irai au foyer. Pense à toi et aux enfants.

Comment puis-je penser à moi tranquillement, quand on se retrouve à la rue, avec deux enfants, un bébé dans le ventre et pas un sou en poche.
Bien malgré moi, c'est ainsi que je me suis retrouvée à la case départ, à cohabiter chez mon ex-mari avec les enfants. J'ai contacté beaucoup de services sociaux, j'ai eu beaucoup de portes fermées. Sous une quinzaine de jours, Bobby a fini par trouver un petit appartement dans le centre-ville. Il nous a recueillis. Un mois après, Christian me trouve un appartement de cent vingt mètres carrés. Le propriétaire accepte que je le paie dès mes finances remontées, à condition que j'entretienne son logement.  J'ai signé le contrat et nous sommes rentrés mes enfants et moi dans notre nouvelle demeure, le premier mars mille neuf cent quatre vingt dix-sept. Un magnifique appartement au dernier étage d'une maison de maître à rénover selon mon gout avec l'aide du futur papa, a été un plaisir enrichissant dans le domaine des travaux manuels. Puis, la naissance de ma belle Justine peu de temps après, m'a apporté huit mois de bonheur avant la séparation cette même année, le quinze novembre avec son papa...

Sept cent quatre vingt quinze jours de bas plus que de haut, avec un homme présent épisodiquement dans notre vie, à me faire culpabiliser pour plusieurs raisons, pour mieux tirer sur les cordes. Brusquement, l'an deux mille éprouve un vif intérêt à venir me secouer.

Je pense à ceux qui souffrent, à une personne lointaine plus particulièrement, glissant sur une eau turquoise entre le ciel et l'eau. Je pense à une époque, abordant la nuit en me jetant même à la nage, pour retrouver un équilibre dans ma prison flottante.
J'enjambe les détails de ma vie où je n'avais que mes yeux pour pleurer silencieusement dans un coin d'une pièce.
Pour ce nouveau voyage, je devrais partir dans un vaisseau, un navire à voiles plus précisément. Il me permettra d'utiliser la force du vent, pour me propulser vers un ailleurs.

Les années passent si vite...

 

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

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Commentaires
L
Bien difficile, oui. Ce qui me fait penser que j'aurais dû plus exprimer ce que j'ai ressenti en retournant en arrière... Je me souviens chez lui, les enfants à l'école, monter à l'étage tout en haut de son immeuble, il n'y avait pas de locataires... Et là, je m’effondrais dans ces dernières marches... Tant pis, je reprendrais mes écrits un par un, à la fin ;)
M
Mon Dieu, comme le retour chez l'ex mari a dû être difficile! Et décidément cette mère que vous présentez n'est pas agréable, ni ses compagnons d'ailleurs.
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