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Sentiments authentiques
17 janvier 2014

Sans ta présence.

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Entre mes mains j'affectionne le temps de vivre dans une similitude quotidienne, de mon journal intime à ton corps exquis. Le temps s'allonge dans l'espace. Je voudrais vendanger un avenir sans limite dans une étendue éclatante, abolir le froid qui coule dans mes veines et remplir tous les espaces de ta chaleur.
Approchons-nous, apporte-moi le temps d'être à toi.

Sous l'obscurité, ne laissons pas le silence s'enserrer. Immodérément laissons-nous nous choyer.

Si tu le veux bien, regroupons les étoiles d'une infinie sagesse et allons nous installer sous la voûte céleste.
S'il te plaît, approchons-nous vivement. Sans ta présence, ton effeuilleuse favorite bascule doucement.

Pour ne pas perdre ma trajectoire, en t'attendant, j'acculerais des clins d'œil à la vie. Je pelotonnerais tes initiales entre mes lèvres et je réécrirai l'histoire de ma vie pour ne pas étudier de trop près l'heure folle qui défile.

 

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

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20 janvier 2014

Terre lointaine.

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Comme beaucoup de parent, j'ai souvent été seule à assumer tous les aléas de la vie. Porter le costume de Superwoman en interférant le rôle de papa et de maman, pour un seul être, cela n'est pas de tout repos. Je ne regrette rien. J'ai atteint l'escalade du sommet le plus élevé du monde et si c'était à refaire, je recommencerais sans hésiter.

Je pense avoir accompli de mon mieux cette infortune qui m'a été destinée malgré mon désir de former une famille unie, pour le meilleur et pour le pire, avec deux êtres qui s'aiment et leurs enfants.

Par le biais de ce prochain paragraphe de mon journal intime, je ne vais pas ici énumérer tout ce que nous pouvons vivre en tout temps. La loi de dame nature est là devant nos yeux pour chacun. Ceux qui ont la chance de devenir parent, peuvent comprendre mon expérience.
Un mélange de rire, de joie et parfois de peine. Puis aussi, nourrir et vêtir les enfants les plus convenablement possible, pouvoir leur offrir selon leurs désirs, des petits plaisirs pour apprécier quelques étoiles de plus dans leur sourire malicieux. Comme nous tous, le métier de jongleur s'apprend dans l'instant.

Jour et nuit, d'année en année, avoir été une béquille de l'amour est ma plus belle réussite. J'ai traversé beaucoup de ponts, j'ai affronté beaucoup de précipices, je suis tombée plusieurs fois pour mieux me relever et je suis toujours debout.

À l'école de la souffrance on apprend beaucoup et lorsque je les regarde, je sais, par eux seuls, que je suis vivante.

N'étant pas protégée des intempéries, à l'heure d'aujourd'hui je me questionne toujours sur le vécu, quand une épreuve difficile entre dans ma demeure et bouleverse mon quotidien.

En tournant la tête de l'autre côté de mon épaule, en observant mon parcours, j'aimerai ne plus avoir à ressentir d'angoisses et de troubles anxieux.

De tout temps, une constatation de perdre le contrôle de la vie, des symptômes physiques beaucoup plus prononcés que par le passé, un degrés de détresse sonnant l'alerte rouge, deviennent mes premiers signes de peurs incontrôlables, irrationnelles et excessives.

Je dois bien me rendre à l'évidence, même en écrivant toutes ces lignes, une peur m'envahit du regard visuel des gens si je venais à énumérer tous les dégâts des épreuves de ma vie sur mon corps.

Au plus simple, je vais débuter par le syndrome de stress post-traumatique qui a été découvert lors de mes premières analyses psychologiques auprès d'un professionnel de la santé, en mille neuf cent quatre vingt onze.

Au fond de mon être intérieur, ma petite Jeanne me souffle qu'une excellente construction psychique d'un enfant ne peut franchir les étapes de son développement sans l'aide de ses parents...

Peut-être a-t-elle raison. Je dois garder la faculté de savoir réfléchir convenablement pour ma survie. Je ne veux pas être pointée du doigt, me jugeant folle, de suicidaire ou de déprimer aux yeux de la société ou au sein de ma famille ou du moins, ce qui en reste aujourd'hui.

Comme tous les végétaux de notre planète, être dans un sens en état végétatif ou actif, tout vient de nos racines et des jardiniers qui nous servent de tuteur afin de nous faire grandir normalement, dans l'amour et dans la sagesse.

D'une catégorie inconnue, je suis un arbre robuste.

Un jour ou l'autre, je m'approcherais à la fin du tunnel. J'y crois encore.

Aimer est la clé de toute souffrance, je dois garder cette pensée en mémoire.

Vivre dans une inquiétude permanente, avoir le sentiment d'être pied et main liés dans un bloc de ciment, sera un jour révoqué.
Recherchant un brin de positif dans chaque difficulté rencontrée, en me remettant souvent en question, malgré tout j'ai réussi à tenir la corde pour ne pas glisser au fond de certains puits que j'ai rencontré.

Ce qui me pose un problème, ce n'est pas l'épreuve par elle-même, ni l'effort que je mettrais pour en venir à bout. Les doutes et les incertitudes dans une implication personnelle sont hélas pour moi, fréquemment un blocage difficile à surmonter.

Je ne sais si mon corps est lacéré de plaies ou si ma mémoire est très présente. J'ai pourtant l'impression d'avoir une mémoire défaillante pour mémoriser les détails importants allants de la date de naissance de mes enfants à un rendez-vous marquant de quelques semaines en arrière.

Enfant, pour apprendre une leçon ou une jolie poésie, je rencontrais aussi ce problème de mémoire.

Jeanne a raison, pour mieux comprendre je dois déterrer mes racines...

 

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

23 janvier 2014

L'envol du cygne.

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J'aimerais sentir une personne assise tout à côté de moi. Elle me tiendrait la main et me dirait:             
"t'inquiète pas Jeanne, je suis là et je te comprends."

Je ne sais pas si je puise vers le bon chemin. Je doute. J'ai souvent douté dans tout ce que j'entreprends.
Et puis parfois, souvent avec impulsivité, je fonce sans réfléchir aux conséquences.
J'éprouve aussi des moments où je n'écoute que mon cœur.
Si nous savons entendre ses gémissements, à l'intérieur de notre organe creux se trouvent mille et une richesses qui nous emmènent vers un achèvement qui dépasse nos limites.
À l'orée de mon chemin de vie, mon seul but doit être d'apercevoir ma vie pour pouvoir aboutir plus librement sur les dernières années qu'il me reste à vivre.

Il reste encore beaucoup d'amour dans mon cœur. Un amour qui me permettra de descendre dans les profondeurs, de sombrer dans l'obscure de mon errance, d'affronter les démons cachés de mon histoire. Je sais que je rencontrerais la lumière derrière la pénombre. Je veux me donner le droit d'oser.

Mon cœur est l'océan, là où tes cendres se sont éparpillées, mon Loulou.

Mon cœur est le ciel, à l'infini et au-delà Forever.

Mon cœur est la terre, là où tes cendres se cachent, Yves...

Pour aller déterrer mes racines il n'y a rien de plus simple et pas de temps à perdre!
Cette après-midi, j'irais à la quincaillerie à quelques centaines de mètres de la maison et je demanderais au vendeur une pelle à col-de-cygne de couleur bleue.

Je penserais au cygne qui, juste avant de mourir, chante avec plus de force. Le bleu sera comme un ciel en plein été, bleu comme l'univers vu par le télescope Hubble ou comme les mots bleus qu'on dit avec les yeux, de Christophe...

Si seulement dans la vie, tout pouvait être aussi simple qu'une couleur à choisir. Si seulement on pouvait savoir comment protéger un enfant dans un monde à l'envers et si les oiseaux n'avaient pas d'elle pour s'envoler toujours plus haut.

Oui, si seulement j'avais eu un re-père. Un deuxième petit papa qui aurait ouvert ma cage en soignant mes petits bleus, mes petits chagrins à l'image de ma petite taille.

Je monte au grenier, j'ouvre la grande malle en bois des ancêtres, quelques photos en noires et blancs caressent mes doigts tremblants, quelques coquillages ramassés sur le sable des premiers pas de mon fils glissent entre les deux et du bout des doigts, une vieille boite à sucres métallique.
A l'intérieur, des mots qui souffrent, des poèmes enfantins, mes poèmes et une lettre ouverte. Une lettre à ma mère pour écouter l'enfant, dans le parent.

 

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

31 janvier 2014

L'air du temps.

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Pour connaître un bonheur intense et chaleureux entre nous Émile, je me demande pourquoi nous rencontrons tant de difficultés à créer un espace douillet entre nos mains? Pourquoi tant d'œuvres, pour un laps de temps si éphémère?

Pendant des mois durant, j’ai crié au ciel mes souffrances et mes peines avec un légitime désarroi.
Je l’ai fait, non pas pour manifester une colère ou une irritation, mais pour comprendre pourquoi je n’avais pas le droit de connaître un peu plus de bonheur, avec un grand B.
J’ai imprimé au fer rouge, d’immenses conversations en plein cœur. Les conversations les plus ravissantes subsistent toujours dans nos échanges contemporains . Éternellement, tous ces écrits colorés resteront en mémoire.
Je pense à tes mots dans mes instants à vide. Ainsi, j'ai une possibilité de renaître dans une clémente acropole pour soulager mes pas et poursuivre un  chemin authentique.
Pour un bien-être, je viens ici partager un tête à tête.

"- Que dois-je faire pour t’être agréable, Jeanne?

- Il est difficile de te déposer mes plus profonds désirs, connaissant tes ressentis sur notre redécouverte. Tu es une personne très importante à mes yeux. Tu  es un ami intime et, pour avoir la joie de te retrouver il en restera ainsi selon ton désir que je respecterais. Nous en resterons à une douce soirée, suivie, si tu le désires, un peu plus qu’une fois par an serait fort agréable!"

Comme un oiseau heureux chantonnant sur son perchoir, un sourire vient se poser sur mes lèvres au souvenir de nos éclats de rire de l'instant d'hier. En effet, se retrouver six mois et un jour après notre rencontre, nous ne pouvions qu'en rire.
À l'hymne de la rencontre, je continue à m'interroger en me demandant si nous avons droit aux mots doux à écrire sur le bout de nos doigts, comme un effet de caresses d'une grande finesse. Des mots qui viennent enflammer le corps en te poussant à désirer l'autre excessivement, dans l'attente de le toucher naturellement...

"- Et comment te plairait-il que se déroule notre soirée redécouverte, Jeanne?

- Connaissant ce que tu aimes, que dois-je dévoiler pour ne pas te froisser... Mais, si tu me le demandes j'ose pour le plaisir. Je voudrais regarder les mouettes planées sur l'infini de la mer méditerranéenne à tes côtés. Le peu de kilomètres pour t'y rendre, ne viendront pas empiéter sur notre temps limité. Sur la berge, nous respirerons l’air marin. On se sentira bien. Puis, nous nous retrouverons dans une chambre d'hôtel. Un hôtel ancien, de charme, jamais découvert, peint de blanc avec des volets bleus prêts à offrir une délicate pénombre, aux amoureux du voyage. Longuement, je te regarderai pour imprégner dans ma mémoire toutes les parcelles de ta peau. Nous tomberons tous les deux sur le matelas qui épousera nos formes frissonnantes, je me blottirai tout contre toi. Au-dessus de tes habits, je te ferai apprécier bien plus que le goût de mes caresses en nous déshabillant l'un et l'autre sur le grand lit de l'amour. Mais, si mon programme t'intimide, nous ferons comme tu le désires. M’offrir une soirée, c’est déjà beaucoup, je sais. Et pour toi, quelles sont tes inspirations sur notre redécouverte ?

- Mon cœur Jeanne, est une étoile qui tangue. Tantôt elle est animée, tantôt elle est insaisissable. Mais, je crois que si nous arrivons à partager la douceur qui ranime, je pourrai alors envisager une suite plus harmonieuse. Jouir de toi ne peut que me rapprocher de toi. Nous en saurons davantage qu’après de toute façon. Mais, saches que je viens vers toi avec le sourire..."

 

Jouir de moi, ne peut que te rapprocher de moi… Voilà pourquoi tu ne viens pas à moi, tendre voyageur?

.../...

 

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

31 janvier 2014

Une promesse sempiternelle.

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De tout temps, la mer a été le seul lieu bienfaiteur pour accueillir mes plus grandes détresses si le cœur dirige difficilement mes pas. Elle a recueilli mes joies et mes larmes depuis de nombreuses années.
Vu sur la mer, le soleil absent joue à cache-cache derrière les nuages, tout comme toi .
Ce matin sorti d'un rêve proche de ton corps au lever du soleil, j'ai apprécié l'instant d'après devant la fenêtre ouverte, m'assoupir encore un peu sur le rocking chair.
Tu es présent constamment tout près de moi. Tu es dans mon cœur et aussi, dans un cadre en bois taillé à vif dans une branche d’arbre, comme si tu cherchais le soleil pour t'amplifier vers une charmante saison . Une première photo de nos débuts posée avec élégance sur la table de nuit, qui suit tous mes voyages. Tu es beau. Je suis une amoureuse de tes lèvres...

Hier après midi, alors que les princesses décidèrent de ramasser tous les joyaux sur le sable, sans but je suis allée me promener un peu plus loin, comme une envie soudaine de lever l’ancre pour venir à toi. Le temps était légèrement frais, mes yeux se sont déposés sur des couples qui semblaient heureux, blottis l’un contre l’autre. Notre nature s'accorde si bien aux embrassades des amants.
À l'horizon, des passants solitaires avec pour seul compagnon un écouteur dans l'oreille. Des autres passants flânent devant les vagues, comme un joli tableau peint avec à la bouche. Des couleurs et des lumières enchanteresses subliment le décor et reflètent à la tombée du jour, des rêves aux mille et une nuits.
Dans la clameur du vent, ta voix m’appelle. Une réalité ou un souvenir d'antan? Dans mon oreille gauche, le chant de ta promesse garde son espace.

"- Bientôt nous devons nous redécouvrir, Jeanne...

- Oui !

- Et je ne sais ce que cela t’inspire .

- Je pense de même pour toi.

- Le long message reçu de toi m'a ré-informé de tes manques, mais qu'en est-il de ton cœur? Pour mieux te découvrir, d'aujourd'hui à hier, aimeras-tu me parler de tes amours du passé?

-Mon passé amoureux est laborieux et comment puis-je parler à une présence quasiment invisible?

-En m'attendant, pourquoi ne ferais-tu pas une lettre à chacune des personnes que la vie t'a présenté? Les séparations sont une source de détresse, elles peuvent s'identifier à un deuil. En faisant entièrement le deuil de l'amour-attachement d'un passé qui ne me semble pas tout à fait apaisé, tu réussiras beaucoup mieux à recomposer ton corps et tes attentes.

- Demain Émile, je te promets..."

 

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

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16 janvier 2014

Le neuvième ciel.

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Je viens de tourner une page de mon journal intime. Pour me sentir vivante, j'ai besoin de venir me raccorder à toi quelques minutes, en continuant d'espérer ton retour.

Une symphonie gracieuse parvient dans tout mon être, un souffle silencieux me mène à l’intense. J’aime imaginer en caresse tes irruptions fortuites dans mon jardin secret. Face à la couleur indéfinissable de mon paysage préféré, tu sais oser ma flânerie sur la douceur de ta paume, celle qui dévoile une subtile évasion.

Aux couleurs de ton décor, j’aime m'approcher de toi dans un échange hautement charnel. Ivresse intense, accorde-moi une autre danse. Douce muse lascive, mon corps se taille dans le tien dans une sensualité extrême qui excelle notre jouissance.

Nous frémissons, nous chavirons à l'inconditionnel touchant une convoitise passionnée.
Nous émanons, nous découvrons un nouveau ciel, le neuvième ciel. Nos désirs accentuent la chaleur brûlante de notre peau à notre intimité partagée.
Dans une tendre escapade, Envoûtés, abandonnons-nous avec délice en se laissant tous les deux voguer sur le fleuve d'une alchimie voluptueuse.

Tu es ma terre d'exil, un jardin du paradis. J'aime humer ton être en appétit. Ton fluide, ton regard, tout de toi possèdent l'éveil du désir.

Entre murmure et soupir, à jamais je viendrais me blottir au creux de ton épaule réconfortante.

Pour toi, je serais le vent qui ouvrira toutes tes fenêtres.
Chevalier de mes rêves, je dépose sous tes yeux enchanteurs des baisers de braises sans aucune trêve, à la rosée de mes lèvres.

 

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

15 janvier 2014

Mon cher papa.

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Un écrit à la plume de mon cœur, peut-être le dernier, sans savoir si je réussirais à le poster.

Je viens ce soir m'approcher de toi, comme une nécessité de nettoyer mais tripes jusqu'à l'os au sein d'un espoir sociable. J'aimerais aussi atteindre une transformation dans la profondeur de mon être et une meilleure autonomie sentimentale.

Mon regard sur notre relation a longuement était teintée non pas d'une affection chaleureusement paternelle mais, il nous a donné soif tous les deux à un respect inusable en tout temps, malgré nos tempêtes discordantes. Je me souviens d'un jour où la jeune brebis a pris l'initiative de quitter le loup, tout en ne connaissant presque rien de la vie. Elle était bien loin de s'imaginer glisser dans le dédale de l'amour et ses avatars, avec de nombreux chasseurs sur le chemin.
Dans les nombreuses années qui m'ont séparé de toi, j'ai fini par comprendre que notre respect mutuel était une forme d'amour emmitouflé.

Néanmoins avant d'arriver à cette conclusion, ma vision était teintée par d'immenses déceptions et de réprobations à ton égard de mes trois ans à mes seize ans puis, épisodiquement quand tu réapparaissais dans ma vie avec la joie ou la tristesse.

Vers le sens psychique du terme, Karen ma mère ta première épouse, n'étant pas libérée de sa propre enfance ne nous a pas aidés à avoir une relation normale, saine, entre un père et sa fille. Je ne peux aujourd'hui t'en vouloir. Toi et moi nous savons. Ce qui paraît évident pour certain ou selon l'âge de l'instant présent, dans la réalité des faits cela reste parfois plus complexe.

J'ai malheureusement grandi trop rapidement, trop fort, trop durement et pourtant cette force a fait de moi ce que je suis aujourd'hui, en me permettant de tenir tête aux nombreuses tempêtes.
Sous tes élans affectifs, j'étais dans une interrogation régulière se mesurant souvent à tes interdits et à ton autorité non explicative alors que je n'étais qu'une enfant insouciante, en manque de sécurité et de symbiose avec tous les membres de notre famille. Si souvent mes actes maladroits ont été récriminés me jugeant totalement différente, d'une autre planète, par rapport à ton fils unique.

Je me souviens enfant avant de quitter la maison familiale, avoir partagé pendant plusieurs mois une chambre à coucher avec ton fils Didier. Une fenêtre au centre, des lits jumeaux séparés en deux, un lit dans chaque coin de la chambre et puis toi au regard froid, au centre de la porte une matraque à la main, me disant:

"-c'est cela qui te manque Jeanne!"

Je me souviens aussi tous les soirs dans ce lit, mes petits yeux rivés sur le mur avant de m'endormir et adresser à voix basse quelques mots de réconfort à la petite fille en moi:

"-je m'endors ainsi, comme ça si mon père vient me tuer il n'aura que mon dos, il ne touchera pas mon cœur et je ne serais pas morte. Toujours tu vivras en moi, n'ai pas peur je te protégerais."
Ces sentiments énumérés, tiraillés entre l'amour paternel et la crainte répétée d'une petite fille égarée, ont construit le baromètre de notre relation. 
Ton regard plus ou moins valorisant, sur la seule petite fille blonde et frisée qui devait saisir tes jours de satisfaction et de bonheur, ton manque de rire, a hélas empêché de découvrir librement ma féminité pendant plus de vingt ans. Avec mon vécu, mon parcours, là aussi je ne peux t'en vouloir puisque chacune des histoires à ses raisons. 
Sans faire la moindre vague, même pas un clapotis j'ai longuement pleuré en grandissant dans une interminable attente de te transformer en papa, en voulant désespérément que tu quittes ton habit de père représentant une menace sur ma vie.
J'ai écrit de nombreux journaux intimes que tu découvriras avec le temps tout au long de ma vie mais, ma mémoire reste infidèle face à l'époque de ma courte jeunesse où les premiers rêves d'enfant sont magiques, ne me renvoyant que des flashs noirs de quelques secondes. 
À cet instant, je me remémore quelques paroles d'une chanson de Monsieur Jean Gabin; "Pourtant, je sais qu'on ne sait jamais..."
Mon silence fait beaucoup de bruit ce soir. Je ressens ta présence. Soudainement, la porte de la vieille armoire de ma chambre se met à grincer toute seule en s'ouvrant légèrement. Un sursaut incontrôlé me permet d'entendre mon moi intérieur. Discrètement il me murmure que tu n'étais qu'un apprenti sculpteur maladroit et primaire, devant un bloc de pierre extrait d'une carrière inconnue.

Je me rappelle mon devoir d'innocence face à "vos histoires d'adultes".

Dans le reflet de tes yeux, je ne me suis jamais sentie être une personne digne d'être aimée et face à tous ces maux anciens, j'ai reproduit le même schéma auprès de la gent masculine. Mon père ne sait pas m'aimer, qui le pourrait. Je me suis souvent demandé où se trouvait ton amour pour moi ou comment ressentais-tu l'amour de tes parents. Très tôt je me suis interrogée sur la vie. La mienne ne semblait pas légitime, je n'avais pas le choix. À mon avis, l'amour doit parfois jouer à rendre amnésique une partie de soi.

La vie n'offre pas que des papillons de bonheur, je sais...
J'aurais aimé lire en toi les lignes d'un homme battant, positif, confiant, heureux et fière de ma présence dans ta vie, comme mes enfants éprouvent pour moi. Je leur ai offert tout ce que je n'ai pas reçu, je pense avoir réussi en partie ma promesse.

La confiance prend une place importante lorsque les promesses tiennent la route. Au fond de moi je sais que tu as toujours eu confiance en moi, même si jamais tu ne l'as avoué.

J'aurais aimé être ta princesse dans un court-métrage et avoir le meilleur des papas mais là-haut dans les livres célestes, ce n'était pas imprimé. Dans vos livres, vos histoires, j'étais une simple fille que tu as élevée avec une incertitude de m'avoir créé.

Je suis née d'un fruit du destin, une simple conséquence.

Tu n'étais pas seul je sais et sans doute, désirais-tu la paix dans ton mariage.

Ton mariage s'est quand même envolé. Tu as retrouvé ton premier amour de mille neuf cent soixante huit et la fille sans nom te garde toujours une place dans son cœur.
Malgré mes premières valises pleines d'épisodes déséquilibrant je suis devenue une femme courageuse, je viens t'en remercier chaleureusement, papa. Dans ton éternel manque de reconnaissance, j'ai réussi à déchiffrer presque tous les secrets sur un chemin du pardon et d'une joie de vivre.

Un jour peut être, viendra le temps de cultiver de bons souvenirs.

Un jour je reviendrais vers toi, je sais.

Je voudrais effacer de ma mémoire le vide qui porte ton nom.

En attendant ce jour, dans l'entremise de ma lettre je m'approche de toi silencieusement en continuant de faire le deuil d'une personne qui m'a permise de voir le jour.

Ne t'inquiète pas pour moi, il nous restera toujours le temps pour nous offrir une relation amicale et vrai.

Je t'aime papa d'un amour unique, celui que j'ai toujours rêvé de recevoir.

 

 


Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés © 

11 janvier 2014

Le hasard n'a pas de choix.

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Le ciel est criblé d'étoiles ce soir. Je recherche la Grande Ourse, troisième constellation du ciel. Je pense à toi mon tendre, à nos étoiles nocturnes jetées sur le bord de la grève à l'heure où meurt le jour. Je pense à Louis mon grand-père marin parti trop tôt, si peu connu et si présent dans mon cœur trente quatre ans plus tard puis à Larry, mon père.
Je me demande pourquoi cet homme qui m'a abandonné plusieurs fois sur le bord de la route, est toujours présent dans mon esprit.

Hier soir, j'ai sorti la petite boîte bleue à fleur qui contient des bouts de toi soigneusement rangée, en haut de l'armoire de ma chambre.

Je crois en Dieu, à l'amour, aux rêves d'amour, aux miracles mais je ne crois pas aux minutes fortuites. Non, il n'y a pas de hasard dans cette vie, dans ma vie. En désirant me remémorer quelques souvenirs de toi, des journaux intimes sont tombés au sol ainsi qu'une lettre de plusieurs pages pliée en quatre.

J'ai retrouvé des mots griffonnés à l'encre de ma main.

Je suis partagée entre la peur de sortir du noir un souvenir oublié et la hâte d'arriver à une évolution durable et positive de mes états d'âme pour pouvoir m'intéresser réellement à ton cheminement. Je n'ai qu'une envie; déposer ce passage écrit d'une bride de ma vie avant qu'il aille se noyer au fond de mon cœur et revenir plus tard comme une bouteille à la mer.

Reste là, sur ma vie, au ciel, sur la terre, en mer, rien qu'un sourire de toi, un mot, je suis bien. J'écris pour ma génération, ne t'envole pas trop loin là-bas au pays de l'oubli, avec mes mots.

Dans toute une vie se trouve de nombreuses souffrances mais dans cette vie il existe aussi, une grande intensité de beauté.

 

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

21 décembre 2013

La courbe de ton corps.

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Dans une fraîcheur nocturne, l'amour seul n'offrant point l'acte d'amour, transportée par une envie irrésistible de toi, je viens m'inventer une petite mise en scène sur le sel de ton visage, resté en souvenir.
Un jour viendra le temps de nous choyer. En attendant, je m'émerveille sur tes yeux par le biais d'une photo jauni par le temps où ton corps est mis à nu, enracinée dans ma mémoire. Je découvre mon or pur. Ma langue vient dessiner le contour de ton gland en visitant toute ta sensibilité et ta tendresse. Tu es le portrait d'une œuvre fascinante.
Je suis gourmande de cette joie d'amour entre nous. Instantanément brûle en moi le trésor de tes profondes caresses, le goût fondant et sucré de ton sexe. J'ouvre mes jambes prêtes à t'accueillir, mon ventre frissonne à la pensée de nos futurs échanges charnels d'un doux va et vient lent et profond, pénétrant mon intimité.
Autorisons-nous à observer le jour, verse en moi l'ivresse. J'ai besoin de trembler sur ta tige.

 

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

6 décembre 2013

Un, deux, trois, je quitte la forêt.

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Un ami n’est pas une personne spéciale. Un ami est humain comme tout le monde et il peut lui arriver de nous dire des mots qui dépassent ses pensées. La seule différence entre un ami et un amant lointain, l'ami ne nous prend pas pour une habitude avec le temps. L'ami est le seul sourire, le seul événement, qui nous laisse la certitude de ne jamais nous quitter.

Le bonheur permet de s'abandonner à la rêverie. Dans ce sens, j’affectionne le moment venu, toi mon ami-amant lointain où je viens te retrouver, Émile, dans un monde rempli de mystérieuse magie. L’évidence de ta présence s’incruste au plus profond de moi et même si je te connais presque jusqu'au bout des ongles, j’aimerais te demander gentiment de parler à Monsieur silence qui loge dans ton cœur. Si tout simplement tu pouvais lui dire, qu'il fait beaucoup trop de bruit dans mes nuits en solo, j’aurais ainsi un véritable espoir de pouvoir transformer ma main dans la tienne la prochaine nuit venue.
En attendant, une mine de crayon à papier loge dans mon cœur de plus en plus, et de plus en plus fort, le manque de toi revient en boucle. Tu te souviens la toute première fois, quand tu as eu envie de ramasser un "petit ange sans L.", sur le bord d’une route virtuelle. 
Un ange sans aile, tu trouvais cela bien triste. Pas à pas nous avons fait connaissance puis, régulièrement, par des échanges écrits par l'intermédiaire de l'informatique dans les premiers mois. Tu voulais en savoir un peu plus sur ma vie, connaître le destin d'une tribu mono-parentale, tu me parlais brièvement de tes deux princesses, puis de la vie qui te faisait glisser vers l'usure du désir dans l'intimité de ta relation monogame.
Tu es un battant et pouvoir être pleinement responsable en jonglant entre ta vie professionnelle et personnelle est un acte de vie primordiale à tes yeux ce qui te laissait peu de place, me disais tu, pour vivre pleinement ta libido qui s'affaiblissait avec les années.
 La peur du temps qui passe, l'envie d'expérimenter une nouvelle dimension de ta sexualité, la difficulté de gérer ta frustration, peu importe nous nous étions trouvés avec le même appétit, la même imagination sexuelle. 
Nous avons réussi à nous positionner, au bout de longues conversations, sur la même longueur d'onde pour un temps indéfini. 
Toutefois, il aurait peut-être fallu s'exprimer en profondeur sur le sens que nous donnons aux mots de la fidélité, de la confiance et de la disponibilité.
 Aimant faire l'amour avec un seul partenaire et sans réserve, tu es toujours resté pour moi unique. Faire l'amour avec toi, a toujours été à mes yeux une suprême échappatoire. 
Ainsi tu es devenu mon hôte, mon ami, mon amant et contraire aux closes de notre relation, mon amoureux. 
Tu te souviens, tu me répétais souvent: "- Je t'aime bien Jeanne, mais je ne renoncerais à rien de ma vie personnelle!"
Je ne sais pas si le désir de créer des liens intenses avec une personne opposée paraît en totale contradiction avec notre besoin de liberté, mais ainsi nous avons trouvé notre équilibre. 
Pour poursuivre notre liaison affective, ton amour amical me suffisait mon Émile et t'aimer entièrement te suffisait pour apprécier réciproquement nos échanges hautement charnels.
Si je peux affirmer trouver le temps qui s’écoule plus vite en ta présence, je m’en souviens comme si c’était hier. Le temps passe trop vite malgré tout, malgré ces longues années derrière nous et les peu de fois où hélas, j'ai eu la chance de désireusement caresser ton corps.
La vie est espérance et dans mon choix de vie j'aime penser à toutes les attentes de la chaleur de ta peau, à toutes tes attentes sur notre couche paradisiaque et à ton vœu de te rester disponible. Ton besoin bienveillant de m’occuper de toi, en te comblant de toute ma douceur. Tu as toujours apprécié mes mains et mes lèvres pour venir gérer ton corps tendrement.
J'aime tes yeux, ton odorat, ton amitié intense non superficielle, tes mots déposés comme le vent sur la toile qui me fait apercevoir que tu es toujours là. Ton réconfort est devenu ma bouche et mon réconfort est de t’entendre respirer. Même si tu n’es qu’un brin d’amour dans l’immensité, mon plus bel instant reste celui de pouvoir éveiller ton plus tendre appétit.
Je me plais à vivre dans le secret de confidences où tu règnes toujours, à l’abri des regards indiscrets là où les souvenirs se forment à deux et dans ce lieu, j’aime venir occuper pleinement mon temps. 
Je ferme les yeux, un, deux, trois… mon ami est de retour.

 

- L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

6 décembre 2013

La mélancolie est un art.

 

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Peu de personnes réussissent à se complaire dans un état d'âme mélancolique parce qu'il est compliqué d'être heureux de sa tristesse. 
La dernière fois que je me suis retrouvée proche de toi Émile, c'était une soirée comme une autre.
Le temps n'était pas contre nous. On était ensemble, comblés. 
Il y a des instants comme ce moment qui devrait durer pour toujours. 
Loin de tout, tu es devenu le roi de ma plume à présent. 
Malgré ton masque d'homme invisible, quand je devine tes yeux posés sur moi je deviens la plus belle femme sur la terre. Sans même se toucher, je m'attache à toi comme une ancre à son navire. Mon stock de sentiment est sans fond, chaque cellule de mon corps a toujours envie de te chevaucher. 
Ma tête doit être montée à l'envers. 
Tes lèvres humides caressant mon corps emportent les étoiles dans la plus jolie valse des temps. Avec toi dans mes pensées journalières j'apprends qu'un bonheur ne signifie jamais que tous les vœux se réaliseront.
La plus grande force est de croire. Il faut toujours garder en mémoire: l'amour n'est jamais acquis.
Me sentir comblée me rend plus heureuse que de vivre dans le bonheur.

 

- L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

16 février 2014

Le chaos de l'an deux mille.

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Tout est définitivement terminé entre Bobby et moi, au mois de mars de l'an deux mille. J'ai eu le courage d'écouter ses mots, j'étais debout, une âme forte.
Je ne suis plus d'aucune utilité pour lui.
Pour s'envoler en beauté, il n'a plus de limite. Il ne trouve pas meilleure idée de me parler de sa nouvelle conquête, plus câline. Les souvenirs de ses paroles sont imprimées dans un cahier bleu, les conséquences ont marqué ma peau au fer rouge.

"- C'est à cause de toi Jeanne, que je vais chercher le bonheur ailleurs. Elle au moins, je peux la prendre par-derrière! Il n'y a aucun tabou entre elle et moi, au lit. Ce n'est pas comme toi quand je viens voir ma fille, tu me refuses trop souvent. Avec toi, il n'y a aucun piment au lit tu es trop fade."

Exactement, c'était le mardi deux janvier, de vingt deux heures à six heures du matin que Bobby m'a déballé des mots gris, des mots noirs, des mots aussi sombres que lui, remplit de reproches et d'injustice. J'ai respiré son indifférence jusque dans mes veines.
Ainsi, il a fermé la porte derrière lui et il a tourné les pieds, abandonnant sa douce mélodie, notre Justine, pour dix années de silence sans jamais se retourner sur son enfant, ou bien peu.

Il m'est difficile d'exposer des instants heureux à ses côtés, gardé au chaud dans un coin de ma mémoire. Ils ont été si rares. Tous les deux, on s'accrochait à ce que l'on pouvait. J'ai été pendant un temps une parfaite femme au foyer soumise sauf au lit, une maman et une admirable belle-maman. Il a été un homme courageux pour les gens de l'extérieur, naviguant entre les pièges de la vie et la sincérité face à son foyer.
Notre amour rencontrait beaucoup de problèmes de communication. Nous nous laissions porter tous les deux, dans le fleuve d'un quotidien habituel jusqu'à un point de non-retour.
J'étais son coup de foudre, il était mon envol. J'ai appris à l'aimer quelques mois après notre cohabitation, il a appris à me détester quand je lui refusais entièrement mon corps.
Je me souviens de nos fiançailles au restaurant avec quelques membres de la famille, une jolie bague en or emballée dans un immense carton a épaté tout le monde. De son autre appartement et de son désir de garder une poire pour sa soif, en prétextant venir pour rendre visite à sa fille. De nos sorties, pratiquement tous les dimanches, avec ses enfants et les miens, une si belle famille recomposée pour dame espoir cachée au fond de la cave.
Un château en Espagne construit sur une motte de sable...

Mon âme s'est envolée, une semaine plus tard après ses révélations. Je n'ai pas réussi à chasser ses mots cruels de mon esprit. Je dormais de moins en moins. Mes courtes nuits devenaient de plus en plus agitées, le passé revenait à la surface. Son départ a été une goutte d'eau de trop.
Une immense fatigue de la vie n'a pas contribué à m'apporter la force de me battre. Pour une maman seule avec trois enfants à côté de moi, je devais assumer sans lâcher leurs petites mains.
Je n'ai pas eu cette force. Avoir sombré toute seule derrière les portes de l'enfer, je ne suis pas fière de moi.
Un mal-être indéfini m'a poussé vers la destruction de mon corps.
Je ne m'alimentais plus. Dès la maison calme, les enfants au lit, je vivais d'alcool toutes les nuits pour pouvoir m'endormir saoule sans penser. J'avais sur le dos, trente-cinq années pesantes. Je culpabilisais d'être née. Je me détestais d'être une incapable de l'amour. De jour en jour, je n'avais pas d'autres solutions, je devais mourir...

Je ne trouvais plus aucun courage de rester en vie. Les parois du tunnel étaient de plus en plus lisses, je n'entendais plus personne. Dans les affres de l'angoisse, je me suis noyés.
Comment pouvais-je accomplir sans un amour pur ressenti de l'être aimé, un acte sexuel contre nature, qui réveillait terriblement à la surface le viol d'un lourd passé?

Celui qui frappe oublie toujours, mais celui qui reçoit les coups n'oublie jamais.
En fouinant au fond de ces verres d'alcool, dans un espoir minime de survie, j'espérais trouver une réponse à ces échecs à répétition.
De jour comme de nuit, je suis devenue malheureusement une alcoolique. La fin d'un verre m'obligeait à m'en servir un autre pour ne pas craquer. L'alcool ne m'était pas méchant heureusement, les enfants n'ont jamais eu peur de moi.
Dans une immense souffrance, dans les vapeurs de l'alcool, je n'avais plus peur de devenir lâche, comme tous ces adultes. Peu à peu, pendant plusieurs jours je voyageais librement vers le néant. Dans le lit une place de ma petite Sarah régulièrement, je m'y sentais en sécurité. Comme au temps où je me blottissais dans mon lit d'adolescente, pour ne pas recevoir les coups ou les paroles blessantes.

Au bout de quelques semaines, je suis devenue une loque humaine, une femme de poussière clouée au sol à vouloir dormir, dormir pour très longtemps...

.../...

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

1 février 2014

Mettre les bouts, sans se retourner.

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Je suis toujours surprise que des personnes puissent me porter un vif intérêt, à retenir mon prénom naturellement ou penser à moi, à mon bien-être personnel.
Je n'ai jamais eu l'habitude d'exister. Soudainement je comprends toutes mes années de malaise, de chagrin et d'échecs. En faisant un bilan sur les vingt premières années de ma vie, je ne peux que concevoir avoir vécu si peu de bonheur, en étant un mal aimée.  Mon parcours s’est enchaîné successivement sans jamais ne pouvoir me défendre.

En vingt ans de vie, j'ai le sentiment d'avoir manqué cruellement de temps, pour apprécier la beauté de notre terre. Un coucher de soleil au bord de la mer, des rayons de chaleur jouant à cache-cache en plein été dans les feuillages, notre univers est beau si nous prenons le temps de le regarder. Comme un écrit apprécié, notre planète bleue devient poétique, simplement dans notre regard. Les effervescences intimes se logent toujours dans nos yeux pour communiquer notre température.
À vingt ans, je laisse le temps à son temps ancien. Du passé au présent, quitté le tunnel de l'enfer doit être censé me diriger librement vers un paradis terrestre. J'avoue avoir eu un étrange raisonnement.
J'aimerais oublier l'avant...
Je dois oublier pour poursuivre. Mieux, je ne dois pas empiler mon vécu dans un livre unique mais tourner une nouvelle page, un nouveau livre, une nouvelle histoire.
Aujourd'hui, je suis née!
Je porte un dernier regard sur mon corps. Je n’ai même pas pris le temps d'y prêter une attention toute particulière. En prenant conscience par les sens ou par l'esprit, je n'ai pas réalisé combien les années de souffrance pouvaient s'imprégner sur la peau. J'ai longuement porté le costume en pensant être une idiote, une incapable, un être invisible.

Tantôt, le temps n'est pas à la contemplation. Je dois vivre, je ne dois pas perdre de temps et garder toute mon attention sous l'œil avisé de ma première histoire d'amour, sans flancher.
Je suis déjà certaine d'un fait réel. Retranscrire un journal intime sur ce qui fut le début de la découverte amoureuse, en l'an mille neuf cent quatre vingt cinq, ne me permettront pas de donner plus d'énumérations, sur les sentiments amoureux, de mon premier compagnon.
Je possède pourtant pas mal de mots étalés devant moi mais, quand je viens à aborder ce passage de ma vie je peine terriblement dans le suivi de mes écrits.
Sans doute, avec le temps, j'ai compris avoir été une simple amourette, aux yeux de mon premier amour. Ou peut-être bien, je culpabilise encore beaucoup trop sur le suivi de cette relation.

En connaissant la fin de mon histoire, admettre que nous ne partagions pas les mêmes désirs, les mêmes rêves, les mêmes envies, malgré l'écoute de ses paroles délicieuses de jeunesse, sont à mes yeux une constatation difficile à accepter. J'aurais aimé ne pas éprouver de sentiment sur la laideur de ce sourd.
Oui, je me permets de l'écrire pour la première fois.
J'aurais aimé ne jamais connaître cet homme même si, deux magnifiques enfants ont complété notre union chaotique.
Étant une personne entière et loyale, quand il venait me souffler à l'oreille des mots d'amour, j'étais loin de m'imaginer que ses mots n'étaient juste que des mots ressentis sur le moment présent.
Selon une thérapie psychologique suivie quelques années plus tard, mon parcours serait une suite logique. Pour fuir un passé douloureux, nous sommes prêts à faire n'importe quoi, sans réfléchir.  
On oublie parfois, qu'il est possible de quitter un aveugle pour prendre un borgne. 
Les aveugles étaient ma famille. Pour me réconforter, dans un seul sens, je pense que je devais passer dans la vie de ce premier homme, c'était écrit, malgré tout.
J'étais la personne qui pouvait sortir Adrien d'un milieu familial qui l'étouffait. J'étais sa lumière vers le renouveau. La vie l'a décidé ainsi.

Pour des raisons familiales, pendant son absence nous nous écrivions des lettres d'amour, enflammées de jour en jour. Ces courriers ont contribué à faire de moi une épouse totalement soumise.
C'était l'époque où l'on ne se posait pas de questions, comme aujourd'hui.
Une époque, où les portes fermées nous ne savions pas ce qui se passe à l'intérieur. Aucune émission télévisée venait interpeller notre conscience pour se remettre en question. Il fallait vivre et parfois, survivre.
Il était mon premier amour, je l'ai aimé dans ce titre. Il était celui auquel j'avais envie de déposer ma réussite attendue vers un avenir heureux.
Sa communication était infiniment paradoxale, à la fois cajolant et dévalorisante. Cependant, je n'ai jamais songé un jour, être ramassée à la petite cuillère.
Bien plus tard, j’ai compris avoir été seule à vouloir construire un foyer aimant. Je désirais fuir à tout prix la vie amoureuse agitée de ma mère qui partageait son temps libre avec deux hommes en même temps.
Adrien est devenu ma seule porte de sortie.  Dans un sens, pleine d’énergie, je débordais d’amour intérieurement. Un amour qui n’a jamais vu le jour. Évoluer était primordial pour ma survie.
De l’autre sens, l’éducation que m’avait inculpé mes parents, demandait à prendre place. La soumission à l’autorité. Je devais continuer de souffrir en agissant contre mes convictions en me conformant, à ce que l’on attendait de moi.
Pouvoir où ne pas pouvoir apprécier chaque minute qui nous a été donnée, la vie ressemblera toujours à un livre. Il y a le début, le milieu et la fin.
Je tourne une page et sur un regard passif sans faiblir à l’ouverture de ce prochain journal intime, je me dois de continuer à décapsuler les années qui ont fait de moi une handicapée de la vie.

 

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

18 février 2014

Vivre, pour le meilleur.

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Par à-coups, je digère une année qui vient de s'envoler par la fenêtre, vers un ailleurs inconnu.
Un petit regard à la source sur le tableau du présent et me voilà à penser à ton départ, à ton au revoir devant la porte d'entrée. D'une immense joie et d'éclats de rire, nous aurions dû enregistrer nos moments souvenirs de nos instants intimes. L'instant unique où j'aime me poser au milieu de ton corps...

Ce soir, j'aurais visionné notre dernier moment, en boucle, pour me faire grand bien. En échange j'accueille, contre ma ténacité, ton long trajet vers mon approche. Même si ta petite musique du silence vibre à cadence dans mes veines, tu restes en mon cœur. Par télépathie, oserais tu songer te sentir trop concerné dans mes pensées intimes, ce qui t'empêcherait de t'avancer vers moi? Connectés à une communication authentique, j'entends ton silence se transformer en petite chenille colorée au fond de mon grenier, bientôt de petits papillons voleront plus bas pour me chatouiller le ventre.
Te souviens-tu de notre envie de danser sous la pluie? La douche à l'italienne de l'hôtel nous attendait impatiemment mais notre envie d'évasion à se câliner, sur l'immense lit blanc, était plus intense.
Ta présence dans tout mon corps, je voudrais réitérer chaque seconde, en savourant le plus possible, le chemin du plaisir vers l'intimité de l'amour. J'ai très envie de frissonner à tes côtés. J'aime à croire qu'il existe un espoir sur la planète bleue, un passage pour te retrouver près de moi. Un gros stock d'amour coule au bout de mes doigts et attend de s'épancher sur la douceur de ton corps.
Si tu ne te trouves pas les minutes, si ce n'est plus, d'être dans la pièce à me faire ressentir tes vibrations dans le creux de mon oreille, je ne deviendrais plus rien. Faire l'amour avec toi réconforte tous les battements de mes instruments, pour poursuivre mon chemin. Mes mots aussi ne deviendraient plus rien. Ils sont un tout pour éveiller les jouissances de la vie. Pour toi, je serais toujours libre.

J'observe l'horloge du salon, seul le tic-tac est présent et dans une seconde d'éternité je trouve l'amour terriblement triste et en même temps si fantastique.
À part le plaisir de parler de nous deux, une seule promesse, un seul souhait, j'ai ce soir, le moral dans mes chaussettes. C'est un excellent signe du destin, elles sont roses! Dans un temps qui défile à grands pas, je vais positiver en pensant agréablement.
Ce ne sont pas les coups que j'ai reçu qui présentent un poids, mais juste ceux auquel j'ai survécu et ont fait de moi ce que je suis devenue aujourd'hui.
Lili mon amie, est venue me rendre visite ce matin. Ma Lili elle est un peu comme la chanson de Pierre Perret, elle aime la liberté et la fraternité et son enfant qui naîtra un jour, aura la couleur de l'amour. Pour remonter mon moral, ma Lili a dit que j'étais une âme forte qui a réussi à continuer de mener un combat de générosité et d'amour, malgré tout ce que j'ai traversé à la nage. Ses pensées m'aideront à actionner le démarrage de mes révélations prochaines.
Avec le petit nombre de mes amis, avec ma petite famille, avec toi, j'ai l'impression d'être quelqu'un de bien. Même si, à cet instant précis, j'ai l'impression de n'être qu'un amas d'atomes éphémères quand tes lèvres ne viennent plus effleurer les miennes.
J'aimerais tant entendre cheminer ton choix de rassembler tous les morceaux de ma vie traînant ici et là dans la chambre vide puis les jeter par la fenêtre, en me disant tout est terminé, le premier jour de ta vie démarre ici dans notre chambre d'hôtel.
Une de tes phrases me revient en mémoire, "dans la vie il ne faut pas lutter, il faut oser."
Demain, avec force, je vais oser continuer à suivre les empreintes de mes routes du passé, pour un meilleur.

Oui, vivre pour le meilleur.

 

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

23 février 2014

Le temps passe et l'encre coule.

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Je suis devant ma page blanche et le premier bruit entendu, est le long soupir qui vient de se déclencher sur quelques-unes de mes lectures, dans mes prochains journaux intimes.
Je m'imagine ne pas être seule et je continue de croire au grand bonheur, celui qui dur toute la vie. Soudainement, un petit ange vient prendre place sur mon épaule gauche...

Je me demande comment ai-je fait pour en arriver là, comment ai-je pu tant écrire ma vie. j'affectionne la lecture de mes mots vrais, ils témoignent ma fragilité actuelle. Mais aussi, ils viennent parler à mon corps et les souvenirs réussissent à faire surface sans forcer, bien malheureusement.
J'ai en ce moment des douleurs dans le ventre comme un accouchement difficile, oh beau courage apporte-moi la rage de vivre!

Ce matin, il me plaît de partager une petite phrase écrit sur une feuille libre, le quinze janvier mille neuf cent quatre vingt onze.

"Je me demande pourquoi mon radar n'a pas possédé la qualité de capter à quel point tout allés de travers."

La force d'aimer doit être plus puissante que toutes les ondes négatives réunies.
Dans toutes ces lignes, je ne pense pas qu'il soit prétentieux d'affectionner l'idée que les gens comprennent dans mes mots, qu'il est possible de faire des miracles avec un vécu difficile.
En devenant une pauvre fille misérable de l'hiver, aux regards de certaines personnes, sous la main de Dieu je reste lumière, quoi qu'il advienne.
Je ne suis pas une femme parfaite, mais lui seul sait, combien de fois j'ai plus été soumise que j'ai fait souffrir. Ou peut-être, j'ai fait souffrir des personnes un peu plus, contre ma volonté, ou en complément des douleurs passées.
En résumé, je pense que nous sommes tous ainsi. Nous faisons souffrir, parfois contre une grande volonté, parce que nous avons tous au fond de nous un petit sac de trahison. Pour certains humains, ce petit sac est grand ouvert et prend le chemin de l'indifférence, de la manipulation, de l'égoïsme ou de la jalousie. Pour d'autres, ils veillent soigneusement à le refermer pour ne pas reproduire le mal reçu.
Sur ces mots ma douceur, je vais te reposer sur le nuage de nos songes et je vais reprendre ma route vers un passé pas si lointain que cela, à pied cette fois-ci pour prendre le temps de me reposer en chemin.

Ma devise de la vie reste toujours présente; "ou tu avances Jeanne, ou tu te fais enfermer entre quatre planches."
Un souvenir me revient en mémoire, quelques mois avant l'époque où je me suis taillée les veines pour avoir eu un besoin étouffant de me faire souffrir personnellement. J'étais une jeune novice dans la souffrance, je ne connaissais pas entièrement la force de l'être humain qui désire faire le mal.
En ce temps-là, j'étais seule à la maison avec Didier qui venait en vacances pour quelques jours rendre visite à notre mère. J'en avais assez de la vie qui s'ouvrait à moi, ce que j'avais subi était déjà bien trop lourd à porter sur mes petites épaules fragiles. J'ai alors pris des cachets pour en finir avec ma vie, des cachets qui traînaient dans l'armoire à pharmacie de notre mère, sans connaître l'effet, qu'ils auront sur mon corps.
À l'absorption d'un nombre non calculé de médicaments, j'agonisais de douleurs et d'une grande somnolence, dans le lit appelant au secours. Didier s'est approché de moi avec un grand sourire, et il m'a dit:

"-Crève en silence Jeanne, tu ne vois pas que tu me déranges en ce moment!"

Il faut croire que ce n'était pas mon heure de partir.

"Ne fais pas aux autres ce que tu n'aimerais pas que l'on te fasse." Je me demande en quelle année date ma devise répétée dans ma vie régulièrement. Peut-être à mon retour de la clinique psychiatrique, je ne sais plus...

Quoi qu'il en soit, perdre sa vie tout en ayant le cœur qui bat, ou perdre accidentellement la vie d'un être tendrement aimé, il faut toujours aller de l'avant pour ne pas couler sans abolir une seule fois le plaisir, qui reste la seule joie de tout être humain.

Ma joie, est l'amour que nous possédons mes enfants et moi, en tout temps dans le même navire.
Ma douce Sarah est autorisée à exercer sa scolarité à la maison pendant quatre mois, par des enseignants bénévoles dans les matières de mathématique, histoire géographie, anglais et Français. Ses nombreux efforts, malgré l'état dépressif par cet inceste dévoilé, lui permettront d'être acceptée en quatrième.

Adrien a été reconnu coupable au tribunal correctionnel, sur les faits d'agression sexuelle sur sa fille. Il encourt une peine de cinq ans avec sursis ainsi qu'une amende de cinq mille euros qui serviront au suivi médical de Sarah et à ses études. Ses droits de visite et son autorité parentale sur les enfants, sont supprimés.

Pas à pas, nous retrouvons tous une quiétude et une sécurité irréprochable.

Entre-temps, une audience est passée pour Bobby concernant son droit de visite sur Justine, qu'il n'exercera jamais, ainsi que le paiement de la pension alimentaire.

J'ai cessé d'écrire pendant quelques mois sur mes journaux intimes en profitant à fond de mes trois amours.

Pour l'année deux mille un, je retrouve un seul écrit qui me plaît de rassembler ici avec mes mots et bientôt je m'approcherais en douceur , à l'automne deux mille deux...

"Mercredi trois janvier deux mille un.

Mon confident intime,

Voilà plusieurs semaines que je ne suis pas venue vers toi simplement parce que j'ai décuplé mes forces pour m'occuper jour et nuit de mes deux princesses et mon cow-boy, en les soutenant et en leur promettant de chasser le passé vers une vie meilleure.

Ce week-end, Kévin m'a demandé l'autorisation de faire venir à la maison pour deux jours un copain d'école, Charlie. Ils ont l'air de bien s'entendre tous les deux, comme deux frères. Charlie est arrivé avec sa petite sœur, Lillo.  Ces enfants me plaisent beaucoup, je sens que je vais les aimer comme mes propres enfants.
Lillo est un petit peu plus âgée que Justine, à eux deux elles se complètent et Sarah et Justine apprécient aussi beaucoup Charlie, le trouvant le plus beau. Et lorsque Justine décide de faire le phoque à la demande de Charlie, crois- moi tu serais plié de rire si tu pouvais les regarder!

C'est ainsi mon cher journal, avec des milliers de lumières que nous remontons tous les quatre à la surface.

Nous avons eu le plaisir de recevoir aussi les garçons de Bobby pour deux jours. Ils ont été accompagnés par leur maman car ils désirent beaucoup garder des liens avec leur demi-sœur Justine. En parlant de son papa, Cyril me dit:

- Papa, de toute façon il vivra toujours comme il écrit. Il ne met jamais de point sur la lettre" I", il préfère écrire "elle". Papa se laisse mener par sa nouvelle copine, ce n'est pas normal. Paul et moi on préfère toi à elle, cette femme nous fuit toujours quand on rencontre notre père.

Tu ne peux t'imaginer comme cela m'a fait du bien, mon confident. Décidément, j'aurais toujours plus de meilleurs contacts avec les enfants, qu'avec les adultes. Je te laisse pour cette fois mon ami, les enfants m'attendent on va faire une grosse mousse au chocolat!"

Le temps passe, l'encre coule, quelques personnes prennent des rides.
 Je n'ai plus le même rêve en passant ma vie à l'envers.

Dans le fond, mon destin me ressemble bien. Je lève la tête bien haute, je remercie la vie et je vise l'infini.

 

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

10 janvier 2014

Un plus un, égale un.

 

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A présent, le soleil s'incline sur un ciel d'azur. Sans ta présence, un profond silence règne dans mon cœur solitaire. Tout autour de moi le paysage est fade, sans relief, alors que ton regard invisible illumine mon début de soirée. Je me laisse bercer par l'inspiration que tu provoques et je me sens remplis de toi comme par la douce chaleur du radiateur de mes sens. Tu combles l’instant vide qui me tient lieu de cache-nez.

Mon journal intime en main, une petite laine sur les épaules m'apporte un peu de réconfort. La fraîcheur de ce début d'été m’engourdit  mais qu’importe, je laisse ma porte grande ouverte dans l’espoir que tu en franchisses le seuil.
Je gèle et la pensée de t’avoir près de moi rivalise avec la froidure. A l’intérieur de moi, je brûle de désirs et tu n’es pas là.

Lorsque nous emboîtons dans un peau à peau tendre, je suis soumise à une force obscure qui me pousse au dévoilement total, au fantasme de la fusion extrême. Un plus un, égale un. Je ferme les yeux et je me vois encercler ton corps comme la nuit enveloppe la bougie éclairant nos gestes mélodieux.
Laisse-moi t'installer confortablement au bout de ma plume. Laisse-toi aimer, caresser et attendrir. Ne nous lassons pas de nos bras chargé d’émotion.

Un seul motif me pousse à continuer d'entreprendre ce long voyage vers l'intimité: pouvoir reluquer droit dans les yeux le soleil de la vie d'un amour sans limite. Un amour qui durera tant que le soleil illuminera la terre.

 

 

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

5 décembre 2013

Prélude.

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"Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfait et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière; et on se dit : "J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelque fois, mais j'ai aimé. C'est moi qui est vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui..."

Alfred de Musset,
On ne badine pas avec l'amour,
acte II, scène 5.

 

Pendant de longues heures, pendant de longues années, j'ai écrit des journaux intimes avec une affection grandissante de vide. Chaque soir, en décidant de faire le point sur ma journée, sous mes yeux je pouvais discerner rapidement un fait si simple qui m'était fréquemment donné sur mon parcours de vie, celui de savoir aimer.
Aimer à l'infini, d'un amour inconditionnel a fini par s'enraciner dans mon cœur quand le temps a réussi à prendre naissance entre mes mains. Mes mots devenaient une évidence, je n'avais rien de superficiel comme je l'avais pensé depuis de longues années. Écrire a été le seul remède pour panser des maux, douloureusement, avant d'oser les retranscrire le plus convenablement possible dans mes journaux intimes. Pour quelques-unes de mes déclarations, je n'avais aucune idée du message que je voulais faire passer. Avec gaieté, tendresse, tristesse et fermeté de ne rien dramatiser, attachée à mon rêve depuis plus de vingt ans, j'ai poursuivi l'envie d'écrire en tout temps. 
Mon plus grand désir était de réussir à libérer une peur pour pouvoir continuer ma route jusqu'à la mort prochaine, avec un unique sentiment de me retrouver souvent au bord de l'abîme. 
Mon inspiration littéraire apparaissait souvent le soir, lorsque je me retrouvais seule, face à Dieu. Malgré le perpétuel manque d'amour un peu trop répété, déposer mes pensées les plus intimes, me permettait de continuer à vivre si je ne voulais par terminer entre quatre planches d'acajou avant l'heure. Avec le temps, je me devais de réussir à parvenir à une connaissance plus juste de moi-même.
On dit qu'il faut avoir confiance en soi, pour pouvoir faire confiance aux autres. J'ai confiance en l'être que je suis devenue puisque j'ai réussi à faire confiance à presque toutes les personnes qui sont passées sur le chemin de ma vie, je suis une personne complètement ordinaire, sans prétention.
 Je sais qui je suis, je pense connaitre mes limites, mes attentes et mes désirs. Mais j'ai appris aussi qu'il ne faut surtout jamais oublier que d'autres n'ont pas confiance en eux-mêmes. Ainsi, sur notre parcours, la douleur devient moins cruelle. 
Pour mieux comprendre, peut-être faut-il avoir vécu beaucoup d'épreuves à surmonter, d'histoires douloureuses, d'obstacles difficiles à franchir. 
Même si l'amour se vit car les gens heureux n'ont certes rien à dire dit-on, en m'autorisant librement à transcrire l'amour dans chacun de mes actes, en exprimant cet amour dans chacun de mes mots ceci a été pour moi la seule manière, de tenter d'apaiser des insatisfactions dont l'amour est souvent la cause.
N'oublions pas, la liberté ne rime jamais avec la facilité, dans un monde ou bien souvent chacun vit pour soi. La raison, le cœur, le sexe sont des armes qui ne font pas un bon ménage. Parfois, on peut trouver ce trio bien rangé dans le cerveau humain, dans des tiroirs imperméables mais aussi hélas, la raison, le cœur et le sexe se lieront ensemble avec une facilité de maniabilité pour des manipulateurs nés. L'homme prend parfois un malin plaisir de se retrouver prisonnier de son moi profond et atteindre ses objectifs les plus intimes.
Avec tous les outils que j'ai rencontré sur ma route, bien souvent aux labeurs de mes mains, toute ma moisson de lettres d'aimés, de poèmes, de cris du cœur, de plaintes et d'amertumes est avant tout un hymne à l'amour de toute une vie passée ou l'amour lui seul, sait nous mettre tous, sur un pied d'égalité. 
Que nous soyons un grand scientifique, un simple ouvrier ou une personnalité très connue à la maison blanche, nous devenons tous une personne simple lorsque nous recevons en plein cœur la flèche de maître cupidon par ses paroles d'étoiles magiques.
Mes plus beaux écrits sont pour moi mes lettres d'amour, là où j'ai touché le sublime, en laissant se déployer toutes les vibrations de ma petite musique intérieure quand son âme était mon hôte, quand je n'attendais plus de réponse. 
Mais nous savons que les plus belles lettres d'amour peuvent être aussi une carte postale arrivée dans notre boîte aux lettres par surprise, d'un ami proche qui se prélasse sur une île paradisiaque, sans nous. Ou alors, un petit bout de papier déposé dans le plateau du déjeuner au lit, un manuscrit de trois cents pages en hommage à un être cher, une bouteille à la mer échouée sur la rive, un message sur le net, un texte écrit maladroitement par un grand timide, une belle lettre d'amour qui dort dans l'archive d'un souvenir jamais oublié...

Il y a tant de façon de pouvoir aimer aujourd'hui.  Personnellement, le mérite d'un écrit  d'amour, reste la force d'un élan vers l'autre laissant exprimer par des mots simples, une puissante élégance d'exister à travers l'autre. Le bonheur étant un état passager et rare, je vous souhaite un bon voyage dans l'intimité de ma planète avec pour seule nourriture, le vinaigre et le miel.

 

- L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

24 février 2014

Correspondances.

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9 février 2003
Mon cher Paul-Antoine, je profite de ton appel téléphonique à ta maman, pour venir écrire quelques lignes. 
Beaucoup de personnes pensent qu'il est inconcevable qu'une femme offre sa nudité à un homme, le premier jour de leur rencontre. Si la sincérité et le respect sont réellement présents, cela est possible je pense. On peut aimer le premier jour, pour toujours. 
Mais tu peux aussi penser, en me donnant à toi, que mon acte soit un manque de ma personnalité. 
Pour tous les deux, notre désir de se retrouver dans l'intimité était brûlant, mais nous avons réussi à nous abstenir pendant sept jours. 
Tu es arrivé à vingt deux heures à la maison, les enfants étaient au lit, tu étais si beau dans ton costume clair et ta chemise jaune.
Cette nuit, nous ferons l'amour à n'en plus finir. Je te chevaucherais bien au-delà de tes plus intimes attentes. Mon cœur ressent ton cœur, ce soir je couronnerais nos plaisirs sur les parois de nos envies.
En attendant l'extase, tu m'as parlé de ta vie un peu plus et moi très peu de la mienne. Les petits papillons dans le ventre, j'aimerais inventer un mot pour t'exprimer ce que je ressens...

10 février 2003
Il est dix heures du matin, je suis pleinement heureuse de la nuit passée à tes côtés.
Cette même nuit, à minuit cinquante huit, nu à mes côtés tu m'as envoyé un message sur mon téléphone portable. "Je pense être amoureux de toi, mais cela il ne faut pas le dire."

Mon Dieu merci de protéger la journée de mes petits anges.

19 février 2003
Le dernier message écrit de toi, sur mon portable était le onze février au matin, avant de te rendre à ton travail.
"Bonjour Jeanne, merci pour cette nuit. Passe une agréable journée avec tes enfants. Bisous. P.A"
Depuis cette date, je n'ai plus de nouvelle de toi.
Tu dois avoir besoin de réfléchir à nous deux, c'est normal. Je suis un peu inquiète pour toi quand même, nous sommes à l'abri de rien s'il t'arrive quelque chose, qui me préviendra?
J'ai un petit peu peur, je ne devrais pas ce n'est qu'un frisson de mon passé qui monte le bout de son nez.
Hier nous avons fêté les soixante et un ans de Karen, Pierre un ami à elle était présent.
Je ne me sentais pas dans mon assiette, j'ai pleuré dans un coin de la cuisine pour être vue de personne. Kévin s'est avancé vers moi sans faire de bruit, il m'a tendu le téléphone.
Au bout du combiné, j'ai entendu ta voix.
Entendre ta voix si douce, un extra délicieux dans une journée morose, un pur bonheur!
Plusieurs minutes après t'avoir raccroché j'ai pleuré, de joie sans doute.

20 février 2003
Ce jour je t'ai envoyé un texto, puis deux, puis trois...

À vingt et une heures et seize minutes tu m'as dit enfin: "Je suis dans mon bain, tous tes mots sont gentils, tout comme toi, j'ai bien envie de te voir aussi mais demain c'est le boulot pas possible désolé petit cœur."
Tu vas venir mon ange, je suis Happy!
J'ai très envie de te retrouver, te prendre en photo, n'avoir rien que pour moi vingt quatre heures sur vingt quatre ta présence. Je vais t'offrir ton cadeau de Saint Valentin, il va te plaire j'en suis certaine. Tu m'as dit repartir demain à neuf heures pour ton travail, je te laisserais me parler je ne poserais pas de questions.
Ensuite, nous ferons l'amour, plus magnifiquement que la première fois avec un amour réciproque, comme tu m'as dit. J'ai si peu ressenti cet amour que nous partageons, crois- moi mon ange...
Demain, je t'enverrai un message préparé sur mon téléphone:
"sais-tu pourquoi je suis une femme heureuse? Parce que le trois février j'ai rencontré un ange qui a gravé son prénom dans mon cœur pour la vie!"

Toi, toute la nuit, jusqu'au matin, j'ai une chance inouïe!

22 février 2003
Aujourd'hui tu vas rendre visite à tes parents et demain, cadeau magnifique d'instants magiques auprès de toi!
Sarah t'a invité à manger, elle désire faire la cuisine pour nous. Tu seras près de moi bientôt. 
Je t'aime tant Paul-Antoine, ne l'oublie pas. Je te sens en moi, et puis tu es si beau! 
"Une seconde pour t'offrir un baiser, une minute pour ma déclaration d'amour, une heure pour une décision, des années pour s'aimer."
Love baby.
Il est vingt heures et quarante cinq minutes, je pense à toi tout le temps. Tu me manques.
Cette après-midi, je me suis reposée après avoir fait un peu de rangement dans les armoires. 
Dans quatorze heures tu seras près de moi. J'ai tellement envie de te voir, de sentir ta présence, de toucher tes lèvres...
Je ne dors toujours pas. Il est vingt trois heures et cinquante neuf minutes, je suis sans nouvelles de toi. 
Je ne suis pas contente de moi, je t'en parlerais un jour, sans doute.
J'abandonne ce soir. 
Pourquoi me faut-il toujours des relations compliquées? 
Je ressens quelque chose mais je n'arrive pas à l'expliquer. 
Peut-être plus tard, oui beaucoup plus tard. 
Dans onze heures tu es dans mes bras, on verra ce que tu me diras. Comment ta journée s'est passée, à coté de tes quatre enfants, d'une précédente union. Je souhaite que tout se passe bien pour toi mon ange.

Dimanche 23 février 2003
Je me suis endormie vers deux heures du matin.
Comment puis-je te dire, au bout de quatre semaines de découvertes amoureuses, Paul-Antoine tes sorties en famille ou avec tes amis je veux bien, mais pense aussi que je suis là s'il te plaît...
Non je ne peux pas te dire cela, je n'ai pas le droit. 
Comment puis-je te faire comprendre mes besoins? 
Je pense être trop entière, je dois me limiter. Dans trois heures tu seras là, je vais vite me faire belle pour toi, pour me donner plus d'assurance et pour te plaire. 
Aujourd'hui je porterais une tenue achetée pour toi le quatorze février, quand tu n'es pas venu... 
À tout à l'heure mon ange, c'est vrai tu portes bien ce surnom!
PS: Y love You.

Vendredi 28 février 2003
Bientôt un mois pour notre histoire d'amour, my love. 
En un mois, on s'est rencontrés trente heures. Le temps passe si vite. 
Ce n'est pas évident de parler de moi-même dans ce book.
Je t'ai rêvé et tu es là, je ne veux pas te perdre. Je me demande quel sera notre avenir. 
J'aimerais vivre une grande histoire d'amour comme je n'ai encore jamais connu auparavant. Je n'ai pas écrit pendant quelques jours, je n'aime plus écrire à la main et lire ce que je ressens ne me tente pas. Cela fait des années que j'écris, et ça change quoi? 
Penses-tu que je soi une femme insatisfaite? 
Ton briquet ne me quitte plus.
C'est bien, j'ai un homme comme tout le monde! À quarante ans, avoir le sentiment de rencontrer le véritable amour, ce n'est pas mal. Je dois cesser de te demander de venir me voir, je ne dois pas t'étouffer. 
Je dois retourner au début de notre histoire, te dire des messages gentils et attendre. 
Intérieurement, je me refuse à la routine de tout le monde. 
Je veux vivre, aimer, sans barrière! 
Il paraît que c'est ainsi dans le début d'une relation, il faut attendre. Se contenter de quelques jours de rencontre dans le mois. 
J'ai peur de sentir ma vie s'échapper. 
De moi vers toi, "l'espoir est une terre lointaine."
Je pense que nous devrions prendre le temps de discuter sérieusement tous les deux, c'est important.
J'aimerais être dans tes bras en ce moment. Mes yeux se posent sur une revue et je lis le titre de l'article à voix basse qui m'emporte bien vite près de toi: 
"seul celui qui vous respecte vous aime. Les autres ne veulent qu'abuser de vous." 
L'idée m'effleure que tu ne m'aimes pas aussi fort que tu me le dises. 
Pour moi, une histoire d'amour c'est magique, comme ces instants passés avec toi. 
Je sais que tu es occupé mais ce n'est pas de ma faute si je m'ennuie de toi tout le temps.
Aimer s'est profité de tous les instants libres qui s'offrent à nous.
Love.

.../...

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

6 février 2014

Pour le meilleur et pour le pire.

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Cher Adrien.

Une dernière marche arrière vers toi. Une manœuvre sans détour avec la force et sans lacune, pour un jour réussir à poser enfin, un regard paisible sur ma vie future.

Le dix juin mille neuf cent quatre vingt cinq, je vais bientôt avoir vingt ans. J'ouvre la page de mon journal intime et mes yeux font une halte sur la première phrase de mon carnet. "Je désire du fond du cœur enterrer mon passé et croire au bonheur de réussir, là où mes modèles ont échoué."

Toi ma porte de sortie, ma liberté vers un monde meilleur, ami de la famille avec deux ans de plus que moi, rapidement nous sommes devenus très proches l'un de l'autre.
Notre premier baiser sur les lèvres a été lors d’une soirée entre amis. Réservée dans l'âme, quand il est question de parler de ma vie, sans me connaître entièrement et sans penser faire mal malgré tout, nos amis en commun ont désiré me faire une petite blague en me faisant boire quelques alcools mélangés. Touchant à l’alcool pour la première fois, je ne me suis pas aperçue du goût différent de mon verre dans le sirop à la violette, fait maison par mes soins.
Recevoir à la maison était toujours un plaisir et une bonne occasion de faire découvrir mes nouvelles créations. Avoir été une servante sous le toit de mon père adoptif puis, bien plus tard sous celui de ma mère, j'ai eu assez de temps pour m'initier à la cuisine et découvrir mes propres talents dans plusieurs domaines culinaires.
En plus, celui-ci était très simple à réaliser et les violettes parfumées dans le jardin me tendaient les bras. J'étais très fière de ma nouvelle préparation.
Tous les deux, nous avions décidé de laisser nos soucis sous le paillasson, devant la porte d'entrée. Je me suis souvent éclatée de rire, toi aussi. Nous étions insouciants et je pense que ces échappatoires présentées me permettaient d'évacuer mes tensions familiales. Alors le mal de tête le lendemain, a été supportable. C’était assez rigolo d’être sur un bateau sans y mettre les pieds.

Te souviens-tu de notre excitation à vouloir prendre l’air au parc, en plein milieu de la nuit est de faire une partie de cache-cache? Nous nous sommes si bien cachés tous les deux dans les feuillages, le temps d'être retrouvés par les autres, cela nous a permis de nous étreindre tendrement. Tu étais d'une grande douceur, attentif et charmeur. Ce premier soir, j'ai découvert une douce drogue sur tes lèvres délicieuses sans violence. C'était un plaisir agréable.
Notre corps à tous les deux était vierge, ce qui parfois nous rendait maladroits et innocents sur les préliminaires d'un couple amoureux au début d'une histoire.
Dans ce partage d'intimité nocturne, tu me sentais craintive et hésitante. Ta patience m'a donné une impression d'avoir le cœur qui flotte sur un petit nuage. L'heure avait mis son costume de disponibilité rien que pour nous deux. Mon plus grand souhait déposé dans ton oreille ce soir-là, était de rester vierge en me donnant à toi après le mariage. Tu as mis tout en oeuvre pour me faire penser autrement.

 Trois mois se sont écoulés vers une découverte enrichissante pour l'un et l'autre. Après nos nombreux échanges affectifs et dialogues dans beaucoup de domaines, toi mon premier amour, j'étais certaine que tu deviendrais définitivement mon mari devant la loi. Inconsciemment, il paraît que nous recherchons dans la vie des personnes qui portent les mêmes blessures que nous. Nous nous sommes confié beaucoup de secrets, sauf les plus personnels... Mais peu importe, nous étions jeunes et si l’amour était aussi présent qu'il le paraissait, nous serons tous les deux gagnants, pensions-nous.

Du plus profond de mon cœur, j'ai tellement désiré connaitre le gout du bonheur.

Trois mois d'explorations exceptionnelles pour tous les deux, aucune tension.
Originaire du Nord de la France tout comme moi, tu décides de rentrer à Auby pour régler des affaires familiales. On se téléphone tous les soirs, tu me promets de revenir bien vite vers moi au prix d’abandonner tes parents malades qui s’opposent à notre relation, même à oser me téléphoner pour m’injurier. Sylvie, ma future belle-mère ne m'appréciait pas.

« - Comment oses-tu nous voler notre fils, tu n’es qu’une moins que rien. Il n’y a que le train qui n’est pas passé sur toi ! »

J’ai eu très mal. Comment pouvait-on juger ainsi une personne, sans la connaître ?  Il m'a été facile de lui pardonner quand j'ai compris que ton départ de la maison familiale lui brisait le cœur. Elle avait tant d'amour pour toi.
Tu m’écrivais tous les jours, pour me faire patienter. Nous avons échangé des correspondances pendant six mois. Se lassant de voir son frère, sa moitié, son jumeau malheureux, Jacques décide de t'offrir un voyage vers l’amour.

L’homme de ma vie de retour près de moi, j’étais si heureuse. Je me sentais femme pour la première fois. Tout allait bien entre nous, je voulais un enfant de toi, construire ma propre famille. La mienne sera équilibrée. J’en avais la force à l’intérieur.

Enfant, je me souviens avoir espéré quatre enfants, sans papa. Un papa fait mal à son enfant, un papa est méchant.
Proche de toi, je me suis oubliée.
Nous partageons notre petit nid d’amours, dans le même appartement de ma mère. À cette époque, elle vivait seule. Tu n'as eu aucune opposition à venir habiter avec nous.

J’ai tant espéré construire un foyer pour l’enfant que j’allais mettre au monde, en février mille neuf cent quatre vingt huit. Tu travaillais et l’idée de te soumettre d’acheter quelques meubles est vite tombée à l’eau quand tu me disais souvent :

« - On est bien ici, chez ta mère, Jeanne. Pourquoi s’embêter à payer des factures alors que l’on peut s’acheter des choses bien plus intéressantes. On verra cela plus tard, cesse de t’inquiéter. »

Tu étais heureux dans ton petit confort matériel. Tout en donnant une participation financière tous les mois à ma mère, tu pouvais t’acheter une chaîne musicale de haute fidélité, t’offrir les dernières musiques de groupe de chanteurs préférés et j’étais à ta disposition quand tu avais envie de faire l'amour.

Manque d'espoir, le temps de l'indifférence montre son nez. À peine deux ans à tes côtés, plus rien ne te ressemblait. En prétextant vouloir mon bonheur, les masques sur ton visage m'ont très vite déstabilisé.
Les fins de semaine après le travail, tu m'emmenais en course et sans ma présence tu allais te balader dans les rayons pour draguer les filles.

"Tous les hommes font ça après le travail, on bosse il est normal que l'on décompresse un peu avant de rentrer! Tu n'arriveras pas à me mettre en cage alors cesse d'être jalouse c'est toi que j'aime ma chérie!"

De retour à la maison, au carnaval familial si j'oserais dire, tu enfilais rapidement le masque de la douceur. Chaque soir, tu étais fatigué pour m'aider à débarrasser la table dans la cuisine en prétextant réchauffer ma place au lit. Chaque soir, tu trainais dans le salon pour apercevoir ma mère en chemise de nuit transparente...

Pour écarter tes sauts d'humeur journalière, je m'abstenais fortement de te faire remarquer tes habitudes parfois trop choquantes.

Concernant nos rapports sexuels, je ne réussirais même pas à t'en parler correctement.
Petit à petit, ils sont devenu très rares. Je te fuyais. Je fuyais tes mains, ton corps, tout ce qui me rappelait une maltraitante passée avant de te rencontrer.
Je suis devenue ta "chose", ton meuble chauffant, la réalisation de ton excessif fantasme.
Souviens-toi, je devais me mettre dans la peau d'une poupée, nue, assise à côté de toi sur le lit. De longues minutes, qui pour moi paraissaient des heures, tu jouais avec ta poupée...

Je ne peux retourner sur ce passage de ma vie, seuls toi et moi savons.

Tu m'as promis la liberté pour m'enfermer dans ton monde.
L'unique personne où je pouvais aller chercher secours était ma mère, bien évidemment. Elle savait parfaitement comment tirer mes ficelles et aux yeux de ceux qui nous entouraient, tu étais presque l'homme parfait.

"- C'est ainsi la vie, Jeanne. La femme doit être soumise à son mari et satisfaire tous ses moindres désirs sans avoir à dire son mot. Tu as voulu la liberté, tu assumes maintenant!"

Face à ses mots, ses nombreux regards, face à ta présence, tes masques, je n'étais plus une adulte. De jour en jour, pour votre bon plaisir, de nouveau j'avais l'impression de me comporter comme une petite fille angoissée à chacune de vos paroles.

Le seul acte d’amour certifié, à mes yeux, a été de désirer l’enfant que je portais.

Ma poupée d’amour, ma douce Sarah, a comblé mon cœur de maman dès sa venue au monde, le trois février mille neuf cent quatre vingt huit.

La vie a suivi son cours avec quatre personnes dans le même foyer, sous des aspects différents pour chacune. Un mode de vie qui m'a obligé de continuer à écrire à côté du silence pour me sentir vivante.

Pour toi, l'ouverture d'un de mes journaux intimes.

"Dix-huit septembre mille neuf cent quatre vingt huit.

Mon cher journal, voilà quelques jours que je ne suis pas venue à toi, étant invités au mariage de Didier et Laura son épouse, ce dix juillet. Pour cette occasion, toute la famille de mon demi-frère était présente. De mon côté, mon mari et ma mère paraissaient avoir un côté positif et amusant. Leur humeur m'a permis de souffler un peu pour ce jour de fête.
Je me demande dans quel lac je vais être obligée de plonger demain?
Le pire semble encore présent. Je n'ai plus d'amis, plus de famille, ma mère se transforme en bourreau d'enfants et mon futur mari me fait de plus en plus peur. Je suis sans argent, sans toit, je n'ai plus de maison, plus d'amis et plus de cœur. Je dois subir, je suis née pour subir. Heureusement, seuls l'amour et son immensité pénètrent encore mon corps.  Je me demande d'où me vient cette force intérieure qui me permet de tenir debout.
Ne sois pas inquiet mon cher journal, l'amour vit en moi et m'apportera, le plus longtemps possible, une force décuplée pour les miens.
Ma fille mon enfant, mon plus beau rêve est arrivée dans ma vie. Elle ne sera pas la dernière, si la vie m'en laisse le choix je vivrais à travers eux en leur offrant tout ce que j'ai manqué.
Je me sens bien ce soir à tes côtés, tu es le seul avec qui je peux parler, sans barrières, sans me faire culpabiliser...
Le mois dernier, la vie m'a offert un répit de quelques heures, cela m'a soulagé un peu. Retour à la réalité. Vingt quatre heures de bonheur envolés précipitamment. Une fois le mariage terminé, deux jours plus tard sans un mot, sans un au revoir, l'homme qui m'a reconnu et élevé pendant plusieurs années est rentré chez lui en compagnie de sa mère et de sa nouvelle épouse.
De nouveau, je n’existe plus à leurs yeux. Ma vie se répète inlassablement.
Mes larmes coulent sur mes mots, je me demande si j’ai existé un jour, pour eux…
J’ai été très malade. Selon le médecin, j’ai déclenché ma première crise d’asthme. Il m’a prescrit une série de piqûres pour quinze jours et je dois me reposer le plus possible.
Un repos bien difficile avec les sept mois de ma petite poupée, mon cœur, ma vie, Sarah. Comme je l'aime!
Tu la verrais, elle est si belle avec son sourire malicieux lorsque je viens la chercher dans son petit lit rose. Pour elle, pour mes futurs enfants, je donnerais ma vie..."

Je me demande ce que tu peux ressentir à lire un petit bout de ce journal, Adrien.

Dans les jours qui ont suivi mes mots, tu as décidé de m’échapper dans un éternel refrain du métro, boulot, dodo. Les dialogues n'existaient plus. Notre complicité a pris place à la routine, jusqu’à ce que je décide de t'offrir un autre enfant, l’enfant de la réconciliation.
Ma mère de moins en moins à la maison, batifolait dans les bras d'un seul homme. Tu semblais être redevenu "normal", heureux de notre nouvelle naissance.

Un jour ma mère m'a dit: "bien heureux l'abruti qui décide de faire un enfant pour consolider son couple!" "Si notre fils doit arriver, qu'il en soit ainsi. J'aime à croire que de me classer dans la génération des abrutis bien heureux, me sera profitable. Devenir une "con-jointe" respectable, donner la vie et ma vie pour mettre au monde l'enfant de l'univers est la plus belle réussite, qui puisse m'arriver."

En mai mille neuf cent quatre vingt dix, ma mère et toi travaillaient beaucoup, nous avons décidé tous ensemble de faire venir la nouvelle épouse de Larry à la maison, afin d’être à l'écoute pour notre douce Sarah heureuse de la naissance et surtout, être l'aînée, de son petit frère.

Mon deuxième accouchement a été très difficile.
La veille, à la maison, j’ai eu beaucoup de fatigue. Je suis restée au lit pendant plusieurs heures et, la nuit du deux aux trois juin, prise d’une très forte crampe dans le ventre, je me suis mise à crier et à pleurer de douleurs.
Mon lit était trempé. Cet incident ne t’a pas fait bouger du lit. Je t’ai réveillé en sursaut. Je me suis hissée sur le côté du lit pour que tu puisses regarder ce qui se passe. Tu m’as répondu d’un air banal :

« - Ce n’est rien, tu as dû faire pipi, rendors-toi Jeanne, on verra demain. »

Tu est retourné dans ton sommeil, tranquillement. Prise par une grande fatigue, j’en ai fait de même.
À un moment aussi difficile, je n’ai pas compris ta réaction mais, je n’avais plus aucune force pour penser et réagir. Un laps de temps après, mes hurlements ont fait entrer ta belle-mère et la mienne dans notre chambre à coucher. Mon bébé Kévin, ma deuxième boule d’amour a décidé qu'il était grand temps de montrer ses petits bras costauds et de faire face à la vie qui l'attendait impatiemment. L’ambulance a été rapide pour arriver, nous étions à dix minutes de l’hôpital. De mon lit à la voiture, une civière souple m’a transporté rapidement.

 « -Ne poussez pas Madame ! »

Souviens-toi, la recommandation de l’ambulancier ne m’a servi strictement à rien. Je ne pouvais plus rien contrôler. Trop agité de ressentir l'indifférence de son papa, Kévin a décidé d’arriver comme une lettre à la poste.
Le sourire de mon petit mec, mon petit costaud blondinet m’a fait vite oublier les douleurs d’une épisiotomie de sept points, un gros hématome et une immense fatigue qui sera encore bien temps de retrouver avant de rentrer à la maison.
Tant d’amour versé, tant d’effort pour ne rien changer.
Tu n’as toujours pas assisté à l’accouchement Adrien, trouvant cet acte sale.
De retour à la maison, malgré la joie de nos bambins, tu es devenu avec moi distant, capricieux, égoïste et j'en passe.
Étant maintenant une mère à temps complet, tu semblais avoir la conviction que je ne te serais plus d’utilités.
J’étais si fière de t'avoir donné un fils. Jamais tu ne m’as remercié. Et lorsque je t'en faisais part, tu me répondais brièvement, c’est la vie qui as fait ce choix.
Une seconde routine s’est imposé à nous. Je devenais bien plus qu’un vulgaire meuble chauffant jetait dans un coin quand je ne servais plus. Ce qui arrivait souvent. Nos rapports sexuels étaient très espacés. Comment pouvais-je aller vers toi, alors que tu reflétais tant mon passé ?

Tes journées, étaient inlassablement les mêmes : le réveil sonne, le café prit dans la cuisine à remuer ton sucre pendant plusieurs minutes, le travail. Tu partais la journée et le soir, ton retour à la maison: café, douche, musique, repas, la sortie du chien, la télévision et le sommeil.

Le samedi, aller faire les courses s’ajoutait à ton emploi du temps et parfois, quelques câlins avec tes deux enfants. Ta collection de briquets était aussi très importante pour toi.
Je n’ai eu qu’une solution, subir et encore subir.

À cette époque, j’ai fait la connaissance d’une dame, habitant à quelques maisons au-dessus de chez nous. Elle était gentille, souriante, serviable. Sabine, de son prénom, était veuve et avait cinq enfants à charge. À sympathiser, les enfants venaient quelques fois à la maison sans leur maman. Ayant l’âme d’une sauveteuse, je les accueillais avec plaisir, surtout quand ils se chamaillaient pour des soucis d’adolescence et de rivalité. On en discutait et ils quittaient la maison le cœur joyeux.
Et puis un jour, l’amitié entre Sabine et moi a pris fin quand ses enfants ont semé la zizanie dans notre ménage. Ne pouvant plus te parler comme auparavant, mon seul compagnon de route le plus fidèle restait mon journal.

"Treize septembre mille neuf cent quatre vingt dix.

Mon cher confident, je suis si fatiguée, si tu savais. J’ai mal au cœur depuis plusieurs jours, j’ai des migraines horribles, j’étouffe de ces douleurs intérieures, j’ai l’impression que je ne vais pas tarder à sombrer dans la folie. Je n’ai plus de force…
Je vis un terrible combat."

En novembre mille neuf cent quatre vingt dix, l'une des filles de la voisine, la plus jeune devient amoureuse de toi.
N’ayant plus son papa à ses côtés, Rica s’est liée d’amitié de plus en plus fort avec toi et, de jour en jour, cette amitié a pris place à l’amour. Elle devenait très jalouse de moi. Elle faisait tout pour te rencontrer et te retrouver seul à seule. Elle était féminine au bout des doigts, chemisier transparent, rouge à lèvres très prononcé. Pour une enfant de treize ans, son désir de plaire était frappant.
Pour toi, cette jeune amoureuse a vite retrouvé ses poupées sans explications, quand un jour elle a avoué être amoureuse de toi lors d'un repas de famille. Rica pensait que cet affront était de ma faute. Elle m’en a voulu terriblement, mais la préparation de notre mariage arrivant en janvier prochain, je n’ai pas eu le temps de lui expliquer les choses différemment.
J’aurais aimé, avec cette jeune enfant, avoir un peu de psychologie, lui dire que sa réaction était normale à la vue de son parcours familial. Lui dire, tout simplement, que je ne lui en voulais pas. Je n’ai pu partager ce sentiment de compréhension avec personne. Comme toujours pour ces choses-là, ma place était dans l'ombre.

Pour notre mariage, nous recevons nos familles, beaucoup de stress m’envahissait. J’allais rencontrer face à face pour la première fois, ta famille. Mettre nos rancœurs de côté et regarder devant a été ma devise tous les jours que Dieu fait.
Par ton insistance, les deux filles de la voisine étaient aussi invitées au mariage Agnès et Christine.
Agnès et toi étiez devenus très complices. L’échange de regards timide, des mots et des gestes un peu trop déplacés. Sur ces faits passés, tu avais toujours une réponse dans la poche en m'envoyant avec le plus beau des sourires d’un homme avant son mariage :

« - Tu es trop jalouse Jeanne, fais-moi confiance. »

Un soir aussi, Agnès sur tes genoux, souviens-toi. Elle avait culbuté dans le pied du fauteuil. Fâché de vous avoir surpris tous les deux sur ce fauteuil dans une position osée, tu as quitté la pièce avec une pulsion d’agressivité. En débarrassant la table, tu as jeté le plat dans l’évier...
Décidément, je n’avais aucun mot à dire. Comme une huître, sur moi-même, je me refermais en silence.  Les jours passaient à une vive allure. Je devais poursuivre mon chemin en assumant toutes les charges de la maison et l'éducation des enfants, mon meilleur bonheur.

 Ma mère était de plus en plus absente. Elle roucoulait des jours heureux dans l’appartement de son chéri.
Enfermée à la maison très souvent, je me sentais si seule avec les deux petits. Toi aussi tu semblais te sentir seul. Toutes raisons étaient valables pour me tenir rancune. Au bout de deux semaines tu redevenais tendre, attentif et attentionné envers nous.

« - Tu as raison Jeanne, Agnès vient trop souvent à la maison, tu devrais lui dire. »

Tu étais d'une grande gentillesse, enfin je retrouvais un bout de toi, un bout d'espoir...

« - Ma douce Jeanne, pourquoi ne ferais-tu pas venir Agnès à la maison, pendant la sieste des petits, nous pourrions faire un jeu de société ? »

Ton comportement me surprenait, j’avais envie de comprendre. Sur le moment, j'ai acquiescé à ta demande et nous avons passé un agréable moment. Quelques heures après, j’ai essayé de parler à Agnès de cette situation qui m’attristait intérieurement quand tu as emmené le chien en promenade. Sa version, le sourire aux lèvres, ne me surprenait pas, dans un sens.

« - je te comprends bien Jeanne, mais lorsque je veux partir et vous laisser dans votre intimité, ton mari me dit toujours, reste Agnès, tu ne nous déranges pas. »

Une ambiguïté qui a été trop vite ou trop près du mariage. Trop occupée, je n’avais même plus le temps de réfléchir. Je devais être moins jalouse, j’avais confiance en mon mari, n’est ce pas assez, Adrien . Je n'avais plus le choix de faire machine arrière de toute façon.
J’ai acheté ma bague de fiançailles toute seule. Ma mère pour seule témoin, les enfants, toi et moi avons immortalisé en arrosant ce moment, sur le coin de table de la cuisine, après avoir fini d’y peindre les murs.  Pour moi, pour mon vécu, c’était normal. Pour ma mère et toi, je ne sais pas. Et je ne le sais toujours pas, personne n'en a reparlé ensuite.

Un nouveau tournant de ma vie se déroule, le quinze janvier mille neuf cent quatre vingt onze, à quinze heures à la mairie centrale, place de l’horloge à Avignon.
Je ressentais quelque chose, mais je n’arrivais pas à définir ce sentiment d’inquiétude qui me hantait depuis quelques jours. Avant de nous présenter devant Monsieur le maire, j’ai eu le temps de te glisser quelques mots à l'oreille.

« - Une seule bêtise avec Agnès, je te laisse sur place avec les invités et je rentre seule. »

Que de souvenirs pour nos enfants...

La voiture des mariés a été décorée par ma mère, le chauffeur était le mari de Christine qui devait être aussi ton témoin. Mais, après une difficulté à faire démarrer sa voiture, un petit contre temps l’a empêché de se rendre à la mairie. Larry et Liane ma belle-mère, ont aussi eu un léger contre temps pour être témoin de la mariée. C’est un mariage c’est normal ces petits incidents, m’a-t-on dit.
Heureusement, nous avions décidé de choisir chacun deux témoins. Après les signatures apposées au registre, nous nous dirigeons, mariés, famille et amis, quelques voitures pour une vingtaine de personnes vers le domaine Escalé, là où sans ta présence, j'étais venue louer trois mois à l’avance. Une grande salle joliment décorée de fleur et de guirlandes, un bar privé, une chaîne musicale, une piste de danse, quelques banquettes, une petite pièce bien agencée en retrait loin du bruit pour accueillir nos deux bébés. Une table en U, les mariés au centre, rien ne pouvait manquer dans ce beau domaine.

Au bar privé un très long moment, tu as décidé d’enterrer de nouveau ta vie de garçon. Un peu plus tard, les invités impatients, j'ai décidé seule de les inviter à passer à table. Pour s'amuser, mon demi-frère a eu envie de s’amuser un peu plus, en faisant valser la nourriture présente sur le buffet. Tu es devenu rouge de colère en envoyant un verre dans la pièce, quand tes yeux se sont posés sur ton frère très proche de ta petite protégée, Agnès.

J’ai le cœur qui palpite. Ces émotions me semblent être vécues hier.  Je me demande où je vais puiser ce courage de retourner en arrière, fouiner les moindres détails qui n’ont aucun mal à refaire surface.  Tant de traumatismes, tant de peurs, tant de soumission, pour un meilleur, pour un meilleur Jeanne…

Des éclats de voix assez violents ont fait fuir Didier et sa femme de notre mariage. Je me suis demandé si leur folie était voulue. Pendant les photos, ils n’ont pas désiré être présent avec nous et, je n’ai même pas eu les félicitations, aucun geste fraternel. Enfin, ce n'est qu'un détail parmi tant d'autres.  Ils sont partis et l’ambiance est devenue plus calme. Il me manquait quelqu'un malgré tout. Un homme qui aurait eu la fierté de m’emmener à la mairie.

Pour les tenues des mariés, il n’y a pas eu d’extra. tu désirais te marier mais à une seule condition, être en Jean. Tu trouvais le costume ridicule pour cette occasion. J’aurais aimé porter la robe longue, légèrement colorée mais, il ne fallait pas se rendre ridicule. Par obligation, j’ai opté pour une jupe évasée, à hauteur du genou agrémenté d’un spencer en jean aussi, puis un petit voile blanc sur les cheveux. Un mariage simple pour un couple heureux était suffisant pour la famille, disais-tu.
Danse, cotillons, tout le monde s’amusait, sauf moi. Tu ne te retournais pas sur Agnès, ni sur moi de toute manière. 
Liane et Larry sont arrivés à minuit, enfin. Larry m’a pris dans ses bras et m’a chaudement félicitée. Une chanson de François Feldman est passée, intitulée ‘Valses de Vienne'. 
Larry ou un autre, le prénom n’a eu aucune importance. La première danse à mon mariage, à minuit trente a été en compagnie du papa qui était dans mon cœur. J’étais heureuse.
Nous sommes rentrés à la maison, le lendemain à six heures du matin. Pas de nuit de noces, pas de cadeaux de mon époux. Quelques jours après, ma famille est belle famille sont rentrés à leur maison et Madame routine à repris son abonnement.
De jour en jour Karen devenait très indépendante en prenant très peu les repas avec nous. Peut-être n’a-t-elle pas apprécié, le soir où je lui ai demandé d’avoir la gentillesse d’enfiler une robe de chambre, au lieu de se présenter devant mon mari nu sous sa chemise de nuit transparente. 
Tu m'as souvent remis en mémoire ce souvenir, Adrien.

La maison était sous tension. Ma mère a les nerfs à fleur de peau, elle craque. Une mauvaise parole envers toi, une réflexion déplaisante, à croire que vous attendez cela tous les deux. Un mot, en est venu à un autre, une dispute très méchante a pris place entre vous.  Le lendemain et les jours qui ont suivi, tous les deux vous êtes restés sur vos positions.  Karen attendait un pardon venant de son gendre avant une explication, toi tu as jugé bon de ne pas t’abaisser.  Je ne m’en suis pas mêlée ayant déjà assez à m’occuper des deux enfants afin qu’ils ressentent le moins possible, cette situation familiale difficile à vivre. Ma mère ne supportant plus ce manque de respect, elle a décidé de déménager. Sa décision a été rapide.

Nous vivions chez elle, j’ai trouvé juste qu’elle emporte avec elle tous ses meubles, frigidaire, machine à laver, gazinière compris. Lors de son déménagement, Karen m’a dit :

« - Je n’oublierai jamais ce qui s’est passé. Je ne désire pas recevoir Adrien dans mon nouvel appartement. Tout est terminé Jeanne. »

« - Je comprends maman mais, je dois assumer. Il est mon mari et le père de mes enfants. »

Un peu plus tard, Karen m’a avoué avoir respecté mon choix.

En mars mille neuf cent quatre vingt onze dans son nouvel appartement, elle semblait tranquille et heureuse.
Tu as trouvé un travail Adrien, dans le bâtiment. Tu es devenu plus calme à la maison. Nous avons meublé notre appartement vide avec quelques meubles et bibelots que nous avons trouvés dans le garage de Karen. J'ai lavé le linge à la main, j'ai préparé le repas pendant quelques semaines, sur un réchaud de camping et une glacière nous servait de frigidaire.
Benoit, l’ami de Karen, est venue s’installer avec elle ne supportant pas la solitude. Ainsi, nous avons pu hériter du petit frigidaire de Benoît et, Karen nous a acheté un petit gaz de camping, plus perfectionné que le précédent.

Dans le début de ce nouveau voyage, tu m’aidais Adrien, surtout pour essorer tes jeans ou bleu de travail, à la main. Un mois plus tard, notre situation recommencé à se décliner. Toutes les corvées ménagères étaient pour moi, hormis se rendre à ton travail tu ne faisais plus rien dans ton foyer. Pour nous, tu étais fatigué de ton travail sur les chantiers. Pour Agnès, tu étais en forme et toujours disponible. Ta voix était sèche quand tu parlais à tes enfants et, ta voix était si douce quand tu parlais à Agnès. Elle de son côté, était féminine à souhait pour ne pas dire provocante.

Je retrouve un mot écrit de ma main dans un journal, il n'y a pas de date...

"J’ai mal, cher journal d’avoir à te parler de cela. Je dois continuer, excuses moi si je pose sur le bas côté les détails de cet instant de ma vie. Adrien mon mari, lui qui restait toujours très timide devant les gestes et les mots de l’amour, au tout début de notre rencontre, ne m’appartient plus. Vois-tu, avec le temps, tu finis par comprendre. Les hommes, mon cher confident, n’ont pas toujours le courage devant les raisons du cœur. La plupart des hommes, préfèrent fuir par peur d’avoir à assumer une chose qui semble leur échapper. Vivre le véritable amour à plein poumon. Je dois cesser de croire à mes rêves pour survivre."

Le grand boum arrive Adrien. Excédée de ta bonne humeur en présence de ta seule protégée Agnès et lasse de ta nonchalance envers nous, j'ai osé te poser un ultimatum:

« - Il te faut faire un choix Adrien, Tu choisis entre Agnès et sa famille ou ta femme et tes enfants."

Un lourd silence planait dans la pièce ce soir-là.

« - Ce sont eux Jeanne. Je ne ressens plus rien pour toi. »

Je ne peux à nouveau t’en écrire plus Adrien...
Le ciel est tombé sur ma tête. J'ai tant souffert.

Les jours qui ont suivi ont été affreux. Haine, violence, indifférence, mépris. J’ai ressenti la méchanceté d’un homme de vingt sept ans qui ne pouvait

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accomplir ses envies amoureuses envers une gamine de seize ans!
Tous les deux, vous avez décidé de former un couple unique: les diaboliques.
La situation dans laquelle je vivais, a déclenché une forte dépression. Et pourtant, je devais rester debout pour mes deux moitiés, mes enfants. J’ai perdu dix kilos en un mois. Une nouvelle série de piqûres m’a permis de garder la tête hors de l’eau.
Tu ne cachais plus ta liaison avec Agnès, Adrien. Tu me rejetais violemment, les enfants présents ou non. Tout s’est écroulé comme un château de cartes à jouer, construit sur un tas de sable.
Un soir, en revenant du travail, tu as franchi le seuil de notre maison avec un copain, Patrick. Ce qui arrivait certains soirs, puis pratiquement tous les soirs. Après le repas, vous sortaient tous les deux et quand vous revenaient à la maison, vous regardant par la fenêtre je pouvais vous voir venir d’un chemin et Agnès de l’autre.
J’ai si souvent déposé nos deux bouts de choux dans un foyer calme pour qu'ils ne soient pas témoins des scènes entre nous deux. Bien trop souvent, hélas. Parfois chez ma mère, parfois chez Laura et le plus souvent chez leur marraine, Nathalie. Et moi impuissante, à la maison, je m’enfermais dans la salle de bain pour éviter de croiser le regard méprisant de mon mari. J’épiais tes pas, j’écoutais minutieusement tes moindres mots pour aspirer à un moment de tranquillité seule dans mon chez moi, où mes repères semblaient s’évaporer peu à peu. Je me souviens de quelques mots du début d'une phrase de Patrick :

« - Elle est belle ta femme ! »

Et tu lui as répondu, Adrien:

« - Si elle t’intéresse tu peux la prendre, ainsi tu me rendras plus libre avec ma chérie. »

L'année mille neuf cent quatre vingt onze pendant plus de cinq mois, pour toi je devais accepter la situation sans dire un mot. Je n'avais pas intérêt de me plaindre. Ainsi, cela te permettait de patienter aux dix-huit ans de cette jeune fille, tout en gardant le confort que pouvait apporter ta femme. Tes biens personnels n'étaient juste qu'un lit de deux personnes et une chaîne musicale, le reste m'appartenait.
Pour toi, être à tes yeux une femme extrêmement soumise et battue était tout à fait normale.
Le matin très tôt, je te préparais le repas et, je m'empressais de partir en course pour acheter à manger pour les petits quand ils n’étaient pas à la maison. Et surtout pour éviter le regard des autres, en me rendant au supermarché du coin avec appréhension. J’étais obligée de passer devant la maison de la maman d’Agnès. Là sous leurs fenêtres, à cet instant et de toute façon, à n’importe quel moment de la journée, je me faisais traiter de tous les noms cruels par cette famille. Il me fallait porter ma croix, vivante et les pieds sous terre. Parfois prise de lassitude, je réagissais face à toi sans réfléchir.

« - Détournement de mineur, cela peut aller loin pour toi, Adrien ! »

Avec rapidité, tu as foncé sur moi. Tu m’as attrapé les deux bras et tu m’as jeté avec toute ta force sur un meuble. Je me suis retrouvée à terre, sur un meuble cassé, tétanisée. Je me suis traînée au sol pour attraper le combiné et téléphoner à ma mère, profitant de ton passage dans la chambre à te déshabiller, pour aller te coucher.  Une heure plus tard, la police est arrivée à la maison, sans ma mère. Entre-temps, j’ai nettoyé les dégâts et quand la police m’a dit venir chez moi suite à un appel téléphonique de ma mère, je leur ai répondu que ce n’était qu’une petite dispute entre un couple, que tu ne m’avais fait aucun mal, d'une immense peur que mes mots viennent déclencher un acte beaucoup plus grave. Un des policiers a dû me comprendre, il m’a répondu :

« - Un mot de vous Madame, et votre mari va en prison! »

Il m’a été impossible de lui en dire plus. Faire enfermer le père de mes enfants en prison, je n’avais pas le droit. Le lendemain matin, ma mère est venue me chercher pour passer la journée chez elle.  Le docteur est passé à son domicile, souffrant beaucoup de mon dos. J’avais tout de même une plaie de dix centimètres. Le médecin m’a fait un certificat si je désirais par la suite, déposer une plainte contre mon mari. Le soir, je suis rentrée à la maison.

Tu vois Adrien, en te décortiquant mon journal intime un peu comme une lettre de jugement me dirais tu, je pense avec le recul ne jamais réussir à décrire quelque chose de beau comme un écrivain pourrait exprimer dans un livre. Non pas avec toi, pas avec ce que j'ai vécu à tes côtés. Cela m'est impossible.

 Je me souviens avoir été obligée de me rendre au commissariat du quartier afin de leur exposer ma situation familiale, régulièrement. Quelques jours auparavant en rangeant du linge dans l’armoire, j’ai trouvé sous un de tes maillots, un petit revolver. Les enfants à la maison, j'ai eu très peur pour eux. Notre maison a été sous surveillance pendant quelques jours ainsi que tous tes faits et gestes. Ce qui bien sur, tu n'étais pas pour autant inquiet. Je ne sais comment tu as fait pour faire disparaître cette arme, une semaine plus tard elle n'était plus dans l'armoire. Par moments, dans ta ceinture de pantalon, tu cachais une arme blanche, un couteau assez fin mais long. Parfois, je pouvais le deviner à travers tes habits. Tout a été noté au commissariat dans des mains courantes, mais tant qu'il n’y avait pas de sang ou de plaintes, ils ne pouvaient rien faire, m’ont-ils dit.
Je me répétais inlassablement, la police sait tout, ainsi je suis rassurée. Mais rien ne changeait pour autant malheureusement. C’était toujours les mêmes mots, les mêmes reproches dans ta bouche Adrien et les mêmes plaintes à ma mère, de ma bouche :

« - Adrien est comme un fou il veut me tuer ! Dépêches-toi maman vient me chercher je t’en supplie ne me laisse pas mourir ! »

Je me souviens aussi, être obligée de prévenir la police, lorsque je quittais le domicile conjugal pour plusieurs jours, pour éviter que tu fasses constater un abandon du domicile conjugal pour me mettre tout à dos. Et cette journée ensoleillée souviens-toi Adrien, le bouquet de fleurs sauvage cueilli par Patrick déposé pour moi sur la table du salon. Je me suis dépêchée de mettre les fleurs dans l’eau et j'ai installé le vase bien en évidence sur la table quand vous étiez à la promenade du chien. Une façon a moi de lui dire merci avant de retourner à l'abri dans la salle de bain fermée à double tour. 
Sans oublier ce fameux jour, les enfants présents à la maison, tu as mis la musique très forte sans te soucier si tu allais déranger le voisinage. Une voisine a osé venir frapper à la porte pour te demander gentiment de baisser le son. Tu ne l’as pas écouté. Elle est revenue une trentaine de minutes après, ce qui t'a mis très en colère. Le ton a monté et la voisine a répondu:

« - Au lieu d’aller batifoler avec une gamine vous feriez mieux de vous occuper de votre pauvre femme et de vos enfants ! »

Dans cette période, tu buvais beaucoup trop d’alcool, tu ne réussissais pas à te contrôler quand quelque chose ou quelqu'un venait en travers de ta route. Avec haine, tu as claqué la porte d’un coup de pied et ensuite, tu as tout cassé à l’intérieur de la maison. Bibelots et cadres valsaient dans la pièce, les meubles prenaient tes coups de poing , la vaisselle à l'intérieur était en miettes. Tout ceci, sous les yeux de nos deux enfants en larmes et apeurés dans leur lit… Puis seul, tu es parti de la maison. Je me suis retrouvée en pleine crise de nerfs. Ton copain Patrick, est resté à la maison. Il a fait venir la voisine et tous les deux, ils ont nettoyé la maison avant ton retour, pendant que j’essayais de calmer les enfants pour ensuite, téléphoner à leur marraine Nathalie et les déposer en sécurité à nouveau pour quelques jours.  Le soir, Adrien, tu es rentré à la maison et sur la banquette tu as dormi rapidement. Tu n'as pas touché à ton repas que je t'avais apporté pour fuir ton énervement ou tes coups.  Une heure plus tard tu te réveilles, ton pied te fait terriblement souffrir . Tu appelles une ambulance et tu décides de partir seul à l'hôpital. Ton ami Patrick, était toujours à la maison. Sa présence masculine, attentionné avec moi, m’a vraiment réconforté. J’ai compris bien plus tard qu’il restait présent à la maison régulièrement, pour éviter un drame.  Quand tu es revenu de l'hôpital, en silence, tu as retrouvé ta chambre. Nous faisions chambre à part. Comme il était tard, Patrick a dormi sur la banquette du salon. Pour la première fois depuis bien longtemps, j’ai retrouvé une sécurité dans la chambre des petits, en barricadant tout de même la porte avec une chaise et un petit meuble, comme tous les soirs. Le lendemain à mon réveil, Patrick n’était plus à la maison.

De cette situation traumatisante, mes nerfs ont de nouveau lâché et une nouvelle série de piqûres m’a été prescrite afin de pouvoir rester toujours debout pour les enfants.  Patrick est devenu plus présent à la maison à la vue de tant de disputes et de violences, de la part de celui qui devait jouer le rôle d’un mari aimant envers les siens.
Tu as décidé de faire venir Agnès à la maison quand j’étais absente mais, j’arrivais toujours à le savoir puisqu'elle me laissait un indice par un bracelet sous le lit dans notre chambre à coucher ou, une paire de boucles d’oreilles dans la salle de bain.
Si quelqu'un venait sonner à la porte, Patrick allait ouvrir pour limiter les dégâts, surtout si c'était Agnès. Il m’est arrivé aussi, deux à trois fois par semaine de réveiller les enfants en pleine nuit pour les emmener chez une voisine. Il m’aidait aussi minutieusement, dans cette tâche.
Je sais que sans lui je n’aurais pas survécu à l’acharnement de haine et de mépris que toi mon époux, me faisait vivre. Chaque heure, chaque minute, chaque seconde je vivais dans l’angoisse.
Tu ne te cachais plus Adrien, puisque tout le voisinage était informé de la situation. Tu pouvais sortir librement avec Agnès.
De jour en jour je chutais dans une immense dépression. Je manquais de sommeil, je ne mangeais plus. J’étais dégoûtée, la peur me hantait. Tu étais acharné à fond, pour me faire quitter le domicile, c’était ton seul but sans te soucier où je pourrais me rendre. Quand tu pensais que j’allais partir bientôt, tu devenais plus calme. Me voyant toujours présente, les disputes reprenaient. J’étais à bout de forces, même pour mes petits chéris, malheureusement.
Pardonnez-moi mes amours du mal que j’ai pu vous causer…

Chute de tension, évanouissement, crise de tétanie, début de diabète, asthme, mon corps me criait au secours et je n’avais plus la force de réagir. Patrick, lui seul, m’a aidé à sortir la tête de l'eau. Il était ma bouée de sauvetage pour continuer à m'accrocher à la vie, il me remontait le moral pendant des heures en cherchant les moindres détails pour me soulager dans mes tâches. Il a été mon ange gardien.  Patrick ton ami, lui seul est tombé dans ce trou noir avec moi, pour me faire remonter à la surface.  Je l’ai vu ce trou noir, ma deuxième mort vers l'enfer. Une voie sans issue, un tunnel lugubre, un puits où l’on n’aperçoit jamais le fond. Les parois sont lisses, il n’y a aucune sonnette d’alarme qui nous dit que c’est la fin. Il n’y a plus rien. Ainsi a été cet endroit où Patrick a plongé pour me sauver.

Après avoir désiré et mis au monde mes deux enfants je peux affirmer une deuxième vérité dans cette vie à tes côtés Adrien. Si Dieu ne m’avait pas mis Patrick sur mon chemin, je n’aurais plus été de ce monde.

Seul le Seigneur sait où j’étais.

Et sur cette terre je sais, je sais où j’étais, seule, mais je le sais…

 

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

10 février 2014

Mon compagnon de nuit.

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À force d'encaisser tous les coups, on arrive à vivre avec ses tempêtes. Dans cette vie, oser dire qu'il ne peut pas m'arriver pire que ce que j'ai vécu et de même à me dire, demain j'irais me faire pendre haut et court. Dans mes heures de détresse aux côtés de mon ex-mari, je me souviens avoir supplié Dieu de me faire visiter le cœur par des personnes habitées par l'amour. Aujourd'hui en rédigeant ces lignes, ma prière a été entendue.

Être riche ou pauvre, tant que nous serons tous en vie, nous porterons notre croix, il ne peut en être autrement. Ève l'a désiré ainsi. Cependant, à la croisée des chemins, rencontrer un peu d'amour décuple nos forces pour poursuivre.

En regardant le monde autour de moi, je ne connais pas un seul être sur terre qui n'a jamais souffert.
Soudainement, je me demande si ma théorie à un sens.
Imaginons un homme royalement aisé qui, par un accident domestique sa maison prend feu, et malheureusement vient à perdre ses deux membres. De ce drame, dans la bouche de la société on entendra par exemple, quel grand malheur et aussi, comme quoi l'argent ne fait pas le bonheur...

Malgré tout, avec son capital récolté d'une excellente assurance sur la vie, il pourra tout de même se soigner parfaitement et continuer sa vie de gentilhomme. Cet homme choqué et abattu pourra se payer les meilleurs médecins parce que sa situation financière le lui permet et, continuer à vivre sa vie en fauteuil roulant. Il vivra des jours avec joie et des jours sans. Sa maison sera parfaitement agencée pour lui être agréable et il pourra continuer de faire briller ses yeux vers de nouveaux paysages. Il aura ses instants de faiblesse, ses nuages au-dessus de la tête tout comme un simple ouvrier dans la même situation, enfin presque. Celui-ci perdra peut-être son travail, manquera de soins parce que se soigner correctement a toujours été un luxe. Ses amis lui tourneront le dos, parce que quand tu cherches à te débattre longuement, tu deviens une charge un jour ou l'autre.

Dans cette ressemblance d'histoires vécues, on pourrait se demander qui de ces deux personnages est le plus malheureux.
Personnellement, Il n'y a pas de souffrance plus ou moins forte. Lorsque la souffrance physique ou morale prend place en nos cœurs, elle est unique.

Si on vient me demander pourquoi je ne suis pas gâtée par la vie, je réponds le plus naturellement possible: je suis gâtée, j'ai la chance de savoir aimer, ceci n'a pas de prix et mérite tous les voyages du monde.

Sur mon parcours, j'ai manqué de soins médicamenteux tout le long de ma vie par faute de moyens. Je suis déclarée handicapée psychique parce que la vie m'a fait mal à répétition. Mon handicap ne se voit pas, je le vis. Je n'ai pas d'amis, ou si peu. Les gens travaillent et moi je suis renfermée, sur moi-même. Je ne trouve pas de porte de sortie. D'apparence rien ne se remarque, je ris je pleure je mange je vis. Et par-dessus tout, j'aime.

Mon cœur est cabossé d'un lourd accident de la vie, j'écris sans réfléchir et je me questionne pourquoi la vie m'a apporté ces chemins tortueux, ces haltes, me situant si souvent en face d'un hall de gare où tous les gens semblent courir après une destination. Je dois avoir eu un regard sur la vie complètement faussé dès le début, la vie s'est chargée de me renvoyer la même image.

Je chasse le rêve de ne plus espérer à réussir une vie de couple heureuse. Après tout, aimer n'est pas s'appartenir.
La vie est comparable à un ascenseur vers le bonheur.

J'ai peur de prendre l'ascenseur. Tiens, ça va bien avec moi cette idée. Chaque étage est un passage. Une fois la compréhension d'un épisode de notre vie achevée, nous avons le droit de nous diriger vers un autre étage. Le but est d'essayer chaque étage, pour continuer de comprendre et, devenir meilleur et humble jusqu'au dernier jour.

Je balade sur la terrasse du onzième étage de mon gratte-ciel, je regarde l'horizon au loin et le reflet d'autres visages apparaissent. Loin dans les montagnes, avec le courage il me faut atteindre une compréhension légitime.
Pour une meilleure réussite, je vais redescendre quelques étages en dessous, redescendre pour mieux déchiffrer ma vie. Il manque quelques pièces à mon puzzle.

Au quatrième étage je vais retrouver Adrien, je n'ai peut-être pas refermé la porte à clé derrière moi...

 

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

11 février 2014

L'amour est un long procès.

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Trop confiante, trop aimante, je me sens victime.

Être devenue une femme divorcée a été pour moi, comme si j'avais déchiré l'énoncé d'un problème que je ne suis pas parvenue à résoudre en baissant les bras par obligation, contre ma volonté.
J'ai découvert mon conjoint, différent de l'image que j'avais de lui. J'ai rencontré un agneau et j'ai quitté un loup.
Divorcer est un acte de courage, il faut repartir à zéro malgré un terrible sentiment d'épuisement. Il faut admettre l'échec d'un rêve, auquel on a cru de toutes ses forces.
Je dois absolument ajuster mes désirs à la réalité, aucun être ne peut nous combler totalement.
Le divorce est plus qu'une rupture, plus qu'une simple séparation, plus qu'un déchirement.
Cet état de fait, est un deuil de l'autre et de soi-même. Le deuil d'une vie sans doute trop rêvée qu'il nous faut se résoudre, un jour ou l'autre, à purger d'un trop plein d'illusions.

Le gris de ma vie est derrière moi. La vie est faite de mille couleurs, elle nous permet de reprendre gout pour poursuivre et faire de notre demeure prochaine, un petit paradis.
À cette ancienne époque dans le petit nid d'amours de maman à temps plein, après la naissance de mes deux amours, pour la troisième fois j'ai vécu ma plus belle réussite à l'aube de mes vingt sept ans.
J'ai appris de nouveau talent comme changer la moquette, me servir d'une perceuse pour la décoration murale. J'ai même posé moi-même la tapisserie et bien d'autres découvertes.

Comme ce temps est si loin...
Dans cet instant précis, j'aimerais pouvoir me déconnecter ou plutôt, me télé-porter vers la couleur rose.
Malgré tous mes désirs, je dois poursuivre la route que je me suis fixée, en gardant la foi à n'importe quel prix. Je suis une femme courageuse, j'aime me le souffler à l'oreille.

Mon ancien compagnon a perdu son autorité parentale, pour la violence qu'il a fait vivre à sa famille. Il lui a quand même été accordé deux dimanches dans le mois en droit de visite. Il ne s'est jamais battu contre cette décision juridique. La seule chose qui l'a interpellé a été de s'opposer à la pension alimentaire réclamait pour nos enfants.
En tant que femme battue, je pouvais demander une pension alimentaire pour les dégâts causés sur ma personne. Je n'ai rien désiré de lui, je voulais en finir définitivement.
Jamais il ne manquait un dimanche pour venir chercher les enfants à mon domicile malgré parfois, quelques petits refus de la part de notre fille. Je ne pouvais aller contre, il me fallait agir avec ce que la loi avait décidé, pour éviter d'avoir des ennuis de non-représentation d'enfants.
Je trouvais toujours les mots qu'il faut, pour aider ma petite princesse à donner la main à son papa, sans moi.
J'étais ennuyée de cette situation. Son nouvel appartement ne comportait que deux pièces et une salle de bain avec toilette. Il n'y avait pas de cour ni de terrasse. Parfois, il lui prenait l'envie de sortir quelques heures pour jouer avec les enfants dans une aire de jeux. Par mauvais temps, ils étaient enfermés tous les trois derrière des volets qui cachaient la lumière du jour. Les enfants jouaient pendant des heures à la Nintendo et lui allait faire une longue sieste...
De temps en temps, je trouvais une excuse pour aller leur rendre visite l'après-midi. Les enfants étaient pleinement joyeux de me sentir prés d'eux. Puis, sans comprendre pourquoi, Adrien a fini par refuser ma présence, pendant son droit de visite. Il ne m'a apporté aucune explication.
Dans mon cœur de maman, j'avais un mauvais pressentiment.
Seule, que pouvais je faire à cela...

Un jour, en parlant de l'inquiétude et du refus de ma petite princesse face aux droits de visite de son papa, je me souviens avoir dit à une amie:

- et si mon ex-mari profitait de cette occasion pour s'amuser intimement avec Sarah?

- Ho non Jeanne, ne pense pas à cela, autrement tu ne vivras plus!

Tout en gardant une attention particulière sur mes deux bambins chéris, j'ai chassé bien vite cette idée de ma tête.
Dans les yeux de mes deux petites lumières angéliques, sur un chemin futur j'ai regardé l'avenir.
Et sur mon chemin de vie tout à fait personnel, j'abordais toujours avec crainte la solitude.
De jour comme de nuit, j'essayais d'oublier tous mes mauvais souvenirs. Petit à petit, j'ai même réussi à ôter les chaises qui bloquaient la porte d'entrée de notre nouvelle maisonnette. Pour éviter de faire ressentir mon mal-être à mes enfants, de nouveau je me suis oubliée encore une fois, sans avoir à demander une aide morale à personne pour poursuivre, notre vie.
Je savais le faire. J'étais rodée.
Les enfants, la famille, les quelques amis étaient à mille lieues de se rendre compte que la personne qu'ils avaient en face d'elle, souffrait intérieurement d'une immense solitude.
J'étais facile à vivre. J'arrivais à être superficielle avec ma mère qui restait toujours sarcastique envers nous. Patrick était devenu mon meilleur ami et il était apprécié beaucoup par les enfants. Personne ne se rendait compte de rien. J'avais l'impression que cela m'apportait une puissante force.
Cependant, en craignant le rapprochement des personnes extérieures que je pouvais rencontrer, tout au fond de moi je réalisais à quel point je souffrais d'une solitude chronique.
J'ai vécu avec un étrange sentiment d'être deux personnes dans le même corps. D'un côté, une maman aimante et attentionnée, de l'autre côté une femme que personne ne pouvait aimer. En silence, mon corps me répugnait.
Ce fléau m'est resté dans la peau de longues années...

Mon meilleur bonheur était de voir grandir mes enfants dans le calme retrouvé. Notre maison était mignonne. Nous avions l'impression de vivre tout en haut d'une tour de château fort. À cinq ans, ma petite rose a fait sa première déclaration d'amour à la fenêtre du séjour en criant, "je t'aime" à un petit copain de classe, pour rapidement aller se cacher sous le lit, n'ayant pas remarqué les parents du petit qui l'accompagnait.
Quand nous étions réunis tous les trois, j'étais la maman la plus heureuse sur la terre.
J'ai savouré des instants de bonheur à l'état brut chaque seconde. Parfois j'avoue, avec un peu de peur, quand Kévin est monté en haut de l'escalier qui menait à la mezzanine et m'a crié:

-regarde maman, je vole!

Mon pauvre petit blondinet a fait une chute en dégringolant d'une dizaine de marches se prenant pour Superman!
Heureusement il n'a rien eu de cassé, juste ses deux dents plantées dans sa lèvre inférieure arrivée en bas, et fière de lui pour avoir réussi son envol.
Je me souviens aussi de ma belle Sarah qui voulait présenter son petit oiseau au chat de la maison. Le pauvre petit cœur à deux pattes a fini ses jours dans le ventre du chat, derrière le congélateur.
 J'ai des souvenirs plein la tête des péripéties enfantines de mes deux petits caïds, gardés bien au chaud dans mes journaux intimes et au fond de mon cœur.

Mes deux rayons de soleil me sourient dans un cadre fait main, fabrication de l'école maternelle sur le côté gauche de mon bureau et, mes déboires sont posés un peu éparpillés de partout non loin d'eux.
Le passé refait surface devant mes yeux et j'ai pourtant l'impression de devoir plonger au même rythme, encore et encore. 

En toute simplicité je vais essayer de faire un nouveau pas. C'est si important, pour l'avenir qui s'offre à moi généreusement . Grimper dans cette machine à remonter le temps est un challenge où le seul prix mis en jeu, reste un avenir heureux pour les années qu'il me reste à vivre.

 

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

27 février 2014

Un jour, une femme.

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"Les silences de Dieu ne sont jamais des absences de Dieu."

20.02.2004

Ma vie bascule. L'amour qui semblait évident sur plusieurs lignes auparavant déposées, me montre soudainement une fragilité. 
L'amour n'est pas aveugle. Je savais, les doutes ne sont pas arrivés dans mes rêves par hasard. Je l'ai ressenti, comme une empreinte indélébile sur mon corps. J'ai fui à grande enjambée mon karma mais son souffle me colle à la peau depuis la naissance. 
La souffrance est décidément inéluctable. 
Il ne faut jamais se dire, il ne peut m'arriver plus pire de ce qui m'est arrivée. 
Dans la liberté d'aimer, je dois tolérer la souffrance avec courage, je n'ai pas d'autre choix que de celui d'endurer. 
Hier soir, tu es revenu dans ma vie Paul-Antoine et tu m'as fait l'amour magnifiquement. Comme si nous nous étions pas quittés. Ou alors, l'absence de toi était d'une seule petite journée. Ton amour, ton cœur, tes sentiments coulaient tous au bout de tes doigts pour se transformer en caresses. 
Dans nos âmes et dans nos chairs s'est positionné, le feu d'un désir brûlant qui restera gravé en moi pour longtemps...
Tu es là, dans mes meubles, sous mon toit, devant l'ordinateur avec Kévin. Te regarder me fait grand bien. Je suis perdue et tu as gagné. Tu m'as fait très mal hier à ton ultime retour, après l'échange de nos corps mise à nu. Tu as pris mon cœur, comme un hôtel sans faire une halte à l'accueil pour savoir si tu avais la permission de t'enfuir vers d'autres bras. Tu rentres et sort, à n'importe quelle heure dans ma vie et pourtant, je t'aime encore.
Bientôt tu seras libre. Nous resterons des amis quoi qu'il advienne, m'as-tu dit.
Tu as rompu en moi, tous mes rêves, mes espoirs, la confiance. L'espoir fait vivre et sans espoir, on survit. L'amour a tout emporté, même ce que tu avais de plus beau devant tes yeux. L'amour a emporté mon amour pour le jeter au fond d'un ravin. Crois-tu qu'il y aura un courant d'eau arrivé en bas?

Je ne t'ai jamais menti. Mes mots oraux ou écrits étaient vrai. Mais rien n'a fait, tu m'aimes et tu me rejettes pour une autre. Tu étais dans ce bar, elle a dit que tu avais des beaux yeux et tu as fondu comme neige au soleil. Dans son lit, tu as dormi, dans ce lit tu lui as fait l'amour, là-bas. Tu ne comprends pas ce qu'il t'arrive. Le coup de foudre, penses-tu?
Elle est jeune, colorée, prête à enfanter pour te plaire, tout le portrait de la femme de tes fantasmes. Je me demande soudain pourquoi Cupidon était dans le même avion que toi. L'amour est un sentiment qui nous fera toujours trembler.
Parfois, l'amour devient un être trompeur, il nous abîme le visage puis il prendra la fuite et il ira se mouvoir dans les airs, à vole d'ange, comme un boomerang au minimum de deux pâle. Parfois, il s'approchera de nous en cachette, dans un message sur un téléphone, sans le dire à personne.
Puis, sans réelle explication, il décidera de nous laisser sur le bas côté de la route, avec un sourire lamentable dans le vent, comme le tien, à te demander ce que tu vas faire de ta vie, à présent. 
Monsieur Cupidon, lui est le vent insaisissable, un tourbillon, une tempête de neige dans le Minnesota qui désire tout détruire sur son passage. Et parfois pour finir, Maître Cupidon sera un boomerang qui revient subitement, comme la chose la plus douce et amère que nous avons vécue hier soir...
Comme tu le vois, la souffrance donne des ailes à ma plume. La seule chose qui compte pour maître Cupidon, est de garder sur cette terre des cœurs qui bat très fort en émotions, en nous communiquant une chair de poule, quand nous recevons tous un jour, sa flèche au centre de notre corps et mieux nous déstabiliser. De toute façon je suis déjà déstabilisée, alors un peu plus...
Elle, tu l'aimes autant que je pense avoir besoin de toi, c'est pour cette raison que tu es ici. Combien de temps acceptera tu de voir couler mes larmes?
Je vais refermer les pages de mon journal intime, je vais enfermer ma vie dans le silence, c'est mieux ainsi, encore une fois. Je vais trouver le meilleur pour nous, pour moi. Plus que tout, rien ne m'empêchera de continuer de t'aimer. Un jour, tu viendras me voir en ami et je serais heureuse. Je devrais toujours écouter la petite voie qui est en moi. Pourquoi je n'y arrive jamais?

J'ai couru vite pendant ces derniers mois, je suis fatiguée. Pendant que tu virevoltes entre ton appartement et le mien le médecin est venu à la maison, pendant ton absence. Je lui ai dit, si les enfants n'étaient pas là, je ne serais plus ici. Il m'a répondu, C'est l'amour qui m'a donné mes enfants pour pouvoir me garder sur terre.
Que va-t-il se passer à présent, je suis perdue si seule dans cette jungle. La vie est étrange, j'étais loin de m'imaginer ce qui allait m'arriver lorsque j'ai écrit ce journal intime pour toi. Mon cœur se meurt au combat.

Ce matin, je suis allée à mon rendez-vous d'analyse psychologique. Nous n'avons pas réussi à travailler correctement, la douleur de toi était trop forte. On a parlé de tout, on a parlé de toi. Il m'a dit que j'étais très forte de ne pas avoir touché un seul verre d'alcool...

J'avais tout donné pour toi. J'ai mis de côté toutes mes peurs, je me suis donnée à toi corps et âme. Pour toi, une vraie femme est une femme fidèle et disponible.
Pour moi, une vraie femme est une femme qui sait s'assumer, parmi toutes les épreuves de la vie sans l'aide de personne, une femme fidèle en amour comme en amitié. Une femme courageuse, sans égoïsme ni jalousie excessive. Une femme qui a le respect des autres et de soi-même. Une femme qui donne en partage tout ses biens matériaux ou affectifs sans compter. Une femme qui sait souffrir en silence, qui ne juge pas, qui ne méprise pas, qui sait réfléchir. Une vraie femme est aussi une femme qui sait aimer en exprimant ses désirs avec une totale liberté. Une vraie femme est celle qui ne ment pas et ne supporte pas le mensonge, qui reste soucieuse du bien-être apporté aux siens.

Ma première et plus belle histoire d'amour, ne se terminera pas ainsi. Mon cœur m'a parlé, je suis certaine de te retrouver dans  un jour nouveau. Je reste en t'attendant, pour comprendre, pour témoigner et pour goûter bientôt au bonheur qui me sera destiné. je sais qu'il est proche.

Je suis une femme d'une autre planète.
Sur le mur de ma planète j'ai écrit:
des envies d'aimer: Envie d'un Martien.
Des espérances: Le toucher.
Des puissances: Volonté.
Des plaisirs: Espérer.
Des liens: Croire.
A.I.M.E.R.

 

Prétendre que l'on peut aimer quelqu'un pendant toute une vie, revient à affirmer qu'une chandelle continuera de briller tant que l'on sera vivant.

"Léon Tolstoï."

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Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

27 février 2014

Un amour sur mesure.

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Avril 2004.

J'ai l'impression d'avoir le cœur qui se brise peu à peu. L'amour ne suffit pas parfois. Le temps a toujours eu une façon bien à lui de changer les choses en sa faveur.
Je dois me limiter sur le café et la cigarette. J'ai peur, si tu décides de changer de numéro de téléphone. Je dois aussi me limiter sur mes messages.
 Il y a beaucoup de trains en ce moment. J'habite non loin d'une gare, c'est normal. Je crains ton départ. Je t'aime toujours c'est le principal, seize mois à t'aimer sans jamais te haïr.
Je suis dans mon lit, dans ma prison de femme. Sur les murs de ma chambre de beaux paysages que je ne rencontrerais jamais, deux lettres au temps où tu m'aimais sincèrement, trois photos d'hommes bien musclés à demi nus, des desseins de mes enfants et une carte de Paris.
Je tourne le dos face au mur et mes yeux se posent sur la table de nuit là où tu es assis, dans un cadre noir. Je me demande pourquoi je t'ai placé dans un cadre noir. Dis-moi, quand l'amour vient à passer la porte d'entrée, où va-t-il?
Je n'arrive pas à expliquer le lien qui m'accroche à toi. Mon amour pour toi est sans barrière, comme si notre histoire ne doit pas se terminer de cette manière. Nous deux, c'est une histoire sans fin qui se termine définitivement, dans l'air, dans le ciel, au-dessus de nous mais pas ici, pas sur cette terre, à mes pieds, pas maintenant. 
Le vingt et un mai, je vais reprendre des séances d'hypnoses, Monsieur Triaire dit que c'est important. Beaucoup de souvenirs violents m'échappent en violant mon intimité. Je veux les revivre, les comprendre. 
J'aurais tant voulu trouver en toi un ami. Dans mon cœur il pleut, Paul-Antoine. Quand tu es rentré de ton île, tu m'as parlé un peu plus longuement de cette femme deux jours après et tu m'as dit, cela aurait pu m'arriver aussi. Je ne crois pas du moins, j'en suis certaine. Je dois me jeter à l'eau pour un meilleur, toujours pour un meilleur... 

La seule alternative que j'ai eue pour te garder, a été d'accepter ton nouveau contrat. 
"Si tu veux poursuivre entre nous, on se rencontre seulement pour le sexe Jeanne et quand ses papiers seront faits et elle arrivera en France, notre histoire se terminera."
J'ai accepté, par amour. 
Devenir une belle de nuit était le seul moyen de m'aider à continuer d'avancer et me permettre de voir un peu plus clair de jour en jour. Je l'espérais.
Ainsi, à une vitesse plus ou moins limitée, nous nous sommes rencontrés régulièrement hors de la maison. C'est toi qui garde le choix de la date et de l'heure, de nos retrouvailles sexuelles. 
Le jour de la Saint Fidèle, nous étions ensemble. Un paysage magnifique, des millions d'étoiles, le sable et toi dans mes bras. J'ai pleuré. Tu as pris le temps de m'écouter, de comprendre pourquoi j'acceptais et j'ai respecté ton choix en te promettant de ne pas me montrer ennuyante dans ta vie. Ce soir-là tu as dit, ne pas pouvoir vivre avec moi parce que tu aimais trop ta liberté. Mais, que vas-tu faire avec elle? Et puis non, ce n'est même pas une question, c'est ta vie. Mon rêve était de me marier avec toi et un jour, te donner un enfant...

C'est à croire que la vie doit me réserver un autre chemin. Tout à l'heure Kévin m'a dit; "Maman, si tu avais une belle maison et moins de soucis mais pas d'homme encore pour toi, tu serais plus heureuse?"
Je l'ai pris très fort dans mes bras, je lui ai dit être très heureuse mais que je culpabilisais un peu de ne pas pouvoir faire face à toutes leurs envies d'enfants. Mon petit bout de chou m'a tapoté sur l'épaule et m'a dit: "man, notre plus beau cadeau c'est toi on n'a pas besoin de super papa ou de super cadeau, on veut juste continuer d'avoir ton super amour pour très longtemps! Je t'aime man."
"Oh oui moi aussi je t'aime mon petit mec à moi, je vous aime mes merveilleux bébés!"

Je te souhaite d'être heureux comme je le suis Paul-Antoine, même si le temps de notre amour est loin d'être écoulé. La vie est belle puisqu'elle m'a donné la chance de pouvoir aimer sans condition.
Un jour peut être, tu comprendras. Mon cœur a ses raisons que ta raison ne connaît pas. Nous sommes tous les deux en quête de ce bel oiseau bleu, je pense que tu n'as pas encore atteint le bonheur de l'avoir trouvé. Ce magnifique oiseau si rare, n'a aucun prix.
C'est dommage de ne pas avoir pris le temps de me connaître réellement, mais peu importe, garde toujours en mémoire le seul espoir: la vie est belle est généreuse.

Plusieurs jours se sont passés, nous nous sommes toujours retrouvés comme deux amants happant entre nos lèvres le désir de ne faire qu'un, jusqu'à remettre ton fantôme dans mes murs. 
Ton corps allongé près de moi, ressemble à un coucher de soleil. 
J'ai peur d'oublier, oublier d'écrire combien tu as réussi à combler ma vie, moi le petit arbuste qui a grandi sans racines.
J'ai peur d'avoir mal de la chute libre et pour me sauver, j'aime lire ces quelques lignes que j'ai écrites, sur un petit bout de papier un soir de câlin bleu bonheur après ton départ.

"En affrontant la solitude auprès de toi mon ange, j'ai trouvé mon équilibre et ma liberté. Je peux vivre enfin en paix avec moi-même. Le temps ne réussira pas à abîmer cet amour bénit est exceptionnellement précieux que la vie m'ait donné en cadeau. T'aimer, d'un amour sur mesure mais toujours intacte."

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Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

27 février 2014

Le désir est un instant magique.

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Comment trouver les mots sans te parler de mon cœur, pour ne pas te voir fuir vers l'instant que je redoute. Je n'ai qu'une seule envie, celle de te garder le plus longtemps possible. La nuit dernière, je t'ai regardé dormir pendant plus de deux heures. J'ai couvert ton corps nu pour que tu ne prennes pas froid. Ton visage, tes yeux clos, ta respiration étaient à quelques centimètres de mon âme. Il est doux d'avoir l'impression de posséder l'amour quelques minutes.

Cette nuit à une heure trente-huit minutes, un ange m'a parlé:

"offre-moi les notes de ton jardin secret et je t'offrirai chaque nuit une douce ballade vers les plus beaux paysages des cieux."
"Près de toi, je vole. Tu me transportes sans nuages et sans vent, auprès des rayons du soleil brûlant et chaud. Mon rêve s'illumine de désir pour te plaire. J'aime sentir tes formes se durcirent sous ma peau. Mon univers affectif devient comme un ciel étoilé aussi bleu, aussi pur et éclatant de richesse comme une étoile filante. je deviens une femme épanouie par l'unique plaisir que tu déploies se moquant de tout être terrestre. Prêt à m'enlever comme un célèbre ancêtre, je me blottis contre toi, je frissonne quand tu viens caresser ma peau nue. Tes mains délicieusement rudes, glissent au fond de la fontaine, et remontent avec délice vers les pointes sensibles. Je te sens vibrer par une puissance inconnue. Ta sensualité, Ta sensibilité se déchaînent me laissant l'ultime certitude, avec désir et envie, décoder un seul message. Au creux de mon oreille du passé au futur, jour et nuit me laissant une douce présence, pour toujours m'aimer, le plus silencieusement possible."
"Merci de m'aimer Jeanne, mon trésor, ma lumière. Viens, chevauche-moi et dirigeons-nous tous les deux vers les plus beaux pays du monde!"

Lequel de nous deux est vraiment idiot, Paul-Antoine? Aujourd'hui je suis sans nouvelles de toi mais je sais, ce n'est que ta façon bien à toi de me faire croire que tu ne penses pas à moi... 
À tes côtés, j'ai atteint l'ultime sommet. Sur mon téléphone j'ai enregistré ton nom dans mon répertoire: "Ange du ciel".
En ne changeant absolument rien de toi, demain je t'aimerai encore plus fort qu'aujourd'hui même si mes réactions te seront difficiles à vivre. Tes choix ont mis mon cœur à rude épreuve, mais je tracerai toujours un chemin pour aller plus haut. 
Ne pas savoir qui je suis, quel sera mon rôle dans notre histoire, reste la pire chose qui puisse m'arriver. 
Il faut une défaite pour savourer une victoire, paraît-il. Un jour je sais, je me réveillerais et je réaliserais pour en finir, que le verbe aimer résiste à tous les temps. Dans dix ans j'aimerais un homme, sans être déchirée. 

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Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

 

12 février 2014

Le parfum de la mouette.

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Aujourd'hui doit devenir le premier jour de plénitude, du reste de mes jours.
La vie est rapide, j'ai besoin de la vivre dans le plus haut degré. Mes yeux se lèvent vers le ciel quelques minutes, puis redescendent sur le miroir fixé au mur au-dessus de la coiffeuse. Un long silence me parcourt le corps.
Peut-être si j'étais plus heureuse à l'intérieur, mes cheveux ne tomberaient pas.
Ma tête me fait mal, les migraines recommencent. Je me demande si le mal de vivre s'est déclenché avec des idées farfelues qui traînent dans mon esprit.
Je devrais recommencer le footing, il faut que je le fasse vraiment cette fois-ci. Peut-être aussi, je devrais m'envoler vers un voyage. Des personnes rêvent de partir à Paris comme l'accomplissement d'un voyage romantique, moi j'ai toujours rêvé de partir quelques jours à New York. La hauteur m'apporte le vertige et pourtant, je me verrai bien en haut d'un building, pour pouvoir observer le monde et ressentir d'une infime sensibilité, ce que Dieu peut ressentir si haut dans son univers.
J'ai besoin d'un bouleversement dans ma vie, un changement radical.
Oui, c'est de ça que j'ai besoin et puis, je vais ouvrir un bouquin plus souvent, il faut que je m'améliore dans la langue française. Et pourquoi je n'apprendrais pas l'anglais? Quand j'étais jeune à l'école, je me souviens avoir eu dix-huit sur vingt dans cette matière. En musique aussi j'étais excellente, je devrais apprendre à jouer d'un instrument. Ma mère jouait au piano admirablement.
Si j'arrêtais de tout remettre au lendemain, je serais ravie. Ce serait cool pour les enfants.
Je devrais revoir à bien gérer mon temps, je suis en sécurité à présent.
Je devrais aussi cesser de faire croire à tout le monde que je vais bien. C'est lamentable.
Et si je cessais définitivement de ressentir le besoin de m'excuser d'être en vie, devant ceux qui me blessent, serait un premier pas. Mais aussi, peut-être que ça ne vient pas de moi. Peut-être, c'est à cause de la fabrication de mon grenier qui me sert de cerveau.
Oui, le problème vient de là, j'ai eu une mauvaise cohésion à la naissance. Maintenant il est trop tard, je serai laide jusqu'au bout. Rien ne pourra changer cette idée.
Je délire, il faut que j'aille chercher de l'aide. Je dois aller chez le médecin, le cliché que je reflète me déplaît.
Je n'ai pas le temps, c'est impossible.

Il fut un temps où j'ai éprouvé le besoin de tomber amoureuse. Il y a bien longtemps que je n'ai pas ressenti ce bien-être.
En tout temps, je dois être sure de moi. Est ce que ce n'est pas ce qui attire les hommes?

Un jour à vingt neuf ans, j'ai de nouveau déménagé avec les enfants.
D'un trop-plein de solitude, ma mère a eu envie de s'engager dans la location d'un spacieux appartement, pour y vivre tous ensemble. J'ai été favorable à sa démarche, on a tous besoins d'amour et tout le monde peut changer. Ma mère a toujours été habile dans ses mots et dans ses gestes pour obtenir ce qu'elle souhaite. Auprès d'elle, j'ai compris qui je devais être.

.../...

 

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

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