Terre lointaine.
Comme beaucoup de parent, j'ai souvent été seule à assumer tous les aléas de la vie. Porter le costume de Superwoman en interférant le rôle de papa et de maman, pour un seul être, cela n'est pas de tout repos. Je ne regrette rien. J'ai atteint l'escalade du sommet le plus élevé du monde et si c'était à refaire, je recommencerais sans hésiter.
Je pense avoir accompli de mon mieux cette infortune qui m'a été destinée malgré mon désir de former une famille unie, pour le meilleur et pour le pire, avec deux êtres qui s'aiment et leurs enfants.
Par le biais de ce prochain paragraphe de mon journal intime, je ne vais pas ici énumérer tout ce que nous pouvons vivre en tout temps. La loi de dame nature est là devant nos yeux pour chacun. Ceux qui ont la chance de devenir parent, peuvent comprendre mon expérience.
Un mélange de rire, de joie et parfois de peine. Puis aussi, nourrir et vêtir les enfants les plus convenablement possible, pouvoir leur offrir selon leurs désirs, des petits plaisirs pour apprécier quelques étoiles de plus dans leur sourire malicieux. Comme nous tous, le métier de jongleur s'apprend dans l'instant.
Jour et nuit, d'année en année, avoir été une béquille de l'amour est ma plus belle réussite. J'ai traversé beaucoup de ponts, j'ai affronté beaucoup de précipices, je suis tombée plusieurs fois pour mieux me relever et je suis toujours debout.
À l'école de la souffrance on apprend beaucoup et lorsque je les regarde, je sais, par eux seuls, que je suis vivante.
N'étant pas protégée des intempéries, à l'heure d'aujourd'hui je me questionne toujours sur le vécu, quand une épreuve difficile entre dans ma demeure et bouleverse mon quotidien.
En tournant la tête de l'autre côté de mon épaule, en observant mon parcours, j'aimerai ne plus avoir à ressentir d'angoisses et de troubles anxieux.
De tout temps, une constatation de perdre le contrôle de la vie, des symptômes physiques beaucoup plus prononcés que par le passé, un degrés de détresse sonnant l'alerte rouge, deviennent mes premiers signes de peurs incontrôlables, irrationnelles et excessives.
Je dois bien me rendre à l'évidence, même en écrivant toutes ces lignes, une peur m'envahit du regard visuel des gens si je venais à énumérer tous les dégâts des épreuves de ma vie sur mon corps.
Au plus simple, je vais débuter par le syndrome de stress post-traumatique qui a été découvert lors de mes premières analyses psychologiques auprès d'un professionnel de la santé, en mille neuf cent quatre vingt onze.
Au fond de mon être intérieur, ma petite Jeanne me souffle qu'une excellente construction psychique d'un enfant ne peut franchir les étapes de son développement sans l'aide de ses parents...
Peut-être a-t-elle raison. Je dois garder la faculté de savoir réfléchir convenablement pour ma survie. Je ne veux pas être pointée du doigt, me jugeant folle, de suicidaire ou de déprimer aux yeux de la société ou au sein de ma famille ou du moins, ce qui en reste aujourd'hui.
Comme tous les végétaux de notre planète, être dans un sens en état végétatif ou actif, tout vient de nos racines et des jardiniers qui nous servent de tuteur afin de nous faire grandir normalement, dans l'amour et dans la sagesse.
D'une catégorie inconnue, je suis un arbre robuste.
Un jour ou l'autre, je m'approcherais à la fin du tunnel. J'y crois encore.
Aimer est la clé de toute souffrance, je dois garder cette pensée en mémoire.
Vivre dans une inquiétude permanente, avoir le sentiment d'être pied et main liés dans un bloc de ciment, sera un jour révoqué.
Recherchant un brin de positif dans chaque difficulté rencontrée, en me remettant souvent en question, malgré tout j'ai réussi à tenir la corde pour ne pas glisser au fond de certains puits que j'ai rencontré.
Ce qui me pose un problème, ce n'est pas l'épreuve par elle-même, ni l'effort que je mettrais pour en venir à bout. Les doutes et les incertitudes dans une implication personnelle sont hélas pour moi, fréquemment un blocage difficile à surmonter.
Je ne sais si mon corps est lacéré de plaies ou si ma mémoire est très présente. J'ai pourtant l'impression d'avoir une mémoire défaillante pour mémoriser les détails importants allants de la date de naissance de mes enfants à un rendez-vous marquant de quelques semaines en arrière.
Enfant, pour apprendre une leçon ou une jolie poésie, je rencontrais aussi ce problème de mémoire.
Jeanne a raison, pour mieux comprendre je dois déterrer mes racines...
Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©