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Sentiments authentiques
27 mars 2014

Une lettre en héritage.

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A toi, Sarah.

Si jamais tu ne reviens vers moi avec le cœur sous la main ma fille, ne t'inquiète pas pour mes prochains hivers. Aimer vraiment, intensifie souvent la sensation d'exister. J'accepterais ton absence comme un retard. En attendant, dans les jours que Dieu fait, les heures décolorent le cliché de mon cœur qui s'obstine à aimer sans condition. S'il existe des personnes qui écrivent quelques mots à leur proche famille à la fin de leur vie, en ce qui me concerne je trouve essentiel de venir t'écrire une petite lettre à l'approche de la fin de mon journal intime, écrit en grande partie dans les ailes du manque. 

Demain, personne ne sait comment fleurira notre journée. Dans l'histoire de la vie cependant, je suis censée partir avant toi. Même si quelques mois en arrière tu m'as avoué que ma vie était terminée, j'ose espérer cet instant le plus tard possible.
Le corps plié, il est temps de commencer un nouveau voyage. Une dernière destination en pensant à un peu plus à mon bien-être avant celui de tous les autres. J'aimerais réussir à effacer de ma mémoire ton oubli de m'aimer et de me comprendre un jour, aussi fort que je t'ai aimé. La douleur doit aider à me créer une nouvelle identité.
J'ai toujours eu le désir de faire une lettre à chacun de mes enfants. Une lettre d'amour en héritage. Une toute petite lettre à cœur ouvert à garder bien au chaud, dans un portefeuille ou dans une boîte secrète posée soigneusement sur une étagère, comme une petite boîte rouge où j'ai déposé à l'intérieur le cœur d'une rose séchée, toujours délicatement parfumée malgré les années passées. Soudainement s'approche de moi l'image de ton amie orpheline de mère et l'une de tes promesses de ne jamais m'abandonner.
J'aurais aimé écrire différemment à mon premier enfant. Parler d'un amour maternel dans un autre temps, une autre époque mais rien ne change, tout se transforme.
Depuis maintenant six mois, je me démène tous les jours dans une nouvelle tempête affective. Je supporte et j'accepte un pas à la fois, les signes d'une souffrance cachée le plus possible, au nom de tous les miens. Cela fait maintenant, plusieurs semaines que je ne viens plus écrire dans mon journal intime même si les mots continuent de faire échos en moi ne demandant qu'à se coucher. Je sais d'où vient le nœud. Je sais les temps d'absences et d'indifférences d'un être cher, je sais ces temps d'attentes avec toi la chair de mon sang, qui n'aboutiront pas au but désiré et je sais qu'il est temps de se faire une raison.
Ce n'est pas un hasard si la vie a décidé que tes pas s'avancent enfin vers nous, ce mois de mars, pour m'offrir ta dernière visite à ma demande et emmener tes effets personnels restants. Chaque année, la période du printemps a toujours été une douloureuse révélation dans mon ciel astral.
La lumière du soleil entre midi et quatorze heures, a éclairé un peu plus mes lanternes solaires déposées soigneusement devant la porte d'entrée, si un jour tu revenais. Dans le ciel nuageux de ton retour de quelques minutes, j'ai ressenti une petite brise de chaleur qui a grand mal à percer pour réchauffer mes angoisses, venir m'ôter une culpabilité maternelle qui flotte dans l'air depuis ton départ. Je peux à présent continuer d'écrire une chaîne de maux avec des mots, quelques joies dans mes espérances et l'amour de mes enfants restants.
Dans un demi-tour en arrière, j'ai pardonné dans la vie des choses inexcusables pour m'aider à poursuivre ma route. Pour un avenir meilleur, il me faudrait sans doute, de nouveau pardonner, patienter et comprendre des jugements méchants et irréfléchis même si cela vient de mon enfant, mais je n'y arrive plus. Je ne peux plus, j'ai perdu le courage. Il manque quelque chose à ma vie, il me manque un fil d'amour, une force inexplicable. Dans le puits de la vie que je croyais inépuisable, là où j'ai puisé la force de vivre et de combattre dans mon rôle de maman solo avec une incroyable énergie, c'est le néant. Être parent, ce n'est pas posséder toutes les réponses, c'est faire de mon mieux avec ce que la vie m'a fait don. Tous les aléas de la vie sont des éternels recommencements. Pour toi, peut-être un jour en portant la vie pendant de très longs mois, la fibre maternelle dirigera aussi tes pas et ceux de ton enfant, vers des aventures riches en bouleversements qui finiront toujours à la longue, par te reconnecter à tes propres racines. Mes racines n'ont pas de noms, pas de souvenirs heureux. Je suis une maman fatiguée de donner, épuisée de créer un nouvel emploi du temps sans savoir si un jour, tu cesseras de me mépriser. Pour me sauver, la seule alternative trouvée est de me détacher d'une création désirée. Je ne méritais pas tout cela de toi, non vraiment pas...
Je me souviens de ma fierté dans tes années lycée, lorsque tu as eu la chance de voir défiler une de tes créations très originale sur une jeune mannequin, devant un public choisi. J'aurais été la maman la plus heureuse au monde pour t'accompagner à cette réception privée qui félicité tous tes efforts mais, tu as malheureusement préféré offrir la seule invitation, à ton amour du moment. Dans tes effets personnels, je t'ai rendu un bout de ce passé et seule de retour à la maison, je me suis encore aperçue d'un envol d'une de tes promesses, enfouis au fond du sac de protection. Plus jamais tu ne feras passer un homme qui fait battre ton cœur avant moi, disais tu en larmes pour te faire pardonner. S'il y a bien une chose que j'ai retenue dans la vie est, qu'il ne faut jamais dire, jamais. J'aimerais tant, mon enfant devenu aujourd'hui une jolie femme, que j'ai accompagné quelques années en mettant de côté toutes mes émotions, que tu n'oublies pas d'enlever de ton répertoire un "jamais" qui peut détruire l'union de personnes aimées.
Nous étions une famille unie à cinq, une tribu heureuse dans le même bateau que beaucoup jalousé de loin. Vingt cinq ans à tes côtés à t'aimer avec confiance, sans limite, en m'oubliant mille fois pour te rendre heureuse deux mille fois. T'offrir à toi, ton frère et tes deux sœurs, tout ce que j'ai manquée de ma mère est la plus belle réussite de ma vie. Sur ce plan, je sais que j'ai réussi.
Pour la maman que j'ai été pour toi, le plus difficile dans une famille nombreuse n'est pas d'assumer seule plusieurs enfants, même si j'ai enjambé, avec des larmes et des sourires plusieurs privations personnelles pour t'apporter un bien-être. Le plus difficile a été de faire cohabiter des caractères différents sous un même toit. Avec beaucoup d'amour, je pensais avoir réussi. Le jour de ton violent départ, ton masque est tombé, je me suis trompée.
Tes dernières paroles résonnent encore moi, " il faudra du temps pour effacer le mal que je t'ai fait..."
Mise à part l'amnésie où une autre maladie qui fait perdre la boussole, je ne saurais comprendre les personnes à l'esprit à l'envers, ceux qui retournent leur veste selon la situation rencontrée. Nous sommes tous différents je sais, et certaines femmes ferment les oreilles à double tour si elles ont follement envie de s'ouvrir. Mais tu n'es pas une étrangère, tu disais être si heureuse avec nous, ta famille.
Je me souviens des mots que nous inventions ensemble. Je t'ai aimé mon enfant, à ton premier passage sur mon petit ventre. Et dans tout ce temps écoulé, j'ai réussi à ne jamais te mentir, te trahir ou te manquer de respect. J'ai partagé beaucoup de choses à tes côtés de ta naissance à tes renaissances, je nous espérais comme deux êtres indépendants et compréhensifs. Seule si souvent, pour te rassurer, avec patience j'ai veillé des nuits au pied de ton lit ou au sol sur un tapis, ton petit corps fiévreux. J'ai pris le temps de t'apprendre à avoir confiance, à prendre soin de toi en tout temps, à te faire belle et aussi comment faire pour appréhender les défis de la vie qui s'approche de toi sans crier gare. Loin de nous, souviens-toi aussi de ces nombreux soirs à te raconter deux ou trois fois la même histoire en attendant que tu trouves le sommeil même avec ma fatigue présente. Mes jambes et mes bras étaient ton berceau pour te reposer, mes mains tendues vers toi pour t'apprendre les premiers pas dans la vie. Pour ton joli sourire qui illuminait mon cœur chaque jour, j'ai réinventé un monde meilleur quand notre bateau venait à chavirer, j'ai essuyé tes larmes pour apercevoir de jolies étoiles au fond de tes petites mirettes. Je t'ai aimé plus que ma vie mon enfant, ma première fille. Je ne te comprends plus, je ne te reconnais plus ma beauté. Pourquoi n'as tu pas désiré partager notre amour "jusqu'au ciel et au-delà", jusqu'à la fin?
Six mois en arrière, pour lui, un nouvel amour de vingt six ans de plus que toi, tu as préféré quitter la maison avec une petite valise noire remplie de trahison et d'un mélange de mensonge envers ta tribu. J'ai réagi. Je me suis emportée, je me suis défendue face à l'absence de ton amour, face à l'image crachée de mon passé dans tous les actes de ton partenaire. J'ai épousé tous ces reproches ainsi que ceux de ma mère, par amour pour toi. Dans un état déséquilibré, je me suis battue maladroitement sans doute, pour te remettre sur le chemin de la raison. J'ai payé des ardoises, j'ai relevé ta tribu comme ils m'ont relevé. Dans ma soirée nocturne qui ne se termine pas, je prends conscience que notre amour a réellement fait sa valise emportant dans ton bagage, ma confiance aveugle longuement témoigné.
C'était ainsi, écrit. Comme ma belle petite Angélique, tu devais passer dans ma vie, dans ce chemin. Surtout ne rien regretter.
Pour toi, nous nous retrouverons lors d'une fête, un mariage ou une naissance. Pour moi, le temps présent nous indique notre futur.
Une page se tourne, des gens arrachent les pages du passé pour mieux avancer. Pour certains, ils préfèrent les salir voir, les piétiner. Les miennes, je préfère les relier.
Dernièrement, sans scrupules tu m'as avoué avoir guéri de l'erreur de ton père qui a détruit onze ans de ma vie et quelques unes de tes tendres années, en retenant et en mettant en pratique une seule de mes paroles: "ton père est un enfoiré mais il reste ton père." Étant moi-même une orpheline de père pendant de longues années, il ne pouvait en être autrement. Aux yeux de personnes silencieuses connaissant à peine les désastres d'une vie chamboulée, tout comme un regard sur le parcours de mes vingt cinq ans, tu as préféré choisir un bien piètre compagnon pour enfanter ton futur enfant. C'est ton choix que je respecterais. Ce jour, tu es heureuse prés de lui et tu es comblée d'avoir un père et une grand-mère maternelle à tes côtés, qui t'aiment et ne désireraient que ton bonheur.
D'un long chemin et de nombreuses tempêtes, tu as emporté avec toi une partie de mes rêves et de mes espérances, plus rien ne sera comme avant entre nous. En vingt cinq ans, je suis heureuse de ne jamais t'avoir détruite, mon enfant.

Va ma fille, vis et devient. Je souhaite que la vie te soit une réussite.

 

Extrait de : - L. L. D. S. - Tous droits réservés ©

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Commentaires
L
Bonne remarque jp j'ai tellement hâte de rassembler toutes ces pages entre mes mains! Cependant il me reste encore beaucoup à écrire et puis à réorganiser ma vie... mais pas d'inquiétude, je reste en ligne encore pour longtemps ;)
J
je remarque que votre journal intime se termine <br /> <br /> a chacun et chacune sa route avec ou sans valise .;)<br /> <br /> bon week-end a vous.<br /> <br /> .
L
Effectivement. Et pourtant j'aimerais rompre le maillon de cette chaîne de mal chance mais pratiquement seule contre eux, ce n'est pas évident pour ne pas dire impossible. Le principal est de savoir ce que j'ai donné, ça aide pour continuer d'avancer et la vie fera le reste.. <br /> <br /> Merci infiniment Opaline pour tous vos passages réguliers qui m'ont aidé à revenir, dès que je serais reposée je prendrais le temps de découvrir vos belles lignes, que j'ai manqué :)
M
Décidément, les relations mère-fille sont parfois difficiles :(<br /> <br /> Je suis malgré tout contente de vous retrouver, je commençais à m'inquiéter. Douce soirée à vous. :)
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